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Les pertes énormes que la RTVC pourrait subir dans l’incendie de ses locaux

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« C’est la mémoire de ce patrimoine qu’est la RTVC qui est partie dans les flammes », exprime à AyiboPost Marc Anderson, directeur général de la Radio télévision Caraïbe ( RTVC )

Les locaux de la plus ancienne station de radio de Port-au-Prince ont été incendiés dans la nuit du 12 au 13 mars 2025, mettant en péril une grande partie des archives de l’institution.

Les gangs de la coalition « Viv ansanm » contrôlaient la zone environ de la station depuis près d’un an.

« C’est la mémoire de ce patrimoine qu’est la RTVC qui est partie dans les flammes », exprime à AyiboPost Marc Anderson, directeur général de la Radio télévision Caraïbe ( RTVC ).

Lire plus : Révélations glaçantes sur la perte d’archives dans des médias de renom en Haïti

S’il n’y a pas encore eu une évaluation des dégâts en raison de l’inaccessibilité de la zone, Brégard indique à AyiboPost que l’espace situé à la ruelle Chavannes, au centre-ville de Port-au-Prince, abritait plusieurs studios d’enregistrement d’émission – deux salles de machines qui regroupent des dispositifs d’enregistrement automatique des programmes de la RTVC – des équipements solaires – et d’autres matériels informatiques.

Depuis deux mois, les gangs n’ont cessé de progresser au centre-ville de Port-au-Prince, en dépit de la présence des forces de sécurité haïtiennes et une force multinationale dirigée par le Kenya.

Les gangs incendient des maisons, creusent des ouvertures sur les voies et placent des pièges pour entraver les interventions policières.

Durant la montée de la violence l’année dernière, la RTVC quitte la rue Chavannes en mai 2024 pour se loger à Pacot. Et, début juin, une partie de la station s’est logée dans les locaux de La maison des Radios, à Pétion-Ville.

Depuis deux mois, les gangs n’ont cessé de progresser au centre-ville de Port-au-Prince, en dépit de la présence des forces de sécurité haïtiennes et une force multinationale dirigée par le Kenya.

« Pour l’instant, nous disposons d’un studio de fortune à Pétion-Ville, car nos équipements sont restés à la radio », explique Brégard, faisant référence aux locaux situés à la ruelle Chavannes.

Le responsable indique que beaucoup de ses documents personnels tels que certificats, diplômes, etc., sont restés dans les locaux de la radio à la ruelle Chavannes.

Des bandits ayant contrôlé les environs du Marché Salomon, les rues Magloire Ambroise, Capois, etc, depuis deux mois ont « pénétré les locaux de la radio puis y ont mis le feu », relate Marc Anderson Brégard.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux ce 13 mars montrent les bâtiments de l’institution avec des fenêtres noircies par les flammes, du rez-de-chaussée jusqu’à l’étage abritant l’espace de la télévision.

« Un indice qui montre que l’intérieur de l’espace est en feu », conclut Guerrier Dieuseul, présentateur de l’édition de nouvelle matinale 1e Okazyon et responsable de la salle des nouvelles.

Des agents de sécurité surveillant le bâtiment ont été déplacés bien avant cette attaque, car les bandits ont pris le contrôle de plusieurs rues non loin de la radio, rapporte Dieuseul.

En raison des difficultés techniques et d’un espace restreint depuis l’abandon forcé de leurs locaux, la plupart des émissions de la RTVC ont été suspendues, y compris les éditions de journaux dont Jounal bon pawòl, Journal 19 – 20 et Dènye okazyon.

Seules quelques émissions, comme La manne du matin, Journal 1e okazyon, et celles animées par Brégard sont encore diffusées sur la station.

Toutefois, « tenir la population informée est la raison principale qui nous pousse à rester en onde », exprime le journaliste Guerrier Dieuseul, qui travaille à la RTVC depuis 2008.

En novembre 2024, le chef de la coalition de gangs « Viv Ansanm », Jimmy Cherizier, a menacé publiquement plusieurs journalistes, dont deux présentateurs de la RTVC, Johnny Ferdinand et Guerrier Dieuseul.

Pour Dieuseul, l’incendie des locaux de la station n’est pas une grande surprise.

« Nous ne pouvons pas dire que nous ne nous attendions pas à cela, ni que les bandits allaient protéger la radio, car nous dénonçons habituellement leurs dérives », déclare le journaliste Guerrier Dieuseul.

Le travailleur de la presse exprime aussi son inquiétude que d’autres médias dénonçant l’exaction des bandits soient eux aussi attaqués.

En effet, Mélodie FM, une autre station de radio émettant à la rue Capois a aussi été attaquée la nuit du 12 mars.

Dans un communiqué en date du 13 mars, le ministère de la justice et de la sécurité publique dit comdamner les attaques contre la RTVC et la Radio Mélodie FM située à la rue Capois.

Nous ne pouvons pas dire que nous ne nous attendions pas à cela, ni que les bandits allaient protéger la radio, car nous dénonçons habituellement leurs dérives,

– Guerrier Dieuseul.

En 2024, le plus ancien journal du pays, Le Nouvelliste, a dû quitter ses locaux au centre-ville, attaqués par des gangs.

La RTVC est l’une des plus anciennes stations de radio, fondée depuis 1949.

En 2006, le média s’est lancé sur le web après des investissements importants en équipements.

Mais, lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010, les locaux du bâtiment se sont effondrés. Ce qui a entraîné la perte de près d’une cinquante d’années de ses archives.

Par Jérôme Wendy Norestyl

Couverture |Photo illustrant le portrait du chef de gang Izo et la façade du bâtiment de la Radio Télévision Caraïbe. Collage : Florentz Charles / AyiboPost–  14 mars 2025

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Journaliste-rédacteur à AyiboPost, Jérôme Wendy Norestyl fait des études en linguistique. Il est fasciné par l’univers multimédia, la photographie et le journalisme.

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