Sept ans après leur interdiction, les objets en styrofoam traversent facilement la frontière et se retrouvent dans les locaux mêmes de l’administration publique
Il est midi trente, hier 18 août. Le soleil luit en cette mi-journée à Port-au-Prince.
À cette heure de la pause dîner, une scène cocasse se déroule dans la plupart des bâtiments de l’État. Alors que les assiettes en styrofoam ainsi que les sachets en polyéthylène sont interdits par deux arrêtés sortis respectivement en 2012 et 2013, des employés de différents ministères et bureaux de l’administration publique rentrent sur leur lieu de travail avec ces objets dénoncés pour leur pouvoir polluant et leurs effets néfastes sur la santé.
Deux employés du ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) sont remarqués en train de franchir ce jeudi la barrière de l’institution avec leurs plats de nourriture bien emballés dans des boîtes-manger styrofoam. Le même exercice se répète devant les locaux du ministère du Tourisme, de la Direction générale des Impôts (DGI), du ministère à la condition féminine et à l’Office d’assurance véhicule contre tiers (OAVCT).
Le ministère de la planification et de la coopération externe, dirigé par le Premier ministre Joseph Jouthe, n’est pas exempt de cette pratique. « Le fonctionnaire qui n’a pas de boîte à lunch utilise le styrofoam », constate Stéphanie Jean-Pierre de l’unité de l’observation de la pauvreté et de l’exclusion sociale au MPCE.
Une frontière poreuse
En réalité, les objets en styrofoam traversent facilement la frontière sans réelle opposition des autorités de l’État, sept ans après leur interdiction. Leur présence massive au sein même des différentes institutions publiques atteste l’absence d’une volonté claire des autorités pour stopper leur utilisation dans le pays.
Ces objets se font encore plus remarquer quand l’institution n’a pas de cafétéria, comme à la DGI. Un ingénieur de l’unité d’exécution de projet au sein de l’institution atteste l’invasion des assiettes en styrofoam.
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L’enquêteur Patrick Jean Louis au sein de l’OAVCT fait quotidiennement les mêmes constats. Les styrofoam ne sont pas interdits dans les locaux de l’OAVCT. Aussi, beaucoup de fonctionnaires apaisent leur faim dans ces objets polluants au sein de la structure.
Dans les mois qui ont suivi les annonces d’interdiction, certaines entités de l’État ont fait sortir des notes pour exiger le respect de ces mesures. « Il y avait des avis bien clairs interdisant l’utilisation des styrofoam au sein de MCI », se rappelle Willy Bien-Aimé, assistant-directeur exécutif de la direction de protection des consommateurs à ce ministère. Mais comme presque partout, ces avis n’ont été suivis d’aucun effet.
Un problème urgent
Le laxisme manifeste des autorités de l’État contraste avec l’attitude coresponsable de certaines entreprises du secteur privé et quelques institutions de la société civile.
« On est conscient du danger environnemental causé par le styrofoam et on essaie de trouver une solution, rapporte Pauline Le Carpentier, secrétaire générale du Bureau de droits humains en Haïti (BDHH). On insiste pour que les gens de notre équipe utilisent des boîtes-manger réutilisables ». Aussi, le BDHH met à dispositions de ses employés des assiettes réutilisables.
Parallèlement, certaines entreprises du secteur de la restauration en Haïti bannissent les objets en styrofoam. « Après l’interdiction en 2012, nous avons reçu des visites d’inspecteurs qui ont ôté les styrofoam de nos établissements », fait savoir Farah Léon, responsable d’Épi d’Or à Delmas 56. Depuis, l’entreprise a transité vers des produits biodégradables en carton.
La chaîne de restauration 5 Coins Bar Resto se positionne aussi dans la courte liste des restaurants qui écartent le styrofoam de leurs opérations. Runshild Delmat, manager de 5 Coins Bar Resto à Pétion-Ville, explique que l’entreprise fait usage d’assiettes en carton pour desservir sa clientèle. « Nos actions ne valent rien contre les styrofoam si l’ensemble des entreprises du pays n’adoptent pas un comportement responsable », pense Runshild Delmat.
L’alternative en carton
Plusieurs propositions sont faites pour contrecarrer les assiettes en styrofoam qui envahissent les canaux d’irrigation et salissent les rues. En tête de liste, vient la lutte contre la contrebande à la frontière, mais aussi l’utilisation d’alternatives comme les produits biodégradables en carton qui réduisent la pollution d’après Ary Régis, professeur d’université et membre du Mouvement national citoyen pour le climat.
Il faudra cependant de la volonté politique et entrepreneuriale pour amorcer la transition puisque les assiettes en carton demeurent plus chères que celles en styrofoam.
Une balle de 100 assiettes manger styrofoam coûte 900 gourdes, rapporte une cuisinière marchande à Bourdon. Les grossistes de la rue des Césars au centre-ville de Port-au-Prince vendent les balles de 250 assiettes styrofoam à 1 800 gourdes. Or, « la caisse d’assiettes en carton se vend à 30 dollars américains (3 600) gourdes et contient 200 assiettes », dit un responsable de United plastics, une entreprise située à Carrefour spécialisée dans l’importation de ces produits dans le pays.
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Bonpack S.A était la seule entreprise haïtienne dédiée à la production d’objets comme les gobelets et assiettes en carton. Les opérations de cette institution sont à l’arrêt depuis près d’un an pour des raisons inconnues. « Nous avons stoppé les activités de l’usine pour l’instant, répond l’entreprise dans un courriel adressé à AyiboPost. Nous vous contacterons dès que nous serons à nouveau en phase de production ».
Les responsables de cette entreprise se sont abstenus de s’engager ouvertement dans la lutte contre le styrofoam, selon Ary Régis. « La lutte est complexe et a ses propres enjeux : la corruption, la contrebande et des menaces », dit-il.
Pour la protection de l’environnement
Les organes de lutte pour la protection de l’environnement invitent à la prudence quant à l’usage des assiettes en carton.
« Bien qu’ils soient des objets cartons, cela reste du fatras », estime Virginie Porchon, membre fondateur du Groupe d’action francophone pour l’environnement (GAFE). « Des conséquences amoindries peuvent être constatées à la [Ravine Bois-de-Chêne], dans la mer ou dans les rues, mais leur compilation reste aussi évidente que les objets en styrofoam ».
Virginie Porchon croit que le combat doit viser plutôt la protection de l’environnement que la lutte contre les styrofoam. « Nous optons pour le changement de comportement des citoyens », dit-elle. Pour Porchon, les gens doivent commencer par avoir leurs propres contenants lorsqu’ils veulent acheter à manger.
« Il est nécessaire qu’il y ait un réveil citoyen », renchérit David Tilus, président du GAFE. Dans toutes les sociétés du monde, dit-il, le pouvoir d’acheter revient pratiquement au consommateur. « Est-ce qu’on peut se procurer une chose qui aboutit à notre propre destruction ? », interroge ce défenseur de l’environnement.
Emmanuel Moïse Yves
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