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Fuyant l’insécurité à P-au-P, des enfants abusés dans le sud

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La Brigade de protection des mineurs de la direction départementale Sud de la Police nationale informe à AyiboPost avoir enregistré treize cas de viols sur des mineurs en juin uniquement pour la ville des Cayes

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Des enfants et adolescent.e.s fuyant l’insécurité à Port-au-Prince sont victimes de violences sexuelles dans le sud du pays, révèlent à AyiboPost des autorités locales.

Certains jours, la direction du ministère de la Condition Féminine et des Droits des Femmes reçoit jusqu’à huit cas de violences sexuelles, principalement envers les mineurs, selon sa directrice départementale. La plupart d’entre eux viennent de la capitale.

La Brigade de protection des mineurs (BPM) de la direction départementale Sud de la Police Nationale informe à AyiboPost avoir enregistré treize cas de viols sur des mineurs en juin uniquement pour la ville des Cayes.

La zone dépassait rarement la moitié de ce chiffre, dans une ville où la grande majorité des agressions sexuelles sur enfants ne sont pas formellement enregistrés, selon l’inspecteur Jean Robert Saint Louis, actuel responsable de la BPM.

Certains jours, la direction du ministère de la Condition Féminine et des Droits des Femmes reçoit jusqu’à huit cas de violences sexuelles, principalement envers les mineurs, selon sa directrice départementale.

L’Institut du Bien-être social et de la Recherche dans le sud a connaissance de 21 cas entre avril et juin.

« Ces violences sexuelles touchent des jeunes filles âgées de dix à dix-sept ans, et même des enfants de trois ans », rapporte à AyiboPost Bertrand Meridien, coordonnateur de l’institution étatique dédiée à la protection des enfants et des familles.

Les Cayes, Camp-Perrin, Torbeck, Maniche et Chantal figurent parmi les communes les plus concernées par la situation, selon le responsable.

La plupart des victimes cherchent refuge au sud, après avoir été chassé de Port-au-Prince par les gangs.

La région enregistre la plus forte augmentation du nombre de personnes déplacées du pays.

Environ 114 627 personnes déplacées s’y sont installés, selon un rapport sur la situation de déplacement en Haïti publié par l’Organisation internationale pour la migration (OIM) en juin 2024.

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L’effectif des enfants enregistrés dans la commune devient plus élevé, selon des autorités locales interviewées par AyiboPost.

« On rencontre des cas où ces enfants n’ont pas de famille dans la région. Ils habitent les rues et sont victimes de viol », indique l’inspecteur Jean Robert Saint Louis, responsable de la BPM.

La région enregistre la plus forte augmentation du nombre de personnes déplacées du pays.

La précarité économique des parents, le manque d’éducation des mineurs et la négligence familiale figure, selon la BPM, parmi les facteurs favorisant la vulnérabilité des enfants.

La plupart des victimes témoignent avoir été abusés par une personne «apportant son aide financière à la famille».

D’autres sont victimes en étant en situation de domesticité, selon l’inspecteur.

Les institutions locales impliquées dans la lutte contre les violences sexuelles insistent sur la nécessité d’accompagner les victimes, de former les parents et de garantir un suivi juridique des dossiers.

Cependant, des limitations liées au manque de ressources et les dysfonctionnements du système judiciaire entravent leur réponse.

Les partenaires étrangers ne peuvent plus financer les initiatives dans le domaine de la protection des mineures en raison de l’instabilité persistante et de l’insécurité, analyse à AyiboPost l’inspecteur Saint-Louis.

La plupart des victimes témoignent avoir été abusés par une personne «apportant son aide financière la famille».

L’État n’investit que très peu remarque Ditchly Sylvain, directrice départementale Sud du MCFDF. Ceci empêche l’institution d’accompagner adéquatement les victimes.

Dans la plupart des cas, l’influence et le capital économique font obstruction à la justice.

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Le frère d’un prêtre à Camp-Perrin avait sexuellement abusé un mineur environ trois ans de cela.

«La justice n’a pas pu l’arrêter, et avec l’influence et l’argent, il a laissé le pays», révèle à AyiboPost une source proche de la BPM.

Par Lucnise Duquereste et Jabin Phontus

Image de couverture : Une adolescente en larmes cache son visage avec ses mains. | Freepik


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Journaliste à AyiboPost depuis mars 2023, Duquereste est étudiante finissante en communication sociale à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH).

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