ÉCONOMIE

L’année 2020 était une catastrophe pour l’économie haïtienne

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Ayibopost dresse le bilan économique de l’année 2020, pour Haïti. Elle était terrible. Mais plus inquiétant encore, les perspectives pour l’année 2021 font craindre le pire.

 

L’exercice fiscal 2019-2020 a été difficile pour le pays. Les chocs ont été successifs. Bien avant le coronavirus, Haïti avait connu son confinement, à cause d’un pays lock au premier trimestre de l’exercice. Des entreprises ont été décapitalisées, des emplois détruits. 

Dès 2020, les premières traces d’instabilité politique se sont manifestées, après que le président ait constaté le dysfonctionnement du Parlement. La date du 7 février a cristallisé beaucoup de tensions.

Le Coronavirus, même s’il n’a pas affecté le pays autant qu’on aurait pu le craindre, en matière sanitaire,  a pesé sur l’économie. Même les secteurs qui n’étaient pas touchés par le pays lock, comme la sous-traitance, ont commencé à montrer des signes de stress.

Au cours de l’exercice, le taux de change a connu un revirement jamais observé avant, tant la gourde s’est appréciée par rapport au dollar. Mais, les économistes relativisent, car cette soudaine appréciation ne signifie en rien que le problème de l’instabilité du taux de change a été résolu. Au contraire, les fondamentaux de l’économie comme l’offre et la demande, la production nationale, les investissements directs étrangers, n’ont pas évolué.

Les perspectives pour l’année 2021 ne sont pas réjouissantes. Non seulement le coronavirus ne disparaîtra pas de sitôt, mais aussi l’instabilité politique est à craindre. Le pays est déjà confronté à une nouvelle vague d’enlèvements contre rançon, au premier trimestre de ce nouvel exercice. L’optimisme n’est pas de mise.

Confinement avant l’heure

Le Peyi lòk a affecté beaucoup d’entreprises durant le premier trimestre de l’année fiscale 2019-2020, notamment, celles du secteur tertiaire (le tourisme, la restauration ou le commerce).

Les secteurs de la production nationale, avec l’agriculture ou même les industries, ont subi le choc eux aussi. De plus, une pluviométrie moins abondante que prévue a très affecté les agriculteurs. Pour ce trimestre, près de 4 millions d’Haïtiens avaient besoin d’une aide alimentaire d’urgence, soit environ 35% de la population.

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Dans une enquête réalisée par la banque centrale, explique Kesner Pharel, PDG du Groupe Croissance, plus de 35% des entrepreneurs ont rapporté que leurs biens avaient été détruits. Pendant ce premier trimestre, il n’y a que le secteur textile qui n’avait pas subi un énorme choc. Des emplois ont même été créés.

Fritz Jean, économiste, ancien Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti, a quant à lui observé un décrochage de la production nationale. Il était difficile de circuler et transporter des produits d’un point A à un point B, explique-t-il. 

Les conséquences ont été considérables. On a observé une baisse de 54 % des importations et de 12 % des exportations, au premier trimestre en 2019-2020 par rapport au dernier trimestre de 2018-2019, selon les chiffres de la Banque de République d’Haïti (BRH).

 

65 % des entreprises interviewées, durant 2019-2020, ont dû mettre à pied ou en disponibilité 10 à 25 % de leur effectif.

 

« Le pays fonctionnait au ralenti, à cause d’une baisse considérable au niveau des recettes de l’État due à la baisse des importations, rapporte Fritz Jean. En faisant le calcul avec le taux de change, par rapport à 2018-2019, on a perdu environ 414 millions de dollars américains, au niveau des rentrées avec l’international pour 2019-2020. »

Pour l’économiste, il était normal que le Fonds monétaire international (FMI) ait prévu une chute de 1.2 % du PIB pour Haïti, en 2020, tandis que la Banque mondiale prédisait aussi une contraction du PIB de 1.9 %. « Je pense que la baisse est encore plus considérable», ajoute Fritz Jean.

Cependant, cette année, le pays a été épargné par les catastrophes naturelles telles que les ouragans et les cyclones, remarque Debora Descieux, économiste. Sinon, cela aurait totalement détruit le secteur agricole qui a déjà affronté Peyi lòk, et qui maintenant se bat contre la COVID-19.

COVID-19, la pandémie redoutée

Frontières fermées, ports et aéroports en arrêt de fonctionnement, pas de touristes ou de « diasporas ». Couvre-feu, plus de vie nocturne, fermeture des night clubs, restaurants ou bars. 

Les marchés de provisions alimentaires, dans les quartiers, ont dû réduire leurs jours de fonctionnement. Une masse de travailleurs venant de différents secteurs, dont celui de l’assemblage sont au chômage. Ce sont les conséquences de la COVID-19 en 2020.

