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Photos | Quand les motos deviennent des œuvres d’art en mouvement à Port-au-Prince

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Dans un élan de créativité et de maîtrise presque religieuse de leurs mouvements, les passionnés de la moto réalisent des acrobaties qui font grimper l’adrénaline

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Malgré le contexte d’insécurité, tous les weekends, des motards bravent les dangers pour offrir des spectacles qui attirent des centaines de gens dans les rues de Port-au-Prince, constate AyiboPost. Mais le contrôle de certaines zones par des gangs armés risquent de diminuer l’intérêt, craignent des participants.

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Ces spectacles de moto rentrent dans la catégorie des sports mécaniques, un type d’exercice qui requiert l’utilisation de véhicules motorisés. Les participants peuvent réaliser des courses, pratiquer le drift ou la voltige aérienne. Les compétiteurs se font noter par un jury.

À Delmas, Turgeau, Bourdon, Canapé-vert, Lalue, Pétion-ville.., tous les weekends, des riders, se regroupant dans différentes «team» organisent des séances d’exhibition et de démonstration de leurs talents devant un public en extase.

Dans un élan de créativité et de maîtrise presque religieuse de leurs mouvements, ces passionnés de la moto réalisent des acrobaties qui font grimper l’adrénaline.

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«C’est tellement excitant que ça t’enlève même le désir de manger. Tu te sens ailleurs, dans un autre monde», déclare Jean-François qui participe à ces exhibitions de rue depuis près d’un an au sein de plusieurs «teams».

Tous les dimanches, de très tôt, il reçoit les informations sur l’heure, le lieu de la rencontre et le parcours à faire. Il prend ses équipements de protection (Casque, gants, airbag), puis, enfourche sa moto et rejoint sa «team», prête pour de nouvelles aventures.

Pour l’homme de 27 ans qui assiste aux spectacles de moto depuis près de dix ans dans les rues de Port-au-Prince et dans divers endroits du pays, ces spectacles représentent un excellent moyen pour lui de rencontrer du monde et faire exercer sa brûlante passion pour la moto.

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«On rencontre tout le monde. Des gens de classes aisées, des professionnels de tous âges… tout le monde se rejoint», dit François à AyiboPost.

Pour Walson Pierre qui ne rate jamais une occasion d’assister aux exhibitions de la «team» True riders, c’est toujours un immense plaisir d’admirer ces hommes en symbiose presque parfaite avec leurs motos.

«On pourrait penser qu’ils peuvent parler aux motos lors des acrobaties» déclare le jeune homme.

«Entre la peur de les voir tomber et la joie de les voir se redresser tout à coup, tu ne sais même pas ce que tu ressens», déclare t-il.

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Quoique ces exercices procurent énormément de plaisir, ils comportent aussi beaucoup de risques, selon Jean-François. En effet, les risques d’accidents sont élevés.

«Un jour, un de mes amis s’est fait casser une jambe. Mais on l’a aidé du mieux qu’on pouvait», raconte-t-il.

Carl C. Napoléon, membre de True Riders, craint qu’aujourd’hui ces activités ne soient menacées par l’activité des gangs.

«Il est vrai que beaucoup de jeunes, à Port-au-Prince ou dans différentes villes de province, manifestent encore la volonté de continuer à faire de la moto, mais il faut dire qu’il y a de plus en plus de contraintes qui se présentent, surtout dans la capitale», dit-il

Des motards font le spectacle sur la route de Delmas en juillet 2023. | © Jean Feguens Regala/AyiboPost

La situation d’insécurité qui sévit à Port-au-Prince et le contrôle de certains quartiers par des groupes armés poussent les organisateurs à modifier leurs circuits.

«La prise de contrôle graduelle de divers endroits de la zone métropolitaine par les bandits armés limite nos activités», regrette Napoléon, ancien champion de motocyclisme.

«De plus, à un certain moment, il était devenu dangereux pour nous de nous aventurer à Thomassin, par exemple, car des membres du gang dirigé par Ti-Makak circulaient à bord de motocross. Ils étaient même munis d’équipements similaires aux nôtres, ce qui n’était pas prudent dans le cas où l’on devait se retrouver face à la police», explique-t-il.

Des deux-roues motorisés participant au spectacle sur la route de Delmas en juillet 2023. | © Jean Feguens Regala/AyiboPost

Des compétitions de rallye routier effectuées sur de longs circuits, comme on le faisait autrefois, ne se réalisent plus aujourd’hui en raison du fait qu’il devient de plus en plus risqué de faire de la moto dans des zones comme Croix-des-Bouquets, Cite-Soleil, Pétion-Ville ou Thomassin.

«Je crois qu’à la longue, tout cela pourrait diminuer l’intérêt», admet Napoléon.

Ce spectacle à couper le souffle est également animé par des rollers, observe AyiboPost sur la route de Jacquet à Pétion-Ville. Avec une maîtrise peu commune, ces maîtres des patins à roulettes laissent la foule sans voix.

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Par Jean Feguens Regala

David Lorens Mentor a participé à ce reportage.


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Photojournaliste freelance à AyiboPost depuis mars 2023.

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