Ce n’était qu’une question d’heure, c’est désormais officiel, Leicester City est champion d’Angleterre. Les Foxes tiennent leur exploit. Les voilà sur le toit de la Premier League. Sortis de nulle part, les joueurs de Claudio Ranieri ont probablement réalisé la plus grande épopée footballistique de ce vingt-et-unième siècle.
Ce n’est pas un rêve. Ni un canular. Encore moins, l’une de ses belles conneries sur Internet. Leicester City est bel et bien champion d’Angleterre. Personne n’aurait parié sur un tel scénario en début de saison. A part, ce fou de John Pryke qui avait misé 20 euros sur la victoire finale des Foxes. Ne croyant pas à ce rêve jusqu’au bout, ce dernier avait cédé son pari à Ladbrokes, en milieu de saison pour 37500 euros. Raisonnable, si l’on s’en tient à la « valeur » réelle de cette équipe. Les paris étant à 5000 contre 1, en début de saison. En clair, il avait 0,02 % de chance de l’emporter. Cela aurait été insensé de croire qu’à deux journées de la fin du championnat, les coéquipiers de Wes Morgan trôneraient sur l’Angleterre. De conte de fées passant de tube de l’été à Champion d’Angleterre, Leicester a fait du chemin. Les moins sceptiques les voyaient finir, dans le meilleur des cas, sur le podium. Mais, au fil des journées, les Foxes ont su se faire respecter. Passer les tests les plus compliqués. Surmonter la grande majorité des difficultés recontrées. Aujourd’hui, ils savourent un titre bien mérité.
Méconnus du grand public, les Joueurs de Leicester ont explosé aux yeux du monde entier. Ils ont conquis l’Angleterre. A présent, c’est toute l’Europe du football qui les convoite. Leurs épaulettes, ils les ont gagnées sur le champ de bataille. On ne devient pas champion d’Angleterre par hasard. A titre de comparaison, Arsenal court après un titre depuis 2004. Le dernier sacre de Liverpool en Premier League remonte à 1990. Tottenham n’a pas remporté la Premier League depuis 55 ans. Pour relativiser sur l’exploit des Foxes, certains pointeront le niveau général de la Premier League, cette saison. D’autres, jetteront le blâme sur les Cadors. En réalité, le traditionnel Big Four n’a pas tenu son rang. Chelsea ne sera pas européen, la saison prochaine. Manchester United ne verra probablement pas la Ligue des Champions. Arsenal est, une fois de plus, passé à côté. Manchester City a été pitoyable d’irrégularités. Ces circonstances atténuent-elles l’exploit de Leicester ?
Loin de là. Au contraire, à la décharge des Foxes, il y a de sérieux arguments à faire valoir. Manchester City n’est-il pas demi-finaliste de la ligue des Champions ? Liverpool n’en fait-il pas autant, en Ligue Europa ? La consécration de Leicester ne souffre d’aucune contestation. Les champions peuvent fièrement porter leur couronne. Les Gunners, les Reds ou les Spurs auraient tellement aimé être à leur place.
Ces acteurs qui ont façonné le succès de Leicester City…
Au sens propre comme au sens figuré, cette victoire est celle d’une équipe. Ces combattants ont joué, attaqué, et souffert ensemble. Invités à regarder le match Chelsea-Tottenham (2-2) chez Jamie Vardy, ils ont explosé de joie au coup de sifflet final comme des enfants. Ils venaient de réaliser l’une des performances les plus improbables de ce XXIe siècle. D’une solidarité infaillible, les joueurs de Claudio Ranieri ont rappelé à tous que le football est avant tout un jeu d’équipe. Cependant, certaines individualités sortent du lot. Sous le regard vigilant de l’esprit d’équipe, ils méritent qu’on leur tire le chapeau.
Ranieri, la douce revanche…
A tout seigneur tout honneur, Claudio Ranieri est le principal artisan du couronnement de Leicester. Engagé, cette saison pour éviter la relégation, le Technicien italien a transformé une bande d’inconnus en champions. Il a su imprimer sa patte à ses joueurs. Il a construit un groupe compact, redoutable en défense, intelligent et efficace en attaque. Comptant sur l’explosivité de ses joueurs pour faire la différence, en exploitant au maximum les contres. On ne pouvait pas, non plus, lui demander de jouer à la manière du Barça ou du Bayern. Il ne disposait pas des ressources pour le faire. Sur papier et en dollars, cette équipe ne valait pas grand-chose. En tout et pour tout, la masse salariale de Leicester City était estimé à 50 millions d’Euros. Celle de Manchester City par exemple, avoisine les 200 millions. Soit 4 fois plus que Leicester City. Ranieri, toute sa vie, il sera reconnaissant d’avoir eu la chance de diriger des joueurs aussi solidaires. Ce groupe lui a offert son premier titre de champion national de sa très longue carrière. Etonnant, pour quelqu’un qui a entrainé Chelsea, Juventus, la Roma ou plus récemment Monaco. En signant à Leicester, on se disait qu’il avait signé son arrêt de mort. Euh non ! Il allait signer, de préférence, l’exploit le plus retentissant de toute sa carrière.
