Aucun document officiel ne mentionne les avantages et les privilèges du président de la République. Pourtant, ce dernier mène une vie faste à la charge de l’État selon les recherches menées par Ayibopost auprès de quelques cadres de l’administration publique
La Présidence est l’une des trois entités qui composent les organes du pouvoir exécutif, tel que mentionné dans le Décret du 17 mai 2005 régissant l’organisation de l’administration centrale et de l’État.
Cette structure est composée du Secrétariat privé du président de la République, du cabinet du président de la République et du secrétariat général de la Présidence.
La Loi « détermine l’organisation et le fonctionnement de la Présidence et précise les organes spécialisés qui en dépendent », selon ce que soutient le décret.
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Chaque année, la loi de finances prévoit un budget de fonctionnement pour les dépenses quotidiennes de la Présidence qui ne génèrent aucun investissement en retour.
Ce que prévoit le budget 2018-2019
Le budget national 2018-2019, par exemple, a octroyé une allocation de 1,59 milliards de gourdes à la Présidence. 44,55 % de ce montant, soit une somme de 709,56 millions de gourdes était réservée au service de sécurité du Palais national, d’après ce que prévoit le budget.
Le service de sécurité n’a pas à fournir de rapport sur ses dépenses, affirme l’une de nos sources.
Le service de sécurité n’a pas à fournir de rapport sur ses dépenses, affirme l’une de nos sources.
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Le reste du budget de la Présidence est réparti entre le bureau du président (310 609 240 gourdes) et l’administration générale du Palais national (451 054 780 gourdes) et la dotation pour le compte spécial du président (121 599 996 gourdes).
129 279 064 de gourdes ont été alloués pour les dépenses du personnel du président pour l’exercice 2018-2019. Les dépenses d’immobilisation ont été prévues à 22,33 millions gourdes et les « autres dépenses publiques » à 159 millions de gourdes.
Indemnité et autres privilèges du président
Selon les prévisions de l’article 152 de la Constitution de 1987, « le président de la République reçoit du Trésor public une indemnité mensuelle à partir de sa prestation de serment. » Le terme indemnité ou gratification est généralement utilisé lorsqu’il n’existe pas de contrat de travail entre deux parties.
Actuellement, l’indemnité mensuelle du président serait de 252 000 gourdes, d’après les affirmations d’un cadre de l’administration publique non autorisé à prendre la parole.
Selon cette même source, « c’est l’administration du Palais national qui définit la grille des dépenses du président, car ce dernier n’est pas considéré comme un fonctionnaire de l’administration publique. »
Outre, cette indemnité, dit-il, le président ne dépense pas pour sa nourriture. L’État prévoit également un frais particulier pour ses tenues vestimentaires, déductible selon « les requêtes du secrétariat général de la Présidence. »
L’article 153 de la Constitution stipule que « Le président de la République a sa résidence officielle au Palais national, à la capitale, sauf en cas de déplacement du siège du pouvoir exécutif. »
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Le Trésor public se doit cependant d’offrir une résidence au président. Si ce dernier disposait déjà d’une résidence, explique notre source, l’État disposera d’un montant pour l’aménagement de ce domicile en vertu des dispositions sécuritaires.
« C’est ce qui est arrivé après l’investiture de Jocelerme Privert. Le [service] de sécurité présidentiel a dû exiger au Trésor public d’acheter trois maisons jugées trop proches de la résidence du président », poursuit-il.
Le président peut aussi disposer de plusieurs conseillers pour composer son cabinet.
Le cortège du président
En plus de ces privilèges, une flotte de voitures est mise à la disposition du président. La plupart d’entre elles sont blindées et coûteraient environ 150 000 dollars américains, toujours selon ce que rapporte le fonctionnaire.
Jovenel Moise dispose exactement de 15 voitures dans son cortège actuellement. Cependant, ce nombre peut augmenter à n’importe quel moment sous les recommandations du Conseil de sécurité.
« Jovenel Moise, par exemple, avait tout de suite changé sa flotte de 4×4 après qu’un sénateur ait révélé que ces voitures étaient blindées jusqu’au niveau 4 et que c’est lui qui était chargé du blindage de ces automobiles », raconte-t-il.
Du Per diem du président
Le per diem concernant le voyage présidentiel est souvent évoqué depuis l’entrée au pouvoir du régime PHTK.
« Le président Martelly a quadruplé les per diem que son prédécesseur Préval recevait pour les voyages à l’étranger en les portant de cinq mille (5 000) dollars américains à vingt mille (20 000) dollars américains », selon les révélations de l’économiste Leslie Péant en 2015.
En quatre ans seulement, Michel Martelly a effectué 40 voyages (191 jours), selon une liste non exhaustive publiée par Leslie Péant. Ces fréquents déplacements ont permis à l’ancien président de récolter 3 820 000 de dollars américains de per diem.
Les fréquents déplacements ont permis à Michel Martelly de récolter 3 820 000 de dollars américains de per diem.
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« Il ne faudrait pas confondre ce montant avec le coût total payé par l’État haïtien pour ces 40 voyages, car le président Martelly est toujours accompagné d’au moins quatre autres personnes. Dans certains cas, les voyages sont composés d’un personnel pléthorique dont le chiffre dépasse l’imagination », continue Leslie Péant.
Questionnée à ce sujet, notre source a affirmé ne pas disposer de ces informations. « J’ai souvent entendu les chiffres évoqués, mais je ne suis pas en mesure de les confirmer », a-t-il expliqué avant de concéder qu’il croit que ce montant varie selon le voyage et la recommandation du président.
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