Depuis le lancement de l’opération Lock, un voile silencieux s’étend sur la ville des Cayes
D’un côté, les soldats de nuit qui sèment la terreur et de l’autre côté le petit caporal démissionnaire rose de la marie des Cayes, Jean Gabriel Fortuné, qui gesticule dans les radios et lance de temps à autre un appel au dialogue avec le plus minable des pantins yankees.
Les autorités se taisent face à la situation chaotique de la ville des Cayes. Et la population qui passe aisément de la colère à la flamme dit son ras-le-bol face à ces dérives. Et comme toujours, les chiens dans les moments critiques se taisaient pour reprendre le poète martiniquais Césaire et ne font que constater les dégâts sans prendre des mesures appropriées pour freiner l’insécurité galopante. La plupart des gens restent cloîtrés chez eux autour de l’heure du thé. Ayant pour compagnie fidèle depuis un mois le black-out généralisé. 24 heures sur 24. Sept jours sur sept.
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Et aux Cayes, les gens essaient de ne pas mourir doucement sous les balles assassines des soldats de nuit qui sèment, au moindre vent, des cadavres, ces petits escadrons de la mort armés de machettes et de belles petites flingues aux gueules bien rondes qui nous forcent à aimer les décors grisâtres du sous-sol et à voyager sans nos souliers noirs bien neufs pour le pays sans-chapeau.
Quand nous sortons, nous essayons de ne pas emporter nos terreurs, ces jolies terreurs que nous enseignent les petits escadrons de la mort comme comment dérouler un joli tapis rouge fait de nos hémoglobines pour laisser passer la belle balle assassine qui se logera dans nos tempes, comme comment apprendre à trimballer et à tripoter nos cercueils sous nos bras quand nous marchons sur les boulevards.
À regarder « le petit caporal » (expression empruntée à Louis-Philippe Dalembert pour parler du Führer dans Avant que les ombres s’effacent) qui gesticule dans son hôtel Le Manguier et qui demande à tout bout de champ à dialoguer avec le plus minable des pantins des Yankees. Le petit caporal démissionnaire n’a même pas pu (su) gérer les problèmes d’une ville qui s’effondre et se meurt sous des yeux hagards et revient aux côtés de Jovenel Moïse pour essayer de lui sauver la face (allez savoir s’il y a encore quelque chose à sauver !).
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Entre les autorités roses, les « gens de bien », les petits bourgeois réactionnaires qui ne font rien et les petits escadrons de la mort, les jolis soldats de nuit. La population est dans la souricière. Sans oublier les forces policières et leurs violences répressives et démesurées (arrestations illégales, matraquages…) dans le but d’apeurer et de bâillonner les manifestants.
Le petit caporal rose a préféré s’enfuir – démissionner – et se réfugier dans l’antre du palais (et laisse aller à vau-l’eau la mairie des Cayes qui devient en peu de temps la poule aux œufs d’or à chaque cataclysme – détournement de fonds provenant de l’aide humanitaire ou du gouvernement) et sans aucune honte monsieur le petit caporal revient avec un joli mot à sa belle petite gueule d’animal politique (il le clame toujours haut et fort bombant d’arrogance et de vent sa poitrine dans son costard bleu marine dans toutes les stations de radio hormis VKM -Vwa Klodi Mizo) de dialogue.
Les hommes et les femmes se meurent. Les plantes et les bêtes se meurent. Les enfants et les chiens se meurent. Toute une ville se meurt – on parle même d’une ville au bord de la crise humanitaire. Tandis que les petits caporaux démissionnaires ; les autorités ; les délégués roses. Tous se cachent dans leurs belles résidences dans les jolies hauteurs de Bergeaud. Loin des feux, des flammes et de la colère de la foule. Loin du chant des balles assassines des soldats de nuit. Loin des cris, des supplications et du ras-le-bol des médecins, des blessés et des mourants de l’Hôpital Général. Encore des hôpitaux qui se ferment. N’allez pas croire que les soldats de nuit allaient épargner les hôpitaux quand même ! Ce sont eux qui détiennent droit de vie et droit de mort et ils violent même les vieilles dames.
Et où sont passés les petits caporaux roses ? Ceux qu’on appelle « les autorités » ? Où est passé le plus minable des pantins yankees ? Où sont-ils tous passés ? Tous se terrent et attendent que le torrent passe. La seule évidence : Les pneus, les flammes et les colères ne manqueront pas pour que les va-nu-pieds, les indigents et les non-civilisés puissent gouverner la rosée qui se lèvera demain. Et du haut de leurs montagnes, ils sentiront l’odeur de la fumée tout en espérant que les pneus ne seront pas déjà à leurs portes.
Ervenshy Jean-Louis
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