8:58 a.m. ce Mardi 29 Décembre 2015, j’apprends cette terrible nouvelle, un instant, je tremble, je ne veux pas y croire. Non je n’y crois pas. J’appelle nos amis proches. Oui c’est vrai. Pipo Georges est parti !
Ma mémoire se souvient encore de cette photo de jeunesse, à la garderie chez Madame Rousseau. 27 ans que nous nous connaissons. Nous avons fréquenté les mêmes écoles de la garderie au secondaire.
Ce jour là, après le drame, sur la terrasse, à Thomassin dès 10:00 a.m. on refait le monde. Ses amis parlent de lui en ces termes:
- « Pipo se zanmi tout moun »
- « Pipo te toujou tap bay anbyans »
- « Bon nèg ! »
- « Krèm gason »
- « Humble »
- « Renmen pwogram ! »
- « He was a motivator ! »
- « Menm leu ou pa vle fè pwogram lap ba w pwogram »
- « Son’ w nèg ki sèvi ak tout moun… »
- « Tout Pétion-Ville te konn Pipo. »
- « Se te yon bon moun…. Li te toujou happy.»
- « Un bon vivant. »
- « Musye te smart anpil. »
- « Entrepreneur dans l’âme, Presto Moto était son bébé … »
- « Li pat janm fè enmi… »
- « Musye te bon nan poker a vre! Musye ap pede kale … Pipo te fò anpil nan game la »
- « Lunèt musye a te spesyal, rayon X »
- « Se youn nan nèg Ayiti ki pap janm gen pwoblèm ak moun »
- « Li te konn fete, li te renmen fete, but li te gen sans responsabilite ! »
- « Sèl kolè li fè se ak machin li: « Woy machin la lage’m ankò »…. »
- « Silencieux et calme. »
- « Serviable »
- « Pipo toujou kontan wèw ! »
- « Zopipo !!! »
Pipo ne jugeait pas. Il écoutait. Pipo était l’ami, le confident. Le frère, le vrai.
Jami, un de ses fidèles amis, depuis l’Allemagne a voulu transmettre ses souvenirs: « Spontaneous, generous, caring, enjoyed life, most importantly he enjoyed spending time with his friends. ». Et il continue: « He was a very strong man also. Didn’t let the hiccups of life take him down ».
Stéphane a parlé pour lui et son jumeau Jonathan : «La générosité a toujours été sans mesure avec Philippe. Le Pipo que Jonathan et moi avons eu la chance de côtoyer, comme un frère, à toujours donné son amitié à qui le voulait, sans rien attendre en retour. Pipo a vécu en s’oubliant lui-même, s’assurant que tous autour de lui étaient heureux. Ainsi il vivait de petits moments de bonheur par ci et par là. Pipo était un ange parmi nous, il le sera aussi là haut, préparant la vraie Fête de Réunion avec ceux qui le garderont en vie ici- bas. A + frérot !»
Pipo hier encore nous avions prévu d’aller à Saint-Domingue le 31, ensemble, rejoindre certains membres de ta famille. On s’est parlé 4 fois dans la journée… Nos derniers mots, des vœux mutuels de bonheur… Si je savais que tu vivais tes derniers instants j’aurais tout fait pour te voir hier…
Je me souviens encore de nos groupes d’étude chez Colette Millet. La joie de vivre que tu nous apportais.
Un peu après à l’Institution Saint-Louis de Gonzague nous apprenions la vie, le monde, les gens. Tu ne faisais partie d’aucun cercle. Tu étais l’ami de tous.
À 16 ans la conjoncture nous sépara. Tu voguais vers la République Dominicaine ta nouvelle terre d’accueil. Nous nous sommes revus sur cette même terre 5 ou 6 ans après. C’était le même ami, grandi par la vie. À ton retour en Haïti, tous tes amis ont recommencé à te voir, aussi souvent qu’avant, avec la même joie de vivre. Ta présence était un rayonnement pour beaucoup.
« Ou tap pare kòw pou al nan afro-reggae, menm wè ou pa wèl » a dit un ami.
Les circonstances de la mort de Philippe sont très compliquées. Aucun d’entre nous ne comprend :
- Une version d’accident de la route : un camion l’aurait frappé et lui serait passé dessus – sans déchirures, ni blessures sur le corps, à part la tête ;
- Il y a aussi d’autres versions, aussi confuses les unes que les autres ;
On doit se poser de vraies questions sur la sécurité routière en Haïti. Comment retracer les « hit and run »? Comment faire parler les témoins? Comment gérer ce pullulement de camions, motos et chauffards, qui envahissent nos rues ? Comment gérer l’insécurité montante ? Comment faire le deuil d’un ami cher qui est parti?
Toujours est-il, tous les amis d’enfance proches de Philippe qui ont fait le même parcours que lui sont meurtris par ce départ : « Trop tôt, trop vite » clama l’un d’entre eux la gorge nouée par cette douleur lancinante qui affecte notre génération.
Ton descriptif sur instagram est : « Living everyday like it’s a party ! » : Oui Pipo a vécu chaque jour comme la Fête de La Vie ! He was the LIFE of the PARTY ! »
Jean-Philippe, un très bon ami commun, vivant à Miami eut à dire : « En Décembre dernier, nous étions ensemble, Jean-Paul, Philippe et moi. Nous avons partagé un après-midi agréable… Il nous avait invités à un p’tit bar, où nous faisions la réminiscence de nos souvenirs d’enfance communs. Nous projetions une éventuelle réunion de classe (Promotion 2000 de chez Colette Millet)… Philippe toujours serviable et attentionné : nous ne l’oublierons pas ».
Charles-Olivier profondément meurtri parla en ces mots : « Après qu’on se soit rencontré chez Colette nous avons développé une relation fraternelle. Nos familles se sont accueillies et nous avons vécu de vraies relations familiales. Ce sont des relations éternelles. J’ai perdu un frère, mais serai toujours là pour la famille. Pipo tu nous manqueras toujours. »
Sa sœur Stéphanie m’a confié ce qui suit : « Mon frère était brillant ! « He was a brilliant beautiful person !» ».
Au nom de tous tes frères, Pipo, je veux te faire savoir, une fois de plus, l’intense bonheur que nous avons eu, de t’avoir dans nos vies. Tu nous manques à chaque seconde. Une part de nous est partie, mais nous espérons te revoir un jour, avec le même sourire et la joie de vivre qui t’animaient tant.
« PIPO OU NAN KÈN ! »
Jean-Paul GUILLOBEL
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