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Jérémie Menez, mieux que Pelé

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En marquant du talon pour le Milan AC dimanche après-midi contre Parme dans un match pléthorique (5–4), le Français Jérémie Ménez, peut-être que vous ne le connaissez pas, a fait mieux que Pelé qui était obligé, dans une phase de jeu semblable contre le Pérou en 1970 (4–2) de passer en retrait au ras du sol, du talon aussi, et dans la même posture, à Tostao qui n’avait pu marquer, gêné par Hector Chumpitaz. Similarité n’est pas identité. À la vérité, Pelé est désavantagé au niveau de l’espace à exploiter.

Similarité

Pour Pelé, après une frappe de l’intérieur du pied droit sur la base du poteau gauche, le ballon flâne parallèlement au but péruvien à environ 1, 50 m de la ligne de but. L’ayant poursuivi, Pelé est obligé de donner dos au dit poteau dans une course parallèle à la ligne de but, pendant que le gardien et deux arrières se précipitent à ses basques. À la récupération, c’est par le talon droit qu’il use du ballon, en faisant face à la ligne de touche, position inconfortable.

Pour Ménez, s’étant saisi du ballon sur une passe en retrait trop molle d’un défenseur parmesan à son gardien, à gauche de l’entrée latérale du petit rectangle, ne disposant pas d’angle, il est obligé de dérouler un ceinturon (grand pont) pour éviter le gardien, de sorte que le ballon flâne parallèlement à la ligne de but, à 1,50 m de distance. À la récupération, c’est par le talon qu’il use aussi du ballon, en faisant aussi face à la ligne de touche, position inconfortable.

(De la premiere seconde à la quinzieme pour la video de Pelé)

Dissemblance

Elle vient :

  1. de l’action initiale ;
  2. d’une difficulté (un obstacle) rencontrée par Ménez sur la course de récupération du ballon ;
  3. d’une difficulté (le ballon dépasse le cadre du but) rencontrée par Pelé à la récupération du ballon.

En effet, c’est au rebond du ballon sur le poteau gauche que Pelé exécute sa talonnade-passe. Ce n’est pas de sa volonté que le ballon se meut. Il ne maîtrise donc pas la vitesse du ballon qu’il est allé récupérer jusqu’au-delà du poteau opposé. Ménez, pour sa part, a imprimé la force qu’il faut au ballon pour, après avoir contourné le gardien, trouver le temps de le récupérer avant qu’il ne dépasse le cadre du but.

Le mérite de Ménez est supérieur à celui de Pelé en ce sens que le Français, n’ayant pas assez d’espace pour dribbler balle au pied du côté de la ligne de but et sachant que dribbler vers le terrain avant de tirer au but vide l’aurait mis face à face avec deux défenseurs accourus, a fait l’option du dribble long du « ceinturon » (grand pont). Mais en contournant le gardien, l’espace était si réduit qu’il a dû courir deux bons pas en dehors du terrain, contourner aussi le poteau (force et souplesse) pour retourner sur le terrain et devancer les défenseurs et le gardien à la récupération du ballon avant que celui-ci ne laisse le cadre du but.

A contrario, le ballon récupéré par Pelé avait dépassé le cadre du but. La solution de la passe était alors une nécessité. Il faut alors apprécier l’enregistrement par le cerveau du Roi de la position de ses adversaires, du mouvement et du placement de Tostao.

Enfin, mérite suprême pour Ménez : il a planté son calcanéum au-devant du ballon avec une telle énergie et une telle pureté de geste que sa talonnade en pieds croisés, comme celle de Pelé, a eu l’effet de pelletée idoine pour que le ballon passe à plus d’1,50 m du corps du gardien qui avait plongé désespérément, tandis que deux défenseurs trop tard arrivés ne pouvaient que contempler le douloureux chef-d’oeuvre.

Patrice "Pepé" Dumont est professeur d’Histoire, Relation internationale et Communication. Journaliste et commentateur sportif, il dirige l’émission Sportissibo à Radio Ibo. Reste toujours impliqué dans la vie politique et sociale d’Haïti.

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