EN UNERECOMMENDEDSOCIÉTÉ

M’ se m’sye intèl, m’ se madan intèl koman w fè pa konnen m’

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L’haïtien est affreusement susceptible. Que tu aies grandi ou non dans le même quartier que lui, que tes parents l’aient fréquenté ou non, s’il a contribué à meubler l’esprit de quelques gens d’anecdotes ou de conseils, ou s’il a épaté ses voisins par quelque mémorable action, il s’attend à ce que son nom reste éternellement gravé dans ta mémoire. S’il croit qu’il en a assez fait pour marquer les esprits, gare à toi si le tien est demeuré intact.

J’ai récemment entendu un journaliste relater un fait sur ce sujet. Un homme s’était offusqué de ce qu’il ne l’avait pas reconnu alors qu’il constitue un monument pour les gens de sa zone. Le journaliste a été affublé de reproches et son travail remis en question au restaurant d’une ville d’où il n’est même pas originaire.

Comme quoi, ne pas systematiquement reconnaitre un simple mortel et valider ses mérites pourrait s’avérer dangereux et risqué. Cet écart peut carrément se transformer en condamnation publique pour incompétence et manque de culture.

Autrement dit, cet être orgueilleux, désespéré de faire partie de l’histoire voudrait adroitemment se taillader une place au banc des hommes d’exploits! Descendez donc un peu du piédestal où votre arrogance vous a placé monsieur. Et puis… tenez!  Prenez du valium si vous ne pouvez tenir en place.

Moi, je crois tout simplement que nous sommes mégalomanes. Nous sommes comme ce comédien sous les feux des projecteurs qui attend, frétillant, des ovations après son épilogue. Franchement, il faudrait que ce peuple soit moins calculateur et que ses faits et gestes soient plus innocents. Au lieu d’attendre une poignée de main et des courbettes à chaque coin de rue, soucions-nous plutôt des résultats générés par nos enseignements et/ou des retombées des exemples que nous avons tracés.

Cependant, si la notoriété arrive jusqu’à nous, ne nous gênons surtout pas, puisqu’on ne nous la fait pas payer. Toutefois, cette quête agressive de reconnaissance ne laisse percevoir qu’un peuple combinard, incapable de répandre le bien autour de lui sans en retour recevoir un bonbon.

Alors, Monsieur un tel, Madame une telle, laissez tomber votre fatuité et contentez-vous d’être quelqu’un par les actions que vous posez. Cela sans doute éveillera la curiosité des gens. Croyez-moi, ils chercheront à savoir qui vous êtes.

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