Ce que je vais vous dire là, je ne l’ai partagé avec personne avant vous et je sais qu’à part Dieu, vous êtes le seul qui gardera pour vous ces mots qui vous aideront à comprendre mon mal-être.
J’ai toujours été une bonne chrétienne mon père. Je n’ai jamais trompé ni triché. J’ai toujours été loyale et même si je m’énervais parfois, je ne me suis jamais demandé s’il y avait mieux hors de mon foyer. Jusqu’à lui mon père. Lui et son parfum boisé, lui et ses allures de mauvais garçons mais pas de ceux qu’on croise lors de soirées arrosées. Oh non ! C’est le genre qu’on rencontre dans une bibliothèque, où on se dit que ça n’arrive que dans les films et que c’est trop beau pour être vrai ; le genre à vous séduire avec des poèmes de Jacques Prévert. Je vous passe des explications de notre rencontre car même si elle était aussi banale qu’une flaque sur un trottoir, à mes yeux elle prendrait l’allure d’une des plus belles chutes d’eau. Mais pour être sincère avec vous, mon père, j’ai lutté. Malgré les périodes de sècheresses où mon corps assoiffé de caresses dépérissait, je résistais. Malgré le fait que cela faisait des mois que je ne m’étais pas abandonné au point où j’oubliais le son de mes gémissements de plaisir, mon père, je résistais.
A cause de lui, je ne faisais que des rêves érotiques, et lorsque je me réveillais j’étais en sueur, les sens en ébullition. J’avais peur de dormir, de peur qu’à côté de moi, mon mari ne m’entende murmurer son nom. Mais mon père, je n’ai pas choisi une vie de bonne sœur. Sinon, en ce moment je serai dans une église à essuyer les chandeliers et à me préparer pour la fête de Pâques et non dans ce confessionnal à vous demander votre pardon.
Et puis il y a eu ce jour fatidique. On s’est vus à son bureau juste pour s’échanger des livres et quelques minutes plus tard, j’étais dans ses bras en train d’aspirer sa lèvre inférieure au goût de tabac et de menthe. Ensuite il m’a juché sur son bureau, la jupe remontée jusqu’à mi-cuisse, lui entre mes jambes à pétrir mes fesses et à promener sa bouche partout sur mon visage et mon cou. Je me suis abandonnée malgré les remords qui commençaient à m’assaillir. J’ai senti mon pouvoir de séduction jusqu’à mes doigts qui effleuraient ses yeux, son nez, sa bouche. Le toucher avait l’air de la chose la plus érotique du monde. J’ai eu la même sensation lorsque j’ai senti sa virilité contre moi pendant qu’il murmurait au creux de mon oreille : « J’ai envie de te faire tellement de choses… » Le souffle haletant, je me suis transformée en ce ruisseau qui coulait entre mes cuisses.
Alors, mon père, je viens demander votre pardon, mais si vous ne me l’accorder pas non plus ce n’est pas grave. Je vis dans un pays ou seulement le jour qu’on vit compte. Avez-vous entendu l’histoire du journaliste disparue mon père ? Comment un homme de chair, de sang et de rêve peut-il disparaitre ainsi ? Envoler avec tous ses rêves, ses désirs, ses espoirs. Et qui me dit que demain ce ne sera pas mon tour ? Ce sera un regret de moins sur ma liste.
Mon corps était mort comme Jésus sur la croix. Alors ce dimanche, je compte bien fêter sa résurrection. Je vais le toucher partout et le goûter partout. Je veux pouvoir dire entre sa sueur et sa semence, laquelle est la plus salée. Je veux connaitre les parties de son corps qui le font haleter, soupirer, gémir et hurler. Je n’égrènerais pas de chapelet dimanche mon père, mes doigts à la place joueront avec ses mamelons pendant que les siens feront connaissance avec mon bouton de rose. Puis je danserai sur sa virilité jusqu’à atteindre mon Nirvana. Alors pardonnez-moi mon père, car je vais pécher.
Jean Wenshe R. C.
Comments