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Lettre à mon amante écrivain

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J’ai envie de me sauver avec toi. Nous irions quelque part, dans un coin reculé. Une maison de campagne dans une région boisée,  pendant la saison des pluies. Sous une averse diluvienne, toi et moi, nous fuirons. Nous ne dirons rien à personne. Nous éteindrons nos téléphones. Nous emporterons juste de quoi écrire. N’oublie pas ton sourire. Il remplacera ma muse, quand je t’écrirai des vers érotiques. Tu les liras lascivement et tu me donneras la réplique.

Le soir venu, nous éteindrons les lumières. Trêve de littérature abstraite pour faire place à la danse littéraire, dans le silence des murs. Je nous imagine dans un monde à l’envers. Un monde où l’inspiration suit nos écrits et  nos lettres majuscules sont des cris.  Je pourrais te traiter comme un livre; caresser tes feuilles, te lire, te relire, te tournoyer, faire de la recherche… et  faire de notre refuge un endroit aussi sublime qu’une bibliothèque. Ou mieux encore, nous pourrions, ensemble,  écrire un livre; une histoire où les pages de couvertures seront  nos draps, où nous écririons avec nos doigts et toute autre plume anatomique. Nous utiliserons une forme lyrique. Ce ne sera pas une nouvelle, mais un roman. Il faudra que ça dure, que ça captive; un récit vivant, que l’on lirait avec rage. Un synopsis croustillant où  l’intrigue sort de la page.

Tu devras être patiente. Je veux être expressif et un peu long dans la préface. Je vais remplir  ton papier. L’inspiration débordera, je ne laisserai aucune page blanche. Je t’écrirai de longs chapitres,  tu dégusteras une longue lecture. Une histoire imprévisible, pas de table des matières. Ne sois pas seulement lectrice, mais aussi actrice; je suis un auteur avide de réaction  de ses lecteurs. Je veux que tu y mettes du tien. Je veux entendre tes mots. Si tu n’aimes pas un passage, ensemble nous le remanierons, ou nous le prolongerons. Nous en ferons une narration progressive et adaptée.

Nous pourrions rédiger le récit à la manière d’un clavardage. J’écris, tu réponds. Je tape, tu réagis. Nous ferons comme tu veux, comme  nous l’entendons, comme nous le sentons. Tu as le droit d’inventer des mots sans aucun souci sémantique. Nous nous se moquerons de la définition, ce qui compte c’est la sensation. De toute façon, ça restera entre nous, il n’y aura pas de publication. C’est de la littérature spontanée, nous ne nous ferons pas éditer. Le lit et les murs seront nos seuls  témoins, nous ne serons donc pas commentés. Alors pas de règles, pas de limite. Il n’y aura pas de critique.

Je t’écrirai des phrases brutes, avec des tournures déroutantes et des mots percutants. Au mode infinitif, j’utiliserai des verbes d’action, je conjuguerai au temps présent.  Et, si je dois changer de temps, ca sera plus-que-parfait. N’oublie pas que tu participes aussi à la rédaction et à titre de réplique, tu peux utiliser des verbes d’état ou alors emploie des adverbes follement et bruyamment. Si tu comptes user de figures de style, propose moi des onomatopées. Je te préviens, je serai avare de ponctuation. Je laisserai de côté la grammaire; elle nous gênera, elle a trop de règles. Ecrivons comme si notre œuvre précédait l’Armageddon… Créons ensemble un monde d’effervescence littéraire.

Quand tout sera fini, nous ajouterons un épilogue et nous la signerons à l’encre de nos sueurs. Puis, je te regarderai dans les yeux, en murmurant, je demanderai: Aimes-tu écrire avec moi?

Steeve Bazile

Je suis Steeve Bazile, entrepreneur, journaliste, mais avant tout amateur de littérature. J’ai trouvé en cette dernière, un trésor surpassant toute forme d’intelligence : le bon sens. Le mien étant régulièrement aiguisé, je m’arroge donc de dire, de débattre, d’opiner, de contester, de questionner tout ce que je crois comprendre. Un érudit, dites-vous! Mais non, je ne suis qu’un profane… Le profane avisé!

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