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Des écoles publiques prennent goût à surfacturer les parents haïtiens

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Les montants exigés par ces écoles, en plus d’être illégaux, dépassent souvent la capacité financière des parents à faibles revenus

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Une circulaire de 2017 du ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP) fixe à 1 000 gourdes les frais scolaires dans les écoles publiques pour le troisième cycle du fondamental et du secondaire.

Cette disposition semble être ignorée dans plusieurs établissements publics du pays où un montant parfois plus de trois fois supérieur est réclamé de parents qui souvent envoient leurs enfants dans les écoles de l’État par manque de moyens économiques, constate AyiboPost.

Pour l’année scolaire 2022-2023 par exemple, les élèves du Lycée Toussaint Louverture du Cap-Haïtien ont dû verser 3 000 gourdes, révèle à AyiboPost un enseignant et un élève en NS3 de cette institution.

Pour l’année scolaire 2022-2023, les élèves du Lycée Toussaint Louverture du Cap-Haïtien ont dû verser 3 000 gourdes.

Cette pratique reste illégale. «Un directeur de Lycée qui décide de demander aux élèves des frais supérieurs à 1 000 gourdes est passible de sanctions», déclare à AyiboPost France Étienne Louisseul, directeur départemental de l’Éducation de l’Ouest (DDEO).

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D’après Louisseul, rien n’autorise un «responsable d’établissement public de demander plus que les frais fixés par l’État».

Le directeur du Lycée Toussaint Louverture du Cap-Haïtien, Jean François Benito, confirme à AyiboPost exiger 3 000 mille gourdes des parents. Cette somme, dit-il, couvre les frais de fonctionnement de l’établissement, apporte l’énergie pour une salle informatique et permet l’achat d’un maillot avec le logo du Lycée.

Les 1 000 gourdes fixées par le MENFP ne peuvent pas couvrir les dépenses de fonctionnement de l’établissement, poursuit le directeur Jean François Benito.

Selon la circulaire du MENFP, les frais scolaires sont prohibés pour les 1er et 2e cycles du fondamental (de la 1ère à la 6e année). Les frais pour ces élèves «sont payés [directement] par le MENFP grâce au financement du Fonds National d’Éducation (FNE)», confirme à AyiboPost France Étienne Louisseul.

La Direction de l’École Nationale de Plaisance dans le département du Nord ne respecte pas ces dispositions. Selon trois élèves contactés par AyiboPost, l’institution exige 1 300 gourdes aux élèves des 1er et 2e cycles du fondamental.

Cette pratique reste illégale. Un directeur de Lycée qui décide de demander aux élèves des frais supérieurs à 1 000 gourdes est passible de sanctions.

D’après la circulaire de 2017, le montant réclamé par le MENFP pour le 3e cycle fondamental et du secondaire doit couvrir un paquet de services comprenant les frais de nettoyages pour l’école, la confection des dépliants, l’achat de papiers pour les périodes d’évaluations prévues dans le calendrier scolaire et d’autres activités pédagogiques.

Miguel Fleurijean, directeur de l’enseignement secondaire au niveau du MENFP, mentionne que les écoles à faible capacité reçoivent additionnellement un soutien du ministère pour faciliter leur fonctionnement.

Dans le cas exceptionnel d’écoles ayant un surplus de revenus, la direction départementale peut réclamer jusqu’à 40 % des frais comme «contribution pour l’organisation des examens officiels», dit Fleurijean.

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Selon des acteurs du système contactés par AyiboPost, les mesures prises par les autorités éducatives sur les frais ne prennent pas nécessairement en compte la réalité du terrain. Bien que l’État rémunère leur personnel et fournisse aux écoles publiques des frais de fonctionnement, ces structures font face à de nombreuses difficultés.

Le Coordonnateur général de l’Union nationale des normaliens haïtiens (UNOH), Josué Merilien, reconnait l’illégalité «récurrente» de la réclamation de frais supplémentaires.

Le syndicaliste rappelle cependant que les responsables d’écoles font face à des problèmes de moyens pour assurer le bon fonctionnement des établissements dans un contexte où le MENFP n’honore pas toujours ses engagements.

Bien que l’État rémunère leur personnel et fournisse aux écoles publiques des frais de fonctionnement, ces structures font face à de nombreuses difficultés.

Cependant, ces montants dépassent souvent la capacité des parents à faibles revenus.

Sur le bordereau du 3e cycle fondamental pour l’année scolaire 2022-2023 à l’École Nationale de Drouin de Verrettes, il est inscrit que les frais scolaires sont fixés à 2 000 gourdes, observe AyiboPost. Cette somme doit être versée sur un compte de l’école logé dans une caisse populaire de cette commune du département de l’Artibonite, confie à AyiboPost une personne au courant de cette pratique.

Dépliant d’inscription à l’École Nationale de Drouin de Verrettes pour l’année scolaire 2022-2023.

Un professeur travaillant au Lycée Jacques Stephen Alexis de Verrettes révèle que le frais scolaires annuels sont fixés à 1 500 gourdes.

D’autres sommes non prévus par le MENFP sont également réclamés des parents.

Pour qu’un élève ait accès aux salles d’examens à l’École Nationale du 3e cycle de Drouin, à chaque contrôle, il doit verser 250 gourdes à la direction, d’après un élève de l’établissement.

Les frais dits d’examen s’élèvent à 150 gourdes à l’École Nationale de Plaisance, selon trois élèves.

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Les directeurs départementaux et les inspecteurs chargés de faire appliquer les dispositions du MENFP semblent ne rien faire pour contraindre les contrevenants à rentrer dans les rangs.

Pourtant, les directeurs d’écoles se lançant dans ces pratiques risquent gros. Bien qu’ils utilisent parfois diverses stratégies pour rassembler les frais additionnels «sans laisser de traces afin d’échapper aux éventuelles sanctions des autorités éducatives», ils sont «passibles de sanctions et peuvent être révoqués», avertit France Étienne Louissel, directeur départemental de l’éducation dans l’Ouest.

En effet, un parent d’élève du Lycée National de Plaisance Chatard (LNPC) explique à AyiboPost que la direction ne mentionne pas les frais scolaires de 1 500 gourdes sur les reçus.

Les directeurs départementaux et les inspecteurs chargés de faire appliquer les dispositions du MENFP semblent ne rien faire pour contraindre les contrevenants à rentrer dans les rangs.

Certaines écoles, dont le LNPC, demandent au moins 250 gourdes comme «frais d’intégration» pour pouvoir s’inscrire au concours d’entrée.

La direction de la plupart des écoles publiques va jusqu’à demander des montants allant au-delà du coût fixé par l’État pour l’enregistrement aux examens officiels.

Pour l’inscription aux examens officiels de la 9e année, le MENFP exige 1 000 gourdes, d’après France Étienne.

Mais, l’École Nationale du 3e cycle de Drouin réclame 2 250 gourdes, selon deux élèves, respectivement en 8e et 9e année.

Le Lycée National Massillon Coicou de Plaisance demande 1 500 gourdes pour ces mêmes examens, d’après un professionnel au courant des frais.

Par Rolph Louis-Jeune

© Image de couverture : freepik


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Louis-Jeune est journaliste à AyiboPost depuis avril 2023. Il a fait des études en philosophie et en science politique à l'Université d'État d'Haïti.

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