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Opinion | Pardon, mais le football me manque !

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J’ai hésité. J’ai encore peur d’affronter mes pensées décalées, si éloignées de la réalité.

À un moment où l’humanité compte ses malades et ses morts par milliers, mon mal de football ne devrait être que le cadet des soucis. Et pourtant ce manque me pèse sur le cœur, comme il doit oppresser des millions de footeux un peu partout à travers le monde. Ce billet chronique un mal être qui, de toute évidence, ne fait que commencer.

Le débat sur le bien-fondé du confinement a tout son sens. N’est-ce pas une atteinte aux libertés les plus fondamentales d’un individu de le retenir prisonnier chez lui, loin de sa famille, de ses amis, de ses semblables et de ses passions.

Mais, l’Homme à l’ère du Covid 19 se doit de payer ce lourd tribut. Un peu comme si la survie de notre espèce en dépendait. On n’en peut plus de ces débordements dans les hôpitaux presque partout dans le monde, de ces entreprises funéraires à bout de souffle, de ses fosses communes qui regorgent… on n’en peut plus de cette saloperie de maladie qui nous rappelle tant de fragilités.

Le monde est en guerre, disent certains, avec une pinte d’exagération. Ce n’est qu’une maladie, qu’une nouvelle pandémie comme la race humaine en a déjà connue, disent d’autres. Ce n’est qu’une page de plus de notre histoire. Ce n’est pas la fin du monde. Du moins, pas encore.

Humanité oblige, je suis de ceux qui croient que nous devons tout faire pour freiner ce mal, pour endiguer cette pandémie, et pour faire plaisir aux plus belliqueux d’entre nous… pour gagner cette guerre. Mais, à quel prix ?

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Je ne l’ai jamais caché. Le football est de loin, ma plus grande passion dans la vie. On me dira, il y a ta famille, tes parents, ton travail, ta profession, l’éloquence que tu sembles porter en très haute estime. On me dira que tu dois sans doute avoir d’autres amours aussi fortes. On me dira sans doute, pour me nuire (clin d’œil à Patrice Dumont à cause duquel je suis tombé dans la marmite quand j’étais petit), que les autres disciplines sportives devraient autant me manquer.

Mais, rien tout cela ne m’enlève ce chagrin de ne pas pouvoir profiter de ce que j’aime le plus au monde, le rectangle vert. Bien sûr, il y a ma vie, mon intimité… je suis un homme heureux, comblé de ce point de vue (p’tit clin d’œil à toi, si tu lis ce papier). Vraiment, le mieux qu’on peut espérer. En dépit de tout, le foot me manque énormément.

Je ne vis pas de confinement strict pour l’instant. Mais, mes déplacements sont limités au strict nécessaire. Je passe beaucoup de temps à la maison. J’ai la chance d’habiter une zone plus ou moins bien alimentée en courant électrique. Mais, quand tu passes un week-end entier, à zapper sur près d’une centaine de chaines dans l’espoir de tomber sur une rediffusion d’un match de football, là tu comprends que ton mal est profond.

Depuis, le mois de mars, l’Europe du football que nous consommons le plus est entrée en confinement. Le reste du monde n’a pas tardé à suivre. À ce jour, le championnat biélorusse est l’un des rares à se jouer encore. Et là encore, il ne nous est pas accessible. En tout cas, pas à moi. Le championnat national n’a pas résisté au premier cas de Covid-19 déclaré.

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À ce jour, la ligue des Champions devrait entrer dans sa dernière ligne droite. On aurait déjà pu connaitre l’identité du champion anglais. Oui, Liverpool qui attend cela depuis trente ans… le Paris Saint Germain a enfin franchi un cap en Ligue des Champions. On avait hâte de voir la suite. La Lazio et l’Inter semblaient, pour une fois, être en mesure d’aller chercher le trône de la Juve. Zidane, avec le Réal, était en grande difficulté face aux Citizens de Guardiola. On avait envie de voir cela aussi… pas moi, mais bon !

C’était l’année de la Coupe d’Europe des Nations, des Jeux Olympiques, de la Copa Amércica (encore). Un été riche en émotions nous attendait. On n’aura rien ou très peu de tout cela. Pardonnez-moi, mais, je pense avoir le droit, d’en être triste.

J’étais un apôtre du confinement. Par instinct de conservation, je le voulais. Je le désirais. Il me paraissait être la seule issue pour rester en vie. Mais, sans football, il peut précipiter ma chute. Je n’arrive pas à m’imaginer à la maison pendant deux, trois mois, sans le génie de Messi, sans les exploits de Cristiano Ronaldo, sans les chutes de Neymar, les bourdes de De Gea, les tacles de Vidal…

Et putain, ça me manque ! Ô football, fruit de toutes mes passions et de mes désirs insatiables, tu me manques. Tu me manques comme au premier jour. Tes vices, tes déceptions, tes joies inégalables manquent à ma très imparfaite personne. Tes gémissements (dans les stades), tes frissons…

Tu manques aussi aux parieurs, surtout ceux-là qui misent sur toi, alors qu’ils ne te connaissent même pas…

Tu manques à tes nombreux amoureux, qui sans jalouser te partagent…

Tu me manques aux grands, tu manques aux petits… de Pelé à Messi…

Tu dois manquer à Omar Da Foncesca, comme à Cius Clermont, parti pour l’au-delà…

Eniweeeyyy, tu nous manque à nous tous… anytime nous ouvrons nos télés…

Les belles et douces passions sont celles qui se vivent seules. Loin des regards et des jugements des autres. J’aurais dû garder ma peine et ne pas vous ennuyer avec mes problèmes. Surtout, qu’ils sont à vos yeux très mineurs, par rapport à la crise actuelle. Vous avez certainement raison. Que dis-je, sans aucun doute. Mais, comme les bals, les bordels, les messes, le théâtre, les maitresses… doivent manquer à certains d’entre vous, eh bien, le football me manque à moi aussi. J’ai tout, sauf ça. Un seul être vous manque, le reste est dépeuplé.

Nathan Laguerre

Spécialiste en droit du sport, Nathan Laguerre est avocat au Barreau de P-au-P. Il adore le football !

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