Morgan, la forteresse…
On disait tantôt que Leicester doit majoritairement son succès à sa défense. Troisième meilleure défense de Premier League, les Foxes ont concédé très peu de buts(34). S’ils sont champions d’Angleterre, c’est Surtout grâce à ça. Ou mieux encore grâce à lui : Wesley Morgan. Capitaine et chef de la défense des Foxes, l’international jamaïcain a tenu parfaitement la baraque devant Kasper Schmeichel. Avec Robert Huth, ils ont formé une paire intraitable. Terreur des attaques adverses, c’est à juste titre que le Reggae Boy avait été sélectionné dans l’équipe-type de la saison en Premier League. Il s’est même permis de porter sa contribution en attaque, inscrivant des buts décisifs comme ce fut le cas, face à Manchester United, dimanche dernier. Infranchissable muraille défensive, Wes Morgan aura été l’un des principaux artisans du sacre de Leicester.
Kanté, l’empire du milieu…
Impressionnant d’abattage et de combativité, N’golo Kanté a étonné les plus grands esprits du jeu cette saison. Arrivé de Caen, le néo international français n’a pas mis longtemps à s’imposer outre-manche. Dépositaire du jeu des Foxes, Kanté a apporté un équilibre d’or à son équipe. Il a assuré merveilleusement la transition entre sa défense et l’attaque. L’ancien caennais est l’âme de cette équipe. Sur les traces d’un certain Makélélé, il impressionne déjà en Bleus. Buteur, lors de sa première sélection, le jour même de son anniversaire, le destin lui sourit. Retenez bien ce nom, vous risquez d’en entendre parler, encore longtemps.
Mahrez, la technique en action…
S’il fallait détacher le meilleur joueur de Leicester City, ce serait lui. Dribleur impénitent, Riyad Mahrez est le leader technique des Foxes. Élu meilleur joueur de Premier League, l’Algérien a marqué la saison de sa classe. Ses buts, ses slaloms, sa virtuosité ont marqué la saison. Il a mis la Premier League à ses pieds. L’Europe entière se l’arrache. Pas mal, pour quelqu’un qui n’avait pas le niveau pour évoluer à Marseille.
Vardy, le tueur silencieux…
Pour gagner des matchs, il ne suffit pas de ne pas encaisser des buts. Il faut savoir en marquer. À Leicester, c’est Jamie Vardy qui s’en charge. Troisième meilleur buteur de Première League (22 buts) derrière Agüero et Kane, l’anglais de 29 ans est la révélation de la saison. Sa cote a tellement augmenté depuis, que la gâchette de Leicester postule pour un poste de titulaire à la pointe de l’attaque de la Sélection anglaise, en vue de l’Euro. Les three Lions ont trouvé en Vardy un serial buteur. Son but magistral face à Liverpool le 2 février 2016 résume sa saison. Force, précision, subtilité… Vardy a terrifié les défenses anglaises, cette saison.
Expulsé lors d’un match décisif face à West Ham, après avoir ouvert le score, il aurait pu être le héros malheureux des siens. Mais, les dieux du foot avaient déjà choisi leur camp : Leicester City
Hommage à Drink Water, Fuchs, Schmeichel, Simpson, Allbrighton, Okazaki, Ulloa, Robert Huth…, ils nous ont fait rêver. Ils ont vendu un rêve. Ils appartiennent à la légende du foot. Ave Leicester !
Leicester célèbre ses héros. Le Maire avait déjà annoncé la couleur en déclarant que des rues de la Ville seraient rebaptisées au nom de certaines stars, si l’équipe parvenait à remporter la Premier League. A l’usure, les Foxes ont décroché leur premier titre de Champion de leur histoire. Ce sacre, symbole de courage et de détermination, est celui de l’humanité consciente. Il traduit un idéal, un rêve, voire une utopie. L’une des raisons pour lesquelles on aime le football, c’est pour son imprévisibilité. Il ne prohibe pas le droit de rêver. Leicester champion, ce n’est pas un rêve devenu réalité, mais c’est la réalité du rêve vécu en vrai. La postérité retiendra que des joueurs d’un modeste club anglais, lors de la saison 2015-2016, ont écrit royalement l’une des plus belles pages de l’histoire du football.
Nathan Laguerre
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