« Les gens qui avaient un peu de liquidité évitaient aussi d’aller dans les marchés [informels], pour ne pas avoir de gros contacts avec les autres, fait remarquer Emmanuela Douyon, économiste, présidente de Policité. Ensuite,  à cause de l’incertitude, les gens s’abstenaient de dépenser le peu d’argent qu’ils avaient dans le superflu. »

Dans le secteur de l’assemblage, Fritz Jean estime qu’il y a eu entre 10 et 15 000 emplois perdus, entre mars et mai 2020.

Les petites et moyennes entreprises qui ont dû fermer après les impacts du Peyi lòk, n’ont pas pu rouvrir leurs portes. Et les redevances envers leurs banques n’arrangeaient pas les choses. « D’après une enquête de la BRH, 65 % des entreprises interviewées, durant 2019-2020, ont dû mettre à pied ou en disponibilité 10 à 25 % de leur effectif, partage Fritz Jean. Le coefficient d’aérage contrôle les prêts non payés ou improductifs sur le portefeuille des prêts. Généralement, il varie entre 1.5 et 2 %, mais pour le premier trimestre de l’année fiscale 2019-2020, surtout après le Peyi lòk, il était de 7.5 %. »

La Banque centrale a dû prendre certaines mesures pour soulager les banques, les entrepreneurs et la population en général. Ainsi, pour la période du 23 mars au 30 juin, la BRH a renoncé aux frais de 35 gourdes sur les virements entre banque à banque (SPIH). Elle a aussi mis un moratoire sur certains crédits, entre autres décisions. 

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Dans le secteur de l’assemblage, Fritz Jean estime qu’il y a eu entre 10 et 15 000 emplois perdus, entre mars et mai 2020. La grande majorité de ces personnes sont revenues sur le marché du travail entre-temps, mais il y a toujours des milliers d’emplois qui n’ont pas été récupérés, même durant la fin de l’année civile.

Le secteur tertiaire (commerce, restauration) a connu une baisse d’activité de -4.6 % au troisième trimestre 2020, par rapport à l’année dernière, selon des informations de l’IHSI, partage Enomy Germain, auteur du livre Pourquoi Haiti peut réussir. Le secteur secondaire (manufacture, industrie) quant à lui, a eu une baisse d’activité de -10.1 %. Et pour l’agriculture, la décroissance est de -6.2 % par rapport au troisième trimestre  de 2019.

Durant le deuxième trimestre de l’année, les transferts privés venant de la diaspora ont diminué d’environ 8.16 %, rapporte Enomy Germain. « La diaspora aussi était dans une situation difficile », estime-t-il, en considérant les ravages de la COVID-19 dans le monde. D’ailleurs, avec la pandémie qui n’est pas encore maîtrisée, pour 2021, la Banque mondiale prévoit une chute de 14 % des transferts à travers le monde.

Les envois d’argent de la diaspora ont repris autour du mois de mai 2020 en Haïti, avec 230 millions de dollars américains provenant uniquement des États-Unis. « À ce moment, les gens ont commencé par bénéficier un chèque de leur gouvernement (États-Unis ou Canada) qui souhaitait leur donner assistance », explique Emmanuela Douyon.

Globalement, lorsqu’on regarde l’année fiscale 2019 – 2020, les activités économiques de manière conjoncturelle ont diminué de -6.1 % par rapport 2018-2019, d’après l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI).

Cependant, certains secteurs, comme la téléphonie mobile ou les transactions en ligne, ont été favorisés. La consommation d’Internet a augmenté de 13 % en 2020. Au total, 3,68 millions d’Haïtiens ont utilisé le réseau en janvier. Les connexions mobiles s’élevaient à 7,15 millions, une augmentation de 3,5 % par rapport à 2019.

Miracle de la gourde?

La crise du taux de change n’a pas débuté avec la COVID-19. La gourde se dévaluait de plus en plus depuis quelque temps. Mais la pandémie a sans aucun doute pesé de tout son poids dans l’envolée du taux de change de la gourde face au dollar. Pas de touristes ou de diasporas, donc pas de rentrée physique de devise étrangère, surtout le dollar américain. Or, rapporte Thomas Lalime, économiste, près de 30% des rentrées de devises étrangères se font en dehors des circuits bancaires, lorsque quelqu’un revient de l’étranger. 

De plus, au mois de juin, le pays était déjà à 30 milliards de gourdes de déficit budgétaire. Ce niveau de déficit alimente la dépréciation de la gourde, et cela oblige la banque centrale au financement monétaire. La BRH crée ainsi des devises, ce qui augmente la masse monétaire de gourdes en circulation, donc décroît la valeur de la monnaie locale. Pour arrêter l’hémorragie, les autorités monétaires ont décidé de fermer l’année fiscale au 4 septembre 2020. 

