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Opinion | Alors que tout le monde dort, Jovenel Moïse admet son échec

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7 février 2017. Jovenel Moise triomphe. Il vient de gagner son marathon présidentiel, épaulé par le secteur privé, la machine étatique et une partie de la communauté internationale. Au palais national, le nouveau chef d’État prononce son discours avec autorité, sûr de lui.

Entouré de ses partisans, il ressuscite sa formule à succès. « Le jour est arrivé pour que nous mettions la terre, la rivière, le soleil et les gens ensemble afin de développer notre pays. »

Salve d’applaudissements. « Le président a parlé, point barre ! »

Lire aussi: Hypocrisie, violence… spécialiste et petrochallengeur analysent le discours de Jovenel Moïse

Deux ans, sept mois et dix neuf jours plus tard, Jovenel Moïse constate son échec. À deux heures du matin, le chef de l’État dresse le bilan de sa présidence à la télévision nationale après un lourd silence de 42 jours.

Si la Constitution indique qu’il doit veiller à la stabilité des institutions, Jovenel Moïse admet que celles-ci « ne peuvent pas faire leur travail normalement ».

À grand renfort de gestes dans le vide, il déplore le chômage, maudit l’insécurité et les troubles politiques qui empêchent aux enfants d’aller à l’école et paralysent les autres activités.

Le dauphin de Michel Martelly n’a envers lui-même aucune complaisance.

Élection, constitution, énergie, réforme du crédit pour booster la production nationale, réforme des infrastructures… il égrène les différents chantiers auxquels son administration devait s’attaquer dès son arrivée au pouvoir. Au lieu de s’améliorer, « la situation du pays s’est dégradée », siffle presque, celui qui autrefois parlait avec panache.

Avec la présidence Jovenel Moïse, l’économie haïtienne s’est effondrée davantage, analyse Enomy Germain. « Il fallait 67,99 gourdes pour un dollar au jour de son investiture. Aujourd’hui il en faut 94. On parle donc d’une perte de valeur de plus de 38 % en moins de trois ans. L’inflation passe de 13,9 % à 19,1 %. » Et si la croissance a été rachitique en 2018, elle sera moins de 1 % cette année, pronostique l’économiste.

Depuis novembre 2018, le pays fonctionne au ralenti. Le président ainsi que son entourage nagent dans les scandales de corruptions. Affaire cabris. Dépeçage des maigres ressources du Trésor public. Surfacturation. Parlementaires soudoyés… Le pays n’a pas de gouvernement régulier depuis des mois.

Le président ainsi que son entourage nagent dans les scandales de corruptions.

Exténuée, la population dit sa colère, à chaque manifestation. Contre la dilapidation des fonds Petrocaribe (Jovenel Moïse est personnellement mis en cause). Contre la pénurie de carburant. Contre l’insécurité alimentaire. Contre les violents massacres à Grand Ravine et La Saline. Contre l’abandon du territoire aux bandits, notamment à Martissant

Quel que soit l’indicateur considéré, l’échec demeure total !

Et qui en porte la responsabilité ?

Tout le monde, sauf Jovenel Moïse.

Widlore Mérancourt est éditeur en chef d’AyiboPost et contributeur régulier au Washington Post. Il détient une maîtrise en Management des médias de l’Université de Lille et une licence en sciences juridiques. Il a été Content Manager de LoopHaïti.

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