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Mondial Qatar 2022 : entre controverses, corruption et violation de droits humains

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Depuis le verdict du Comité exécutif de la FIFA, fin 2010, accordant à Qatar l’organisation du Mondial 2022, les critiques se multiplient jusqu’à menacer la tenue de la compétition.

Dans moins de deux mois, la 22e édition de l’évènement sportif le plus attendu dans l’histoire du football, à savoir la Coupe du Monde, fera la navette sur nos petits écrans. Elle aura lieu à Qatar et réunira 32 pays qualifiés parmi les 211 associations affiliées à la FIFA.

Depuis sa création en 1904, la Coupe du monde fait appel à d’énormes ressources financières, des investissements colossaux en termes d’infrastructures (hôtels, routes, stades, etc.) et d’une mobilisation importante de main-d’œuvre.

Cependant, derrière cette grosse machine se cache une exploitation à outrance de la force de travail de milliers d’ouvriers. À cela s’ajoutent la corruption et les morts en série, ce qui constitue une grave violation des droits de la personne. Le Qatar, hôte de cette édition, est loin d’être une exception.

Elle aura lieu à Qatar et réunira 32 pays qualifiés parmi les 211 associations affiliées à la FIFA.

Pour l’obtention de cette coupe du monde, le Qatar a dû réunir une majorité absolue de 14 des membres contre 8 pour les États-Unis au terme d’une élection à quatre tours.

Dès la fin de 2010, à Zurick en Suisse, soit plus de 4 mois après la 19e édition organisée en Afrique du Sud, les 22 membres constituant le comité exécutif de la FIFA avaient lâché leur verdict : la coupe du monde de 2018 et celle de 2022 s’organiseront respectivement en Russie et au Qatar.

Barack Obama mécontent

Atterré par la nouvelle, le président des États-Unis d’alors, Barack Obama, a déclaré que «c’était une mauvaise décision d’accorder au Qatar l’organisation du Mondial 2022, plutôt qu’aux Etats-Unis», rapporte RTS.

Marc Wilmots critique FIFA

Quant à Marc Wilmots, ancien footballeur international belge, cité par le média suisse, il a lâché que «le sport a perdu. Ces deux désignations démontrent que la FIFA n’a absolument pas tenu compte des critères sportifs.» Une façon à lui de dire implicitement que le Qatar non seulement n’est pas une grande nation de foot, mais compte exposer les joueurs à une température extrasportive.

Cette attribution reste entachée de multiples accusations de corruption comme l’a si bien mentionné le documentaire « Coupe du Monde et corruption : au cœur du scandale », réalisé par Daniel DiMauro et Morgan Pehme. Et, selon ce documentaire, cité par le média français Eurosport, la coupe du monde de 2022 accordée au Qatar a été l’objet d’une vente concrétisée par les acteurs les plus influents du football international.

De 2010 à nos jours, les critiques, les diverses accusations relatives à l’octroi de ce mondial au Qatar ne se sont jamais arrêtées.

Joseph Blatter, l’ancien président de la FIFA a reconnu en 2015, lors d’une interview accordée à l’agence russe Tass, relayée par Tv5 Monde, qu’il « y a eu des influences politiques directes. Des chefs de gouvernement européens ont conseillé à leurs membres qui pouvaient voter de se prononcer pour le Qatar, parce qu’ils étaient liés à ce pays par des intérêts économiques importants ». Cela se traduit dans un langage juridique en trafic d’influence.

De 2010 à nos jours, les critiques, les diverses accusations relatives à l’octroi de ce mondial au Qatar ne se sont jamais arrêtées. Et, c’est peut-être l’une des coupes du monde soulevant le plus de controverses dans l’histoire de cette compétition planétaire du ballon rond. Car, ils sont nombreux les personnalités politiques, à l’instar des partis socialistes, les écologistes, les communistes, les insoumis de la France y compris celles du milieu du football, à dénoncer les patchworks immondes d’une telle organisation.

Mais, le lobbying, les enjeux d’intérêts économiques, la corruption, sous le couvert de la popularisation du football, l’ont emporté, quitte à bafouer les droits de milliers de gens voire tuer.

De la garde à vue de Michel Platini, le 18 juin 2019, dans le cadre d’une enquête sur les conditions d’attribution du Mondial Qatar à l’emprisonnement d’un membre du comité de l’organisation en passant par les nombreuses violations de droits humains [le droit des ouvriers entre autres], l’addition du « pays à l’or noir » est salée.

De surcroit, pour un pays où la majorité de la population pratique la religion musulmane, la restriction concernant la jouissance de certains droits humains demeure prévisible. Mais, le lobbying, les enjeux d’intérêts économiques, la corruption, sous le couvert de la popularisation du football, l’ont emporté, quitte à bafouer les droits de milliers de gens voire tuer.

Les chiffres parlent d’eux même. Sur environ un (1) million de travailleurs embauchés dans le secteur de la construction, « plus 6 500 travailleurs migrants avaient trouvé la mort dans les chantiers de construction des stades au Qatar depuis 2010, en raison de conditions de travail extrêmes », rapporte France 24 citant un article du quotidien britannique The Guardian.

… pour un pays où la majorité de la population pratique la religion musulmane, la restriction concernant la jouissance de certains droits humains demeure prévisible.

D’après Amnesty International, près de 70 % de ces décès restent sans explication. Les raisons avancées pour expliquer le décès des 30 % restants sont liées à une exposition de chaleur et une humidité extrême. Et, plusieurs des ouvriers ont dû travailler douze heures par jour, sept jours sur sept, parfois sous une chaleur écrasante, sans eau potable.

D’autres personnes affectées dans des postes de gardien, superviseur ou responsable de sécurité pour des services relatifs à la construction des stades et autres infrastructures ont bossé des mois sans aucun jour de repos. De plus, les conditions de travail des migrants-travailleurs sont exécrables ; ils sont exposés à des problèmes de sécurités sur les chantiers, privés de casques, avec des dépotoirs de déchets à ciel ouvert, entassés dans des chambres sans climatisation ni électricité. Hormis cela, ils sont aussi victimes de non-paiement de salaires ou de paiement tardif. Ceci s’ajoute à des obstacles pour trouver justice, l’interdiction des syndicats, etc.

Ceci s’ajoute à des obstacles pour trouver justice, l’interdiction des syndicats, etc.

Malgré la signature d’un accord entre le Qatar et l’Organisation internationale du travail des Nations-Unies (OIT) en novembre 2017, sur un processus de réforme liée aux droits des travailleurs (accès à la justice, liberté d’expression, santé, rémunération…), la mise en œuvre dans la pratique n’est pas appliquée convenablement ou ne s’applique pas. Et parfois sous couvert de protection d’une certaine culture, tout en faisant allusion à la déclaration de l’émir du Qatar, ce pays peut aller jusqu’au ridicule en voulant interdire le sexe (hors mariage) et l’alcool à une ambiance festive.

À quelques jours du lancement, les différents appels au boycott continuent de se multiplier. Des anciens joueurs, des personnalités de la presse, de la politique, des écolos, des acteurs de droits humains, des fans, tous menacent la tenue de la 22e edition de la Coupe du monde.

Kerns Lareche

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Image de couverture : « Al Rihla » (le voyage), ballon de la Coupe du monde de football 2022, Qatar, 21 novembre – 18 decembre | © FIFA/AFP/Mohamed Ali Abdelwahid

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