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KAFOU: $250,000 pour un film de grande qualité

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L’avant première du film « Kafou » a gagné le pari face à son public à la FOKAL ce vendredi 10 novembre. Les intrigues de ce moyen-métrage de 50 minutes réalisé par Muska Group ont captivé l’attention des spectateurs.

 

Réaliser un film en Haïti est énormément compliqué. Hormis l’absence des salles de cinéma, les cinéastes soucieux du travail bien fait doivent aussi faire face au manque de financement. L’équipe de Muska Group peut en témoigner après avoir passé plus de 2 ans à la réalisation de « Kafou ». Pour son avant première, le film a retenu le souffle de l’assistance de la première à la cinquantième minute.

Présent en conférence de presse pour répondre aux questions des spectateurs et journalistes, le réalisateur Bruno Mourral a confié que le budget du film s’estime à une valeur de 250,000 dollars. « Les défis ont été énormes. Nous avons entrepris de réaliser ce court-métrage en octobre 2015, mais nous avons dû arrêter le projet en 4 fois pour trouver du financement. » il explique entouré de ses collaborateurs et partenaires. M. Mourral avoue que l’absence d’une industrie du cinéma en Haïti a paralysé les travaux et l’agenda de l’équipe qui se souciait d’offrir un travail respectant les standards internationaux. Pour pallier à certains de leurs problèmes les producteurs ont du faire appel à une équipe de chefs d’opération étrangers.

« Kafou est  une carte visite aux cinéphiles mais aussi une alerte aux investisseurs pour le grand tournage du film Kidnapping S.A prévue en juin 2018 » a fait savoir Bruno Mourral. En panne de financement, les jeunes producteurs de Muska Group ont dû procéder à la réalisation de ce moyen-métrage afin de prouver leur aptitude à mener un projet plus de grande envergure aux potentiels investisseurs. Le but avec « KAFOU » est donc d’attirer l’attention d’éventuels sponsors et producteurs haïtiens et étrangers. Le jeune réalisateur a confié que c’est Raoul Peck qui leur a suggéré de produire un court-métrage tenant compte du récit de « Kidnapping S.A », le projet initial.

L’un des acteurs principaux et scénaristes du film, Jasmuel Andri a appuyé les propos de Bruno dévoilant, plus en détails, quelques des difficultés qu’a eu l’équipe au cours du tournage. « L’insécurité a été l’un des problèmes majeurs auxquels nous avons du faire face. Le film a été tourné à Ravine-Pintade. Nous devions de temps en temps négocier avec les principaux chefs de gang du quartier. » a raconté M. Andri. L’acteur a aussi expliqué que plusieurs scènes ont été retardées à cause de ses études en dramaturgie au Canada.

Jasmuel Andri ne redoute pas les contraintes qui viennent avec l’absence de salles de cinéma dans le pays. « Au contraire, le film a été tourné pour décrier le problème et alerter contre ce phénomène qui existait également au Nigeria. », pour le jeune comédien c’est la production de films locaux de qualité qui a poussé le Nigéria à augmenter la quantité de salle.

Dans les années 80, la plupart des salles de cinéma du Nigéria avaient claqué leur porte pour des raisons économiques. Mais l’industrie cinématographique nigériane a retrouvé le rythme depuis quelques temps et produit environ 2000 films par année. Le « Nollywood » comme on le surnomme est devenu, après le « Bollywood » (Inde), la deuxième industrie la plus prolifique, en terme de nombre de production, devançant même le géant américain « Hollywood ». Ce rythme de production a forcé les serrures des salles qui se sont amplifiées au cours de ces dernières années.

En plus de Jasmuel Andri, le film met en scène Rolaphton Mercure, Manfred Marcelin et Rolando Etienne. « KAFOU » est à l’affiche le 24 novembre prochain à l’hôtel Karibe. D’autres projections sont également programmées à travers plusieurs villes du pays selon ce qu’a fait savoir les producteurs. Ce pari de croire en un cinéma de qualité et de standard international en Haïti est osé, l’équipe de Muska Group doit maintenant patiemment attendre le verdict du grand public qui a perdu l’habitude depuis une bonne quinzaine d’années de consommer du cinéma local.

Hadson Albert

Journaliste et communicateur

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