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Comment Haïti a lutté contre le nazisme

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Dès l’arrivée d’Adolf Hitler à la tête de l’Allemagne, la majorité des intellectuels haïtiens, parmi lesquels Dantès Bellegarde et Jacques Roumain, condamnèrent le nazisme. L’État haïtien ne se contenta pas de désavouer l’Allemagne, mais définit des lignes d’actions beaucoup plus concrètes face au péril affronté par les Juifs.

En vue de faciliter leur immigration, le gouvernement haïtien accepta ces Juifs comme réfugiés politiques, puis les fit naturaliser dans les consulats haïtiens en vertu d’un décret-loi de naturalisation. Donc, Haïti, ce pays aujourd’hui très appauvri, était encore au temps de son prestige, et elle pouvait jouer son rôle de terre de liberté et de libération. Un temps qui manque bien aux Haïtiens.

Sténio Vincent, alors président d’Haïti, a publié son décret spécial, adopté en vertu d’une habilitation législative le 29 mai 1939, octroyant la nationalité par contumace et la citoyenneté haïtienne in absentia aux réfugiés juifs d’Haïti. Il proposa d’établir un refuge pour 50 000 d’entre eux en Haïti, pour qu’ils s’échappent de l’Europe, notamment de l’Allemagne nazie.

L’État haïtien offrit même de mettre à la disposition des Juifs l’Île de la Gonâve (689,62 km2), à peine moins grande que l’île de la Martinique (1 128 km2). Mais le secrétaire d’État américain d’alors s’y opposa. L’Etat haitien se dit même prêt à accueillir un peu plus de Juifs allemands; mais le secrétaire d’État américain Cordell Hull, prix Nobel de la paix en 1945, ne voulut pas en entendre parler, pour des raisons qui restent encore aujourd’hui mystérieuses.

Les documents historiques sont désormais accessibles. Pour apprendre plus sur le sujet, je vous recommande le livre du docteur Joseph Junior Bernard, ce travailleur infatigable, passionné des relations d’Haïti avec les autres nations. Il avait pris le temps de faire paraître sous les presses de l’imprimerie Deschamps son essai intitulé «Histoire juive d’Haïti», au mois d’avril 2013.

Il y a aussi ce recueil de textes d’étudiants juifs montréalais et haïtiens titré «L’un pour l’autre», écrit au lendemain du tremblement de terre dévastateur de 2010. Il rend hommage à ces deux peuples qui, chacun à sa façon, ont fait preuve d’humanité. Il a été publié sous la direction de Maurice Chalom, par Les Éditions du CIDIHCA (Centre International de Documentation et d’Information Haïtienne Caribéenne et Afro-canadienne) situé au Québec et dirigé par Frantz Voltaire, en collaboration avec la Ville de Montréal, le gouvernement du Canada et le Conseil des Arts du Canada.

Crédits image: CIDIHCA

Première publication : Le Huffington Post Québec

Originaire des Gonaïves en Haïti, Thélyson Orélien a d'abord poursuivi des études en droit à l'Université d'État d'Haïti. Par la suite, il s'est orienté vers les sciences économiques et politiques à l'Université de Montréal, au Canada. En plus de ses compétences académiques, Thélyson Orélien est un écrivain, s'exprimant à travers la poésie et le roman, et se distingue également comme un entrepreneur en série.

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