Nous ne savons pas par quelle magie ou par quelle science l’Haïtien peut-être aussi innovateur en matière de sexe. Maitrisant une chimie sans laboratoire aucun, il s’adonne à toute une série de mélanges dont la consommation a pour seul but d’accroître l’endurance et la performance sexuelle à tout moment et en tout lieu
Ainsi, il y a tout un ensemble de compositions communément appelées « Boutèy » que l’on prépare méticuleusement. Certaines de ces « boutèy » vont jusqu’à prendre ou passer « 7 jou seren ». C’est tout un « savoir-faire ». S’il n’y a pas longtemps que le « buzz » était une affaire de « Maggi ak Toro », maintenant on avance avec une expérience encore plus insolite que jamais, c’est le procédé ou la théorie des Trois (3) grains de sel ; à savoir : 2 grains de sel versés dans une bière Guinness, et un troisième placé dans l’anus. Cette formule garantirait une vigueur d’étalon.
Il y a aussi des applications, par exemple : de la glace, ou du dentifrice à base de menthe (dont la marque Crest en particulier) sur le gland de la verge. Ces méthodes font la concurrence et dépassent en loin les produits plus traditionnels connus sous les appellations : « pwa » ou « sòs pwa ».
Et en ce qui a trait à la démarche pour l’accroissement exagéré de l’organe sexuel masculin, le classique « graisse cacao » n’est plus de mise. La tendance est maintenant au « bave bèf melanje ak lwil koulèv ». Le nom est explicite et reste fidèle au procédé. Les détracteurs ne pourront certainement pas dire que cette formule n’est pas naturelle.
Par ailleurs, sans prendre en compte les mélanges qui ont pour but d’empêcher la grossesse après une relation sexuelle sans préservatif, une autre science existe pour augmenter la masse corporelle ou sa corpulence. L’homme haïtien ne tolérant pas la minceur, il faut que l’on soit « plein » pense-t-il. La grosseur devient un privilège, un atout ; c’est même synonyme ou facteur de respect. Et l’on doit lutter pour ses rondeurs par un régime alimentaire ou par la chimie.
Les cocktails proposés par les pseudo-pharmaciens sont à la fois simples et paradoxalement compliqués. En voici quelques-unes : « duven (vino tinto) + cyprotadine ak lèt » — « bouyon ak lèt » — « chokola ak ze kri » — « dlo spageti sikré ak lèt » — et le fameux « seròm ak lèt » injecté… Après tout, la formule est claire : « Tout sak pa tuye w, li angrese w ».
Sauf que, si l’on continue ainsi, nous sommes prêts à parier qu’un jour, un haïtien sans le vouloir finira par produire lui-même à travers un mélange quelconque un narcotique létal (Un Baygon* ou un Chlorox*) pour ensuite le consommer, soit pour gagner en endurance ou en « grosseur ». Bien entendu, il mourra ; et l’on dira avec empressement « pwazon yo ba li » ou « Djab ki manje l ». Car au final, on ne fait jamais d’erreur quand il s’agit de mélange dans ce pays. Tout le monde est chimiste, et le Diable a « bon dos ».
Ricardo GERMAIN
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