Les faits ne manquent pas, les scandales non plus. Les idées affluent, les émotions escaladent… Tous les ingrédients semblent réunis pour m’obliger à accoucher par écrit mes constats, frustrations et aspirations. En fait, non, pas tous. L’inspiration a pris congé de moi depuis quelque temps déjà et je ne sais ni l’heure ni le jour où elle reprendra ses fonctions. Elle a laissé sa place à la routine « zombifiante ». Je m’évertue à rechercher les mots justes pour relater ce que d’autres ont déjà dit, ont dit autrement, diront ou ne diront jamais. Je médite pour trouver la concentration nécessaire. Je me laisse aller à sonder les tréfonds de mon être troublé, j’essaie de saisir mes tripes pour transformer mes expériences, mon ressenti en histoires universelles… Mais, je n’arrive toujours pas à salir cette feuille blanche sur mon écran d’ordinateur.
Pourtant mon esprit est assiégé nuit et jour, fatigué de se lancer dans des considérations et plaidoyers divers que ma main refuse de reporter avec pertinence et éloquence. Je m’arrache les cheveux, mais je n’y peux rien. Je suffoque… Je m’allonge sur mon lit, en piteux état. Je me prépare à accepter l’évidence : je suis atteinte du syndrome de la feuille blanche.
Je suis bouleversée et rien n’arrive à calmer mon anxiété. Je m’imagine le pire. Je me meurs. Je vais finir asphyxiée, gisant dans une mare de « mots » épars et désolés de n’avoir pu s’aligner à temps pour flatter mon âme de poète…
Au secours, au secours ! Le malaise s’intensifie. Le vertige me prend de court. Je me désagrège comme un bâton de craie, lentement au rythme du sablier du temps. Ma voix s’éteindra bientôt dans le néant. Si vous m’entendez encore, allez dire au despote « Inspiration » qu’il me donne une seconde chance de vivre.
Moumousse
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