Ce texte est une réplique à la saga 1-Je veux votre mari, 2-Mon mari je le garde, 3-Votre mari ou mon homme
Douce Maîtresse,
Tu as osé déclarer à ma femme : Je veux votre mari ! Acte effronté, attitude odieuse ! Mais je veux quand même saluer ton courage. Même si je ne suis pas partisan du féminisme, je serai toujours subjugué par les femmes qui savent ce qu’elles veulent. J’encouragerai toujours les femmes qui ont du caractère. Mais dans une franchise brutale, je me dois d’apaiser l’euphorie de ta convoitise.
Tu sais exactement comment plaire à un homme, comment le gâter, l’envouter pour le conduire à ta merci. Je l’ai remarqué en me plongeant doucement dans cet océan de passion. Je suis tout à fait conscient d’être devenu ton ombre, car je suis en ta compagnie même dans mon lit conjugal. Néanmoins, tu es encore trop jeune pour savoir que les folies d’un homme ne traduisent pas nécessairement ses plans d’avenir. S’il est aussi réticent à se laisser incarcérer dans les murs du mariage, c’est parce qu’il ne compte pas en sortir sur un coup de tête. II est vrai que ta sensualité a souvent ébranlé mes cinq sens, mais elle n’a jamais eu raison de mon bon sens.
À la vérité, tu es un dommage collatéral et non un signe de la providence. Tu ne faisais pas partie du plan ; cela ne devait pas se passer ainsi. Si tu as été à la bonne place au bon moment, ça ne fait pas de toi l’actrice principale du film de ma vie. Oh combien je suis reconnaissant pour la frénésie ressentie lors de nos escapades, pour le bien-être que seule ta compagnie a su m’offrir et le support moral dont ta disponibilité m’a fait jouir. Si je te gâte autant, c’est dans un élan de reconnaissance.
Elle n’a pas tout à fait tort mon épouse, mais je vais juste clarifier. Je suis un partisan de la pudeur et de la moralité. Tu m’as offert de l’ivresse, du vertige et de l’émotion, mais je n’en ressens aucune fierté parce qu’à cause de cela j’ai dû tricher. Si je n’assume pas notre relation, si je nie ton existence, comme elle l’a dit, ce n’est pas par manque d’estime pour la perle rare que tu es, mais par une crainte intrinsèque de l’hérésie que tu représentes. Donc, quand sous la douche je me débarrasse de ton parfum, ce n’est pas de gaieté de cœur, car cette senteur me rappelle une vie de rêve que je convoite. Tu es malheureusement la seule qui m’en rapproche depuis trop longtemps déjà.
N’empêche que tu pèses lourdement sur ma conscience, quand je dois prétexter le travail, pour rester avec toi ou inventer une histoire alors que j’étais avec toi.
Je suis assez sensible et avisé pour m’éprendre de la femme exceptionnelle que tu es, mais assez mature pour ne pas divorcer pour une substitution de compagne. Si je les ai causées, alors laisse-moi aujourd’hui même te défaire de tes illusions. Toi et moi, mari et femme, je ne dis pas que c’est impossible : je dis seulement que ça n’arrivera pas.
Tendre épouse,
Je ne sais pas pourquoi je suis encore là. Honnêtement, je me le demande souvent. Est-ce le poids de toutes ces années ou serait-ce parce que je t’aime encore ? Je n’arrive vraiment plus à répondre. Je sais seulement qu’entre l’éclat de notre passé et la noirceur du présent, notre futur reste opaque. Contrairement à ce qu’a dit ma maîtresse, je n’ai pas encore pris de décision, mais je suis noyé dans l’inquiétude. Permets-moi donc de t’extirper de ta sérénité.
Je ne crois pas être assez fou pour te quitter pour elle. Mais je serai assez sincère pour t’avouer que malgré sa beauté, sa sensualité, sa disponibilité, et toute l’attention qu’elle me porte, elle n’aurait jamais réussi à m’attirer dans ses filets sans ton aide. Elle n’a donc pas tout à fait tort. Si tu as aimé celui que j’ai été, tu n’as fait que jouir de celui que je suis devenu. Je ne sais plus à quel moment tu as cessé d’être ma moitié pour devenir une femme, pas la mienne. Ton implication dans notre relation se limite par « ta » vision, « tes » fantasmes, « tes » désirs… Tu essaies vainement de me gâter avec ce qui « te » plaît. Tu ne me laisses même pas me plaindre du haut de ton satisfecit. C’est triste ! J’ai épousé une partenaire, mais j’ai vécu avec un colon. Tu as atteint ce que les entrepreneurs appellent la cécité marketing. Et si tu étais une entreprise, aujourd’hui je serais tout sauf ton client. Comme a dit le rappeur Youssoupha « Quand on met les gens de côté, forcément ils s’éloignent ». J’ai été ton mari. J’étais aussi son homme.
Si toi tu n’as pas commis d’adultère, tu n’as pas été moins infidèle. Infidèle à notre amour, infidèle à notre symbiose, infidèle à notre unicité, infidèle à notre complicité… Je ne suis pas fier de ce que j’ai fait ni de la tournure des événements. Mais toi, es-tu fière d’avoir fait la sourde oreille pendant toutes ces années ?
« Ton mari, tu le gardes ! » Et pourtant jusqu’ici tu n’as fait que le retenir… et visiblement ça n’a pas marché. Tu aurais dû le préserver, le conserver…
Pour avoir été « un cabri à deux maitres », il serait peut-être temps que je m’établisse maintenant au soleil. En essayant de mener cette double vie, j’ai oublié celui qui souffrait en silence. Je me suis oublié. Aujourd’hui, je crois que je vais me donner un peu de temps. Je ne sais pas pour combien de temps, mais je dois m’éloigner de vous deux, pas par mépris, ni par amour, mais par conscience.
J’ai déjà fait le nécessaire. Je ne serai dans le lit d’aucun de vous ce soir. Je vous demande pardon, mais je comprendrai si vous ne me l’accordez pas.
Adieu mes amours !
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