Mais la BRH est intervenue. D’abord, elle a pris des sanctions à l’encontre d’UNIBANK et de Capital Bank, et l’un des volets de ces sanctions concernait le taux de change. En outre, la banque centrale a procédé à des injections de dollars sur le marché de change. En tout 150 millions de dollars américains, du 10 août au 30 septembre 2020, dans un premier temps. 

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Cette somme représente 46 % des besoins du marché de change en Haïti. Pourtant durant cette même période, on a assisté à une baisse considérable du taux de change, de pratiquement 50 %.

Selon Kesner Pharel, 150 millions de dollars ne représentent pas beaucoup dans un marché des changes de près de 4 millions de dollars par jour. Cela signifie que la dépréciation de la gourde n’avait rien à voir avec les fondamentaux de l’économie. 

« Cela n’a rien d’une théorie de complot, explique Emmanuela Douyon. Ce n’est pas qu’il est facile de provoquer l’appréciation de la gourde.»

Mais si l’on considère l’année civile, on remarque que la baisse n’est pas si importante que cela. Elle est d’environ 24 %, a calculé Enomy Germain. C’est aussi pour cela que Fritz Jean qualifie cette appréciation de la gourde de « fiction ».

Le dollar reprend déjà un peu de sa vitesse de croisière, à la hausse.

 « Le taux du marché informel est différent, observe Enomy Germain. Il est de 87 gourdes, ou plus, pour un dollar, à certains endroits. »

Les entreprises, les ONG qui ont dressé leur budget à 80 ou 90 gourdes pour 1 dollar américain, en janvier, ont eu beaucoup de difficultés à terminer l’année. Dans le secteur de l’industrie de la sous-traitance qui payait 5 dollars américains avec un taux qui passe de 100 à 60 gourdes, le salaire minimum est donc passé de 5 à 8 dollars américains.

Emmanuela Douyon estime que toute l’année 2020 a été caractérisée par l’instabilité du taux de change. Et c’est là que se trouve la vraie source du problème. L’instabilité du taux de change crée l’incertitude, et cela n’est pas un environnement propice à la planification économique.

D’un autre côté, même si le dollar américain valait plus que la gourde en janvier, qu’en décembre 2020, le coût de la vie dans le pays est plus élevé en décembre 2020 qu’en janvier. L’inflation était de 20.7 %, en janvier 2020, et d’après les dernières données publiées par l’IHSI, en octobre 2020, elle était de 21.6 %. 

La peur qu’engendre l’insécurité peut entraver la productivité et pousser des personnes à fuir le pays.

Au mois de juillet, d’après la BRH, cette inflation était estimée à 25,7%, en glissement annuel. Mais à partir du mois d’août, parallèlement à l’appréciation de la gourde, les prix ont commencé à diminuer. “ Entre les 22 et 29 septembre 2020, l’Indice des Prix des Produits Alimentaires (IPPA) 1 sur le marché local a reculé de 17,66 %, marquant ainsi une troisième semaine consécutive de baisse de l’indice”, peut-on lire dans la note de politique monétaire de la BRH, pour le dernier trimestre de l’exercice fiscal de 2019-2020.

L’insécurité augmente

Les ménages des couches moyennes du pays sont en train d’être paupérisés, déplore Fritz Jean. Ils sont obligés de faire la collecte ou des levées de fonds parmi leurs amis et familles, pour payer des rançons.

En 2020, le Collectif Défenseurs Plus, affirme qu’il y aurait eu plus de 3 000 enlèvements. Et tout cet argent, même de manière illégale, n’est pas réinvesti dans l’économie, selon Emmanuela Douyon. Une fuite de milliers de dollars américains, gagnés rudement par les familles haïtiennes, vers l’étranger.

L’insécurité, surtout le kidnapping, décapitalise les familles, selon Thomas Lalime. “La psychose de peur que provoquent ces cas d’enlèvements ralentit l’activité économique, dit-il. De plus, tout cela dépasse le cadre des seules familles touchées, car d’autres personnes sont invitées à contribuer, pour faire libérer les victimes.”

De maniere globale, l’insécurité a de graves consequences. Pour Fritz Jean, elle est une forme de gouvernance de la part de l’État haïtien, car certains acteurs économiques semblent ne pas être du tout affectés. Pourtant, c’est devenu encore plus coûteux pour un entrepreneur de protéger ses biens et ses employés.

