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M’ pa fanatik!

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Jusqu’à hier j’ai voulu me persuader de mon indifférence par rapport à la Coupe du Monde. Hors de question d’accrocher un quelconque drapeau à ma voiture, et surtout je m’interdis de revendiquer une quelconque équipe favorite. Brésil ou Argentine, je m’en moque, je refuse d’être comme tout le monde sur ce coup-là. En effet, le train-train quotidien et mes différents projets en chantier devraient l’emporter sur cette euphorie populaire. De plus, cette coupe du monde ne m’arrange certainement pas sur bien des points. J’ai dû passer quarante-cinq minutes incapable de me déplacer parce que le chauffeur de la voiture qui me barrait la route était parti regarder le match ailleurs. Coincée dans la cour de ladite institution quasi-vide, ceux qui m’aidaient à retrouver le disparu me rassuraient en me disant qu’il serait forcément de retour à la mi-temps.

La liste de mes mésaventures est longue, résumons simplement ainsi :

  • Rendez-vous de travail reportés;
  • Embouteillages provoqués par les festivités des fanatiques;
  • Papas, copains et maris en mode « absent » rivés devant leurs télés ou mieux hurlant avec leurs pairs devant les écrans des bars de la capitale.

Enfin, c’est le parfait cocktail pour me saper ma bonne humeur. Tout en Haïti est hors norme, et ce fanatisme extrémiste et stupide m’horripile. Cependant à force d’écouter les discussions de mes collègues, leurs pronostics  et leurs coups de gueule,  me voilà rattrapée par la fièvre du mondial.  En rentrant du bureau je m’installe devant mon écran.

Ce massacre c’est surement de ma faute car j’ai fait une exception en décidant de regarder le match. Et comme vous tous l’avez constaté, en l’espace de quelques secondes, l’Allemagne marque 2, non 3, enfin! Mais qu’est ce qui se passe ? Les joueurs du Brésil hagards, multiplient les bévues, les frappes molles et passes imprécises.  L’Allemagne, fière, affirme sa supériorité physique et technique, ne s’arrête pas. Et un quatrième, puis un cinquième buts. Je n’en revenais pas et pourtant j’ai continué de feindre un air détaché.

Certes, je ne m’attendais pas à une victoire du Brésil, puisque même les vrais fans doutaient des résultats d’une équipe où Thiago Sivla et Neymar manquaient à l’appel. Cependant, dès que la seconde mi-temps est lancée, me voilà emballée par le jeu, criant, pestant, me levant à chaque tentative du Brésil de réduire le score. Je ne sais pas ce qui m’arrivait mais, c’était trop dur de voir ça. Je ne voulais plus les voir perdre.  Mon penchant pour la Seleçao avait soudainement refait surface. Dans mon jeune âge, j’avais été séduite par l’équipe du Brésil  d’antan avec  les légendaires Roberto Carlos, Bebeto, Ronaldo…  Depuis 98 pourtant, après la déception face à la France j’avais décidé de ne plus accepter de mettre mon cœur à  si rude épreuve.

Je regardais les images du stade, de ces gens pleurant de déception et d’humiliation et, moi aussi, j’avais mal. Je pensais à mes amis fanatiques malades et je n’osais les appeler.  Les sixième et septième buts  m’achèvent, pourtant je suis clouée  là, je veux regarder ce match jusqu’ au bout. Et j’ai prié, oui j’ai prié le ciel de permettre au Brésil d’inscrire un but, juste un seul.  Et ces bourreaux allemands, j’ai prié qu’ils aient pitié, car ils étaient en train d’anéantir le rêve de tout un peuple. Euh, de plusieurs peuples mêmes.

Et puis, ce fameux but d’Oscar… je criais de joie comme une malade. Au moins Dieu a exaucé mes prières. J’aurais peut-être dû lui demander un vrai miracle.

Sincères sympathies aux vrais fans brésiliens!

 

Très attachée à mon cher pays, je demeure une personnalité ouverte, qui à travers sa profession de juriste et son implication au sein de diverses organisations soutient le projet du renouveau d’Haïti.

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