Je ne sais pas si tout le monde le vit comme moi je le ressens. Mais quand je suis ici, je m’imagine être seule, dans une petite cellule grisâtre, les yeux tournés vers ces barreaux. Je compte comme un jeune élève compte sur ses doigts les chiffres de ces opérations qu’en réalité il ne comprend pas. 1, 2, 3… 3 ans depuis que je suis dans cette foutue galère.
Chaque jour, comme une automate, ils me mènent. Moi je me laisse faire. En temps normal, je la joue docile. Cependant, si je veux être honnête, ce jeu c’est une pure torture. Tous les autres, enfermés eux aussi pour des crimes qu’ils ne savent pas qu’ils ont commis, sont là béats. Tous les jours à 8:00 heures ils laissent les lourds gonds des portes résonner derrière eux. Ils ne regardent pas en arrière. Moi, si. Je suis toujours hésitante et je regarde sans cesse en arrière pendant que je franchis les portes de cette
Ici, on attend tout de toi: le professionnalisme, le dynamisme, la ponctualité, la créativité, le sens des responsabilités, mais eux ne démontrent pas
Si par hasard un camarade me demande une bouffée, j’en profite moi aussi pour lui faire voir que je sais exister, que je peux m’imposer. J’ouvre grand les yeux, hausse le ton pour lui faire comprendre en bonne détenue qu’il n’aura rien de moi. Je l’ai déjà dit mille fois. Je ne donne rien. Je reste tranquille dans mon coin, mon petit coin de la prison et puis je fais mon temps. Les autres, ces moutons, par tous moyens tentent d’éviter le châtiment ultime, celui qui effraie tout adulte et qui m’effraierait un peu plus si j’avais conscience d’en être un.
J’attends. Calendrier en main, je fais le compte à rebours, je calcule. Combien de temps encore me
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