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GOLD CUP 2019: Les Grenadiers peuvent remporter la compétition !

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Prétentieux, me diriez-vous. Et alors ! Je vous répondrais. Avec ces Grenadiers toutes les folies sont permises.

Hier encore, au terme d’un match hallucinant, au bout d’un scénario dramatique, la Sélection nationale s’est débarrassée de l’ogre canadien (3-2) pour s’offrir une place en demi-finales. Et maintenant, les Haïtiens commencent à rêver de titre. Depuis le début de la Gold Cup en 1991, nous n’avons jamais été aussi près de toucher le Saint-Graal.

Rien ne peut leur arriver. C’est l’impression que dégagent ces Grenadiers. Quatre matchs. Quatre victoires. Trois remontées fantastiques. Après être passés par toutes les émotions pendant ce tournoi, les Hommes de Marc Collat ont côtoyé l’enfer à plusieurs reprises. Et à chaque fois, à force de détermination, de courage, ils sont parvenus à se tirer d’affaire. Ce n’était que les Bermudes, disait-on. Bah oui… le Costa Rica nous avait sous-estimés, tentait-on d’expliquer. Mais, en attachant les Canadiens à leur tableau de chasse, Nazon et ses coéquipiers ont signifié à leurs futurs adversaires qu’ils ne sont pas là pour rigoler et qu’ils ont bien l’intention de ramener cette Coupe à la maison.

Nazon, quel leader… !

Ces Grenadiers portent fièrement leurs noms. Ils ont une âme de Guerrier. Ils ne capitulent jamais. On serait même tenté de dire qu’ils adorent se mettre en difficulté. Pour s’en sortir avec bravoure.

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Un homme cristallise cette indestructibilité haïtienne : Dukens Nazon. Comme une rebelle, il a refusé d’admettre les problèmes cardiaques que lui ont attribués les dirigeants du FC Tondela. Il refait les tests, et jure de revenir plus fort. Aujourd’hui il guide le onze national vers la victoire. Des victoires qu’il va chercher au fond de ses tripes. Que ce soit aux vestiaires, sur les réseaux sociaux, sur le terrain, Duckens est toujours le premier à partir l’assaut.

Hier encore, il a été précieux. C’est lui qui pousse Borjan à la faute pour inscrire le premier but et réduire le score. Sur le second but, il va au duel, gêne le défenseur canadien, le ballon parvient à Bazile, Godinho n’a d’autre choix que de faire faute. Pénalty. Bazile s’en charge et égalise. Nazon et les Grenadiers auraient pu s’en contenter. Mais, ils en voulaient un peu plus. Ils avaient encore faim.

Le numéro 9 haïtien, encore lui, aspire plusieurs défenseurs, impuissants, il adresse une passe en or à Donald Guerrier. Le Gamin de Port-à-Piment se charge de la dernière partie de ce chef-d’œuvre d’action. Un contrôle magistral suivi d’un dribble dévastateur lui ouvre le chemin du but. Morgan est dépité, il doit encore aller chercher la balle au fond de ses filets. Et à ce moment, plus rien ne pouvait nous arriver. Les Canadiens ont voulu rectifier le tir. Mais, les Grenadiers, comme Duckens Nazon, avaient du cœur.

À deux pas du bonheur… !

Nous avons fait les trois quarts du chemin. Mais, face à nous se dresse un mur. Il nous faut à présent réaliser plus qu’un exploit pour avancer. Nous devons désormais franchir l’obstacle le plus important de la zone Concacaf. L’une des sélections les plus solides du continent américain : Le Mexique.

Les hommes de Tata Martino partent favoris pour ce duel. Cependant, faut-il rappeler que les Grenadiers ont jusqu’à présent prouvé que leur ascension est indifférente des plafonds, quels qu’ils soient. Cette équipe s’est déjà taillé une belle place dans l’histoire du sport haïtien.

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S’ils arrivent à vaincre le Mexique, ils deviendront éternels. Ils entreront dans la légende. Le public haïtien n’attend que cela. Deux petites victoires et nous irons décrocher les étoiles. Deux petites victoires et Nazon et les siens pourront légitimement prétendre s’asseoir à la même table que Manno Sanon et sa bande. Deux petites victoires et Haïti pourra s’embraser, valser pour célébrer ses héros qui soulagent de la douleur de cette crise sociopolitique qui sévit dans le pays.

De toute façon, les Grenadiers nous ont déjà fait vibrer. Ils ont gagné notre respect. Grâce à eux, le football haïtien est passé à une autre dimension dans la région Concacaf. Et quand une équipe arrive à changer le regard, souvent condescendant, du monde sur tout un peuple, elle a déjà gagné nos cœurs. Cependant, nous voulons plus. Nous voulons la victoire finale. Nous voulons la Coupe. Nous voulons la Coupe d’Or. Allez, les Gars. Encore deux victoires, et vous la ramènerez, la Coupe d’Or, à la maison.

Spécialiste en droit du sport, Nathan Laguerre est avocat au Barreau de P-au-P. Il adore le football !

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