 « Au cours des pics d’insécurité, la majorité des gens qui dédouanent leurs marchandises ne peuvent pas le faire, note Fritz Jean. Mais certains le peuvent. Ils ont le soutien de la Police nationale pour transporter des marchandises. Donc, les appareils de l’État sont instrumentalisés pour consolider certaines entreprises aux dépens d’autres. »

Debora Descieux, quant à elle, veut tirer la sonnette d’alarme sur la santé mentale des gens. La peur qu’engendre l’insécurité peut entraver la productivité et pousser des personnes à fuir le pays. En extrapolant, cela peut aussi avoir un impact sur l’activité économique, car la richesse du pays est autant humaine que naturelle.

Croissance en berne

C’est la première fois depuis l’embargo de 1991 qu’Haïti a connu deux années consécutives de décroissance. Il a fallu près de quinze ans au pays pour rattraper le retard causé par cette crise de l’embargo. “C’est en 2008 que le niveau du produit intérieur brut réel a rattrapé le niveau d’avant 1991, explique Thomas Lalime. A plus forte raison, pour trois années de récession, cela pourrait prendre encore plus de temps.” Lors de l’embargo, la croissance négative a atteint -8,28%.

Selon Kesner Pharel, les prévisions ne semblent pas bonnes pour le pays. “La Banque mondiale et le Fonds monétaire international prévoient une croissance faible située entre 1,2% et 1,4%. Mais ce ne sont que des prévisions, on ne sait pas ce qui va se passer”, explique-t-il.  

Après le tremblement de terre de 2010, l’économie avait certes connu un grand choc, mais elle s’était rapidement reprise, grâce à l’argent qui rentrait. Cette année, cela ne sera pas le cas, selon toute vraisemblance. “La population haïtienne croît à un taux démographique de 1,5%, dit Kesner Pharel. Quand il y a croissance démographique, mais que la croissance économique ne suit pas, c’est un problème.”

Haïti n’a jamais connu une décennie de croissance positive, depuis 1980, affirment les économistes. Depuis, le pays a connu une croissance en dents de scie, tantôt à la hausse tantôt à la baisse.  

Perspectives peu réjouissantes

Si l’année fiscale écoulée, tout comme l’année civile, a apporté son lot de mauvaises nouvelles, l’année 2021 ne devrait pas être différente. Les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets. L’insécurité observée au premier trimestre de l’exercice fiscal 2020-2021, et qui était déjà présente en début et milieu d’année, ne semble pas prendre une courbe descendante. Les cas d’enlèvements contre rançon continuent. La peur qui pèse sur les ménages a des conséquences réelles sur la production de richesse. 

Mais, en 2021, la possibilité de troubles politiques, donc d’instabilité, fait figure d’épouvantail. Des élections sont prévues, mais rien ne dit qu’elles auront lieu. Selon Thomas Lalime, il se profile à l’horizon une troisième année consécutive de croissance négative. “En 2020, il y a certes eu une pandémie, mais il n’y avait pas une grande instabilité politique, le président était seul maître à bord. Ce n’est pas évident que 2021 sera aussi stable”, analyse l’économiste.

Lire enfin: Pourquoi Haïti connaît-elle une croissance négative ?

Pour le coronavirus non plus, les perspectives ne sont pas intéressantes, malgré l’annonce de campagnes de vaccination partout dans le monde. Selon Lalime, un pays comme le Canada prévoit que c’est en septembre 2021 que la vaccination pourrait prendre fin, après qu’un maximum de personnes aient leur dose, pour une immunité collective optimale. 

D’ici à la fin des campagnes de vaccination, il est probable que certaines choses ne changent pas, parmi elles, les restrictions de voyage, ou encore de nouveaux confinements. En Angleterre par exemple, une nouvelle mutation de la covid-19 met le pays sens dessus-dessous, tout comme les nations européennes voisines. 

En Haïti, aucune campagne de vaccination n’est encore annoncée. Au niveau international, tout porte à croire que les pays pauvres, dont fait partie Haïti, seront desservis bien après les pays riches, qui ont déjà commandé des millions de doses des différents vaccins.

Même si pendant l’année 2020 le coronavirus n’a que très peu affecté Haïti, en 2021, la pandémie peut être couplée à l’instabilité politique, ce qui peut décupler leur effet combiné sur l’économie.

Enomy Germain n’est pas non plus prêt à croire que l’année 2021 sera meilleure. Selon lui, il faut plutôt s’attendre à pire que l’année écoulée.

Il faut donc déjà penser à comment sauver l’année. Kesner Pharel croit que la première solution passe par la stabilité politique. “L’investissement est l’un des moteurs de l’économie, dit-il. Quand les gens ont peur, ils consomment moins, ce qui ralentit la création de richesse. Même si le gouvernement reste optimiste pour l’année 2021, plusieurs secteurs ne le sont pas. Il faut de la stabilité, il faut résoudre la crise politique, mettre davantage de contrôle sur les dépenses publiques.”

Hervia Dorsinville et Jameson Francisque

La rédaction de Ayibopost

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