Les sites de la majeure partie des entités de l’administration publique haïtienne sont dysfonctionnels. D’autres ne sont pas régulièrement mis à jour. Certaines institutions n’ont carrément pas de présence web
Les sites internet des entités de l’État haïtien sont négligés, non mis à jour régulièrement et visuellement non professionnels. Le portail d’information de la plupart des ministères n’est guère actualisé depuis l’arrivée du président Jovenel Moïse au pouvoir en février 2017.
Le site du ministère de la Justice en est la preuve. Les contenus disponibles et consultés ce 24 juillet 2020 présentent Michel Joseph Martelly comme président d’Haïti et Jean Renel Sanon comme ministre de la Justice. Le site du Secrétariat général du conseil des ministres (SGCM) présente Jean Michel Lapin comme Premier ministre du pays.
Joint au téléphone, le ministre de la Culture et de la Communication (MCC), Pradel Henriquez dit être conscient du problème. Alors qu’il est aux manettes du MCC, le site de son ministère présente Limond Toussaint comme ministre de la Communication.
Pradel Henriquez se plaint de la présentation du site web du MCC qui ignore complètement la partie Culture. « Il n’existe pas un ministère de la communication. On travaille actuellement pour harmoniser le site avec la Culture. Cette harmonisation doit être réaliste du point de vue graphique et numérique dans la présentation du site du MCC. »
Des sites non actualisés
Le Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) et celui des affaires sociales et du travail n’ont pas de portail web. Le site du ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle n’est pas à jour avec les nouvelles informations portant sur la réouverture des classes qu’ont annoncée les autorités. De plus, la plateforme est loin d’être performante avec des options qui ne fonctionnent pas dans la barre de menu.
Parallèlement, le cabinet ministériel que présente le site du Secrétariat général du conseil des ministres (SGCM) ne correspond nullement au profil de la quasi-totalité des ministres actuels formant le gouvernement. Les ministres affichés sur le site sont ceux ayant été nommés et installés en 2017 ou 2018.
Le parlement haïtien est dysfonctionnel depuis le deuxième lundi du mois de janvier 2020. Les deux sites web de l’institution repérés via des recherches Google sont inopérants.
Les sites de la Direction générale des impôts (DGI) et de l’Office de l’assurance des véhicules contre-tiers (OAVCT) qui doivent offrir des services en ligne demeurent relativement opérationnels.
« Le site de la primature vient tout juste d’être fonctionnel », révèle Stéphane Vincent, ancien coordonnateur d’un projet e-gouvernance financé par la BID et qui devait, entre autres, numériser l’administration publique Haïtienne. Le projet a viré au fiasco, précise Vincent.
Lire aussi: Où est passé le projet e-gouvernance ?
Les ministères de la Communication et de la Culture, de la Santé publique et de la population, ceux de l’environnement et des travaux publics, transport et communication sont entre autres les quelques sites web qui s’efforcent d’offrir régulièrement les dernières informations.
Quant aux réseaux sociaux, la plupart des ministères possèdent un compte Twitter et Facebook. Mais souvent, deux ou trois adresses peuvent être repérées pour un même ministère. C’est par exemple le cas du ministère de la Justice qui présente deux comptes Twitter. Des ministères comme celui du commerce et de l’industrie, de l’environnement, des affaires étrangères et des cultes affichent deux ou trois pages Facebook.
Des mesures urgentes
Pour pallier ces problèmes, Pradel Henriquez promet un plan de numérisation national. La numérisation de l’administration culturelle publique est imminente, dit-il.
En temps normal, une entité centralisée générale ou installée au sein des institutions publiques devrait gérer la présence web des organismes de l’État. « Chaque institution gère son site web à sa façon après l’échec du projet e-gouvernance », dit Stéphane Vincent.
De son côté, le secrétaire à l’observatoire numérique en Haïti (OBNH) Ludwy René Jean Paul, pense que des mesures légales doivent être prises pour régulariser la création et la gestion des sites ou comptes publics qui aujourd’hui résultent fort souvent de la décision d’un directeur général dans l’administration publique.
À défaut du cadre légal, le spécialiste en numérique Stéphane Vincent estime qu’on doit utiliser un manuel de réglementation de la communication numérique gouvernementale. « Ce document doit régir la présence en ligne de l’administration publique, définir comment centraliser la gestion des comptes des organismes publics soit avec le ministère de la Communication ou avec une instance de la primature comme organe de coordination gouvernementale », explique-t-il.
Pendant les dernières décennies, des gouvernements du monde entier ont fait des efforts pour entrer dans l’ère de la numérisation. Haïti est resté à l’écart.
La communication à travers les sites ou comptes publics sur les réseaux sociaux permet aux citoyens de mieux s’informer des actions de l’État. Internet demeure aussi un moyen utilisé par certains pays afin de décongestionner des services publics. En ligne, l’on peut par exemple renouveler sa politique d’assurance, appliquer pour le paiement d’impôt sur le revenu, etc.
Avec un taux de pénétration internet qui tourne autour de 30 %, la numérisation des services publics est encore à ses balbutiements en Haïti.
Emmanuel Moise Yves
Photo couverture: Widlore Mérancourt / Ayibopost
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