FREE WRITING

Pense à moi, papa !!!

0

Lettre à mon père … Et moi dans tout cela ?

Réplique à la saga : 1- je-veux-votre-mari 2- mon-mari-je-le-garde, 3- votre-mari-ou-mon-homme ; 4) lettre-a-ma-maitresse-et-a-mon-epouse

Très cher père,

Depuis le jour que tu as décidé de substituer tes couilles à ton cerveau, en te laissant commander par les tours de reins de ta « perle rare », j’ai senti que le soleil de notre sublime relation père-fille n’allait jamais plus continuer à briller comme avant.

Tu sais papa, je me plaisais à regarder ton regard complice à l’endroit de ma mère. Tu n’avais pas besoin de mille mots pour lui exprimer ton amour. Je me suis même dit un jour que Freud avait tort en ce qui concerne le complexe d’Œdipe. Tu as su aimer ma mère et, en même temps, m’aimer d’un amour qui ne pouvait laisser aucune possibilité à un quelconque désir œdipien. Je me rappelle encore de tous ces soirs, plantée dans le canapé, je refusais de monter dans ma chambre parce que rien n’avait, dans ma vie, autant d’importance que la chaleur des bras et  la tendresse des câlins d’un père qui rentre à la maison après une journée de travail…

J’aimais m’asseoir sur tes jambes pour te raconter en détail ma journée avec mes copines en cours de gymnastique; mais, mon plus grand plaisir venait surtout de l’obligation que tu m’avais faite de toujours te tenir au fait de ce que j’apprenais quotidiennement en classe. Je ne sais pas pourquoi tu as toujours voulu être informé de mes résultats scolaires. Je suppose que le cœur d’un père a ses raisons que la raison elle-même ignore. À lire la fierté que tu n’arrivais pas à cacher en regardant mes notes, je me suis toujours sentie la plus heureuse des filles du monde. À cette époque, j’avais le père le plus attentionné de la planète !

Mais, depuis que tu t’es plongé dans ce que tu appelles cet « océan de passion », la complicité père-fille qui jadis embaumait, comme un parfum rare, l’atmosphère familiale n’est devenue qu’un vulgaire souvenir…

L’autre soir, je suis restée assise au même endroit, sur le même canapé, l’horloge indiquait la même heure, mais hélas ! Tu n’étais pas rentré à ton habituelle heure de retour du travail. Une soi-disant réunion tardive au bureau t’a retenu. Le chagrin a pris siège sur mon visage, maman ne sourit plus.Petit à petit, je me rends compte que l’atmosphère de contentement, de joie, de câlins pour moi et de baisers pour ma mère qui régnait dans la maison est en train de céder la place à la froideur des visages crispés, des reproches partagés et de la négligence mutuelle. Désormais, c’est ton maudit IPhone qui capte toute ton attention.

Cette jeune femme, tu l’appelles une « perle rare ». Quand elle m’a emmené à l’hôpital ce jour-là, tu m’avais dit que c’est une amie, une collègue de travail… À défaut d’être ma copine de classe, je l’ai considérée comme une grande sœur. Tu as 42 ans, elle en a 25, donc dans d’autres circonstances, elle aurait pu être ta fille.Je crois que je ne pardonnerai jamais à celui qui a pu penser et théoriser qu’en amour l’âge et la différence d’âge sont des facteurs négligeables !

Très cher père, je t’écris juste pour te demander si, dans ta folie, tu as pris une seule seconde pour penser à moi. As-tu pensé qu’un jour je ne serai plus cette petite fille de 12 ans, que je serai moi aussi une femme et que j’aurai à être comme ma mère ou comme ta maîtresse ? Lequel de ces deux modèles de femme me conseilles-tu de suivre ? As-tu pensé une seule fois qu’en agissant comme tu le fais, tu risques de dérober l’échafaudage de moralité et de vertu que tu as construit dans ma vie depuis ma naissance ? Dois-je te ranger de la catégorie de ceux qui prêchent une parole mais qui en pratiquent une autre ?

As-tu oublié que tu m’as appris qu’on n’est un homme et/ou une femme respectable que lorsque l’on s’efforce de garder une certaine cohérence entre sa parole et ses actes ?

Tu sais papa, dans cette histoire, il y a visiblement une chose qui t’échappe, la grande victime de ta folie, c’est moi. En t’érigeant sur le piédestal de ton égo surdimensionné, tu écris dans ta dernière lettre qu’ « en essayant de mener cette double vie, tu as oublié celui qui souffrait en silence », à savoir ta petite personne.

Tu as, semble-t-il, déjà envisagé une solution : tu vas te donner un peu de temps, tu vas t’éloigner, tu ne sais même pas pour combien de temps…

Très cher papa, avant de t’y mettre, je veux que tu répondes à cette question : Et moi, dans tout cela ?

Bien à toi papa.

P.S : Ta fille qui souffre !

Annie Thamar Garçon

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *