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Je sais que tu me trompes

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  • Je sais que tu me trompes

J’aurais voulu le lui dire d’emblée ainsi, tout en tempêtant ou en criant. Le menacer aussi aurait pu faire l’affaire mais les mots ne sortaient pas. C’était comme si j’étais muette. Pas parce qu’il n’y avait pas matière à discuter mais parce que je n’étais pas sure de la portée que ces mots auraient. Cela faisait trois ans que nous vivions cette relation. Ma famille le connaissait, mes amis, et il en allait de même pour lui. Nous vivons ensemble et partageons tout. Du moins, c’est ce que je croyais…

Comment mettre tout cela de coté et mettre mon couple en péril? Car dans la phase où il faut parler et mettre chacun face à ses fautes, il y aussi le risque de se faire abandonner. Et s’il confirmait mes doutes, à savoir que ce que nous partagions n’était pas assez, que je ne lui suffisais pas?

Je sais, je devrais être cette femme forte que tout le monde voyait dans mon parcours d’artiste libérée vivant de ses gigs de chanteuse au lieu de suivre le parcours tout tracé de ma famille qui me voyait en médecin; de cette femme indépendante qui avait décidé d’enménager avec son copain sans peur du qu’en dira-t-on; de cette femme catégorique qui avait mis l’accent sur sa morale au lieu de son corps alors que, dans le milieu dans lequel elle avait choisi d’évoluer, c’etait monnaie courante. Mais avouons-le mesdames, on a beau être forte dans la vie de tous les jours, la vie sentimentale se joue bien souvent de manière émotive.

Et moi, je baignais dans le flot de mes sentiments…

Et ce matin, tout en le regardant prendre son petit déjeuner, je repense à tous les sacrifices faits pour faire évoluer notre relation. Je ne me sens pas le courage de le mettre au pied du mur mais en même temps, je ne me vois pas encourager le doute ou les vices de ce genre dans une relation qui me tient autant à coeur. Je sens déjà le ressentiment m’envahir et refroidir mon amour. Me voilà au pied du mur… entre l’envie de le confronter, la peur de le perdre, mais aussi la confusion sur ce que je veux en cet instant précis s’il confessait la laideur de ses actions.

L’inconstance des hommes devrait être une matière étudiée en classe. Je le jure, ce cours ferait sale comble.

Je ne l’avais pas espionné, ni fouillé son téléphone. Non, le hasard m’avait mis face à la réalité. La poubelle de la toilette m’avait fourni tous les éléments pour le découvrir: des préservatifs usés. Alors que j’utilisais la pillule. Alors que je revenais d’un séjour à Jacmel pour un contrat. J’étais rentrée en avance en transport public au lieu d’attendre les musiciens qui voulaient profiter de la plus belle ville du pays. Tous les artistes ressentaient un lien profond avec le Sud-Est mais malgré mon agréable séjour, j’avais décidé de ne pas rester plus que nécessaire.

Je n’avais pas un nom à maudire, un visage avec qui me comparer, une personne à blamer mais plutot un fantome dont je n’arrivais pas à me défaire malgré tous mes efforts. Mais, je remarquais plus de choses maintenant que mes yeux s’étaient ouverts. Les messages watsapp qui restaient gris au lieu de devenir bleus, les « last seen » qui n’apparaissaient plus, les heures à écrire sur son cellulaire quand il me croyait endormi, les chuchotements depuis la toilette.

C’était elle, l’autre, la cause de tout cela!!!

Mais, qu’y pouvais-je à ce stade des débats? Cette relation, c’était au prix de beaucoup de sacrifices qu’elle s’était construite. A contre courant des pressions et des standards hypocrites que les gens se plaisaient à forger sans même y adhérer. Une partie de moi-même savait pertinemment que ma couardise avait beaucoup à voir avec le fait que je ne pourrais supporter d’entendre la phrase fétiche: Je le savais!!!

Deux semaines depuis que j’avais découvert sa double vie. Pendant que mon monde s’effritait au gré de ma lâcheté à le confronter, lui, il ne semblait pas avoir un quelconque souci. Et s’il ne me revenait pas? Et s’il s’en allait en me laissant derrière lui, laissant mon coeur s’envoler en éclats. Et si je n’étais pas celle qui gagnerait la bataille finale? Comment être sure de l’issue de cette confrontation si je partageais ma découverte? Si je le mettais face à ce qui m’avait anéanti?

  • J’ai à te parler… dit-il.

Je sursautai car, ces mots, je ne les avais pas vu venir ou du moins, je crois bien qu’ils auraient dû venir de moi. Il me regarda en souriant et continua à manger ses céréales tout en pressant gentiment le bras que j’avais posé sur lui. Je n’avais pas réalisé, perdue dans mes pensées, qu’il me montrait quelques chose. Je tombais des nues en réalisant qu’il me montrait un anneau sur la table.

  • J’ai beaucoup pensé à nous deux récemment. Je veux t’épouser. Je ne suis pas celui qui parle le plus mais je serai là si tu le veux bien.

Les larmes coulèrent sur mes joues car il disait ce que je voulais entendre mais c’était surtout le fait que j’acquiesçai timidement, sans rien dire d’autre, qui me fit mal. En disant oui, j’acceptais de me taire sur ma découverte. A tout jamais, les questions qui me taraudaient, resteraient sans réponses.

Qui était-elle?

Qu’avait-elle de plus?

Pourquoi risquer notre relation?

Pourquoi utiliser notre lit?

Etait-ce une erreur d’un jour ou la preuve d’un vice constant?

Cette bague scellait la fin d’une page qui se tournait sur une note amère… un secret qui resterait comme un fantôme dans ma vie future avec lui. Je posai mon regard sur lui avec la phrase sur le bout des lèvres mais le silence fut mon complice.

Je sais que tu me trompes… mais je ne dirai rien.

 

Meg Jean

I am just a girl in love with coffee crossing life with her ups and downs. I prefer to let people have their own idea about who I am. I am also a humanitarian worker and I love to discover new culture and new people. I want my writing to touch people and make an impact in their life.

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