Me voilà revenue à la case départ, ticket en main et j’attends. J’attends ce fameux bus avec tant d’impatience. Je ne sais même pas pourquoi je devrais en prendre un autre. Ce voyage, il m’est si familier. J’en connais déjà la fin sans même l’avoir commencé.
J’ai toujours cru trouver un conducteur qui, pour moi, serait unique en son genre. Je monte chaque fois à bord, pensant tomber sur le bon. Je m’installe, il démarre. Les débuts sont toujours grisants. Puis, ma joie s’estompe pour faire place à la même déception. Je finis par déplorer qu’au final qu’il ne soit qu’un simple chauffeur de bus comme tant d’autres. Pourquoi au départ est-on si confiant? On ne se soucie de rien, on profite du voyage. La vie est si belle qu’on se fout de la destination. Mais il y a toujours un arrêt de bus plus loin. Je ne sais même pas pourquoi le conducteur se sent si obligé de prendre une autre passagère. Celle qui semble croire qu’il n’y aura pas d’autre bus…
Je déteste l’admettre, mais je dois toujours l’accepter. Que veut-on! Ce n’est pas mon bus. Le chauffeur ainsi que les autres avant lui ne m’appartiennent pas. C’est un véritable supplice quand la portière s’ouvre pour la laisser monter. On dirait les rideaux d’un spectacle funeste qui se lèvent. Les projecteurs convergent pour exposer la nouvelle actrice principale dans son entrée spectaculaire faisant de moi une figurante. Oh! Je la maudis, cette inconnue qui a tout chambardé en échangeant un regard avec le conducteur.
Je le croyais mon gardien, mon guide, mon berger, mon cocher …….Oui, je le croyais mien. J’avais pris son bus, et je jouissais du trajet. Ce n’était pas le paysage, ce n’était pas le voyage, ce n’était pas pour changer de milieu, ce n’était ni pour la découverte ni pour l’agrément, mais pour être avec lui. C’est sa compagnie qui faisait de cette errance une randonnée. L’aurait-il compris un jour ? N’avait-il pas éprouvé et partagé ce sentiment qui m’avait obligé à lui confier les commandes de mon odyssée! Je le voulais, je l’appréciais, je le chérissais, je… je l’aimais…
Hélas!
Pas besoin d’être devin pour connaitre la suite. Sans même que je puisse avoir le temps de tout comprendre, j’étais déjà mise à terre comme jadis. J’ai voulu descendre avec plus de dignité que d’amertume, mais dommage. Encore une fois, me voilà, ticket en main et sans destination.
La prochaine fois je devrai peut-être prendre l’avion sans faire escale ou tout simplement un jet. Seulement ce n’est pas un voyage qu’il me faut, ni un moyen de transport mais j’ai plutôt besoin d’un pilote, un bon.
Girie d’une femme cocufiée…
Nanine
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