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Au revoir  Sahara !

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Je n’aurais jamais cru qu’un jour je prendrais un stylo pour écrire un texte faisant ton éloge.

En effet, lors de notre rencontre, je t’ai maudit à maintes reprises pour ta ruse, à l’origine d’une tempête de sable sur mon chemin emportant avec elle mon kit de survie, mon abri portable et mon unique moyen d’orientation : ma boussole !

Les légendes racontent ceux qui sont partis volontairement former des tribus en ton sein ; moi, par contre, je n’étais là que pour te visiter !

Alors, j’ai eu à me demander furieusement, pourquoi voulais-tu m’emprisonner ? Tu savais bien, ma belle, que l’autre côté du monde m’attendait. J’ai donc par tous les moyens cherché à survivre, pour retourner à la civilisation occidentale qui je le savais m’attendait…

Ma quête pour trouver de l’eau et de quoi me nourrir était interminable. Sous ton soleil brulant, je n’arrivais pas à supporter le poids même de mon corps. Je délirais. Tout ce que tu m’offrais, durant la nuit, n’était qu’une pleine lune, muette, avec qui j’ai voulu converser. Et pendant la journée, mon délire m’orienta vers ces cactus non sociables qui ne se laissaient même pas toucher. Tes horizons étaient monotones, les dunes ressemblaient toutes les unes aux autres.

Je m’allongeai donc sur ton sable attendant que la mort, à sa façon particulière, vienne me chercher. C’était clair, ma quête avait pris fin !

J’étais convaincu que ta compagnie était répugnante et que tu ne te comprenais pas toi-même, et donc, tu ne comprenais pas les autres.
J’ai ensuite fermé les yeux…

Quelques heures après, un vagabond versa sur mes lèvres quelques gouttes d’eau et m’interrogea sur ma présence  ici. Surpris par le sarcasme et la rapidité de la mort, je lui répondis que je l’attendais pour m’amener à ma destination ultime.

Il m’embarqua sur son âne et me transporta vers ta sortie. Sur le chemin, il m’offrit à manger, je compris donc que je n’étais pas dans l’au-delà et que la vie s’était moqué de la mort. En quittant cet endroit, je tournai la tête et la mélancolie m’envahit.

Je saisis alors ton système d’enseignement.

Le manque d’eau et de nourriture me fit comprendre que lorsque les ressources externes sont en manque, voir même inexistantes, il faut se tourner vers les ressources internes. La lune symbolisait l’espoir muet, mais tacitement présent, qui existait même dans ces moments les plus obscurs que nous négligions de voir parfois, tellement préoccupés par l’incertain et l’inconnu. Les cactus, eux, interpellaient la sagesse ; un peu comme les moines Shaolin qui se laissent injurier et crier dessus, mais ne se laissent point abuser. Peut-être la meilleure attaque après tout est la défense, comme ils l’enseignent.

Et enfin, ta leçon la plus grande me fut enseignée quand tu emportas par le moyen de ta tempête, ma boussole, qui était mon seul moyen d’orientation.

Tu voulus en fait me faire comprendre que parfois dans la vie, il fallait se perdre pour retrouver son vrai chemin !

Au Revoir Sahara !

Thierry Paultre

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