Les petites phrases ne sont jamais innocentes. Surtout pas en politique. Presque partout, à chaque période électorale, les aspirants au pouvoir mettent toute leur énergie à trouver comment percuter, rassembler. Certains sont inspirés. D’autres moins. Mais tous partagent la même envie: briguer le pouvoir. Pourquoi? La réponse n’est pas si évidente que vous le croyez.
C’est ainsi qu’en Haïti, depuis la dernière présidentielle, un slogan semble avoir fait mouche: « jèn kore jèn ». Se regroupent sous cette formule de jeunes candidats surfant sur le pourcentage non négligeable de l’électorat se situant entre 18 et 35 ans.
Seulement, ce cri de ralliement n’est pas de nature à plaire à tous. Surtout pas à moi, et ce, pour au moins trois raisons :
- La politique et l’engagement citoyen sont l’affaire de tous. Jeune. Vieux. Noir. Blanc. Riche. Pauvre. Sectariser, c’est fractionner, opposer et exclure. Le discours politique pour moi est celui qui rassemble
au-del à des apparences autour de l’idée, du projet de société. Il n’est pas question que mon jeune âge soit mon unique critère de vote. - Faire appel à la jeunesse c’est bien, mais faire appel à son esprit critique est encore mieux. Le faciès, le sexe, l’origine ou la condition économique ne détermine ni la compétence, ni les réelles motivations d’un candidat comme disent certains aînés. En plus, quand on est élu, on l’est pour l’ensemble du pays. Même engagé aux côtés d’une frange, l’intérêt général doit être la boussole. Hélas, la jeunesse est souvent l’argument palliatif à la vacuité des propositions concrètes et des projets de société.
- Occuper un poste politique électif (président, sénateur, député, etc.) n’est pas se doter d’un job au sens classique du terme. La conception mercantile et corrompue que renvoie la classe dirigeante gérontocrate a fini par altérer le jugement des plus jeunes de la sphère du pouvoir qui, de l’extérieur, nourrit les fantasmes rampants de richesse et de mobilité économique.
Faire de la politique, c’est se mettre au service de sa communauté, de son pays, parfois, au détriment de ses propres intérêts. À force de vouloir devenir riche par tous les moyens, certains y ont laissé leur dignité, concept fort subtil pour quelques professionnels du milieu. Alors merci.
Je suis jeune. Certes. Mais je ne vais pas voter jeune pour être en conformité avec ma condition. Aux commandes, vos idées, votre programme, votre vision du monde et de la moralité vont influer mon pays, ma jeunesse et ma vie. Les voilà mes critères.
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