Le Comité de Normalisation de la Fédération Haïtienne de Football a annoncé aujourd’hui, 11 mars 2021, le binôme Jean-Jacques Pierre et Jean Claude Josaphat à la tête de la sélection nationale de football.
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Il était écrit que Jean Jacques Pierre, à la fin de sa carrière, serait appelé à d’autres responsabilités dans l’organisation du football haïtien
Après une longue, riche et passionnante carrière de joueur, Jean Jacques Pierre va commencer une nouvelle vie avec le football haïtien. L’ancien capitaine de la Sélection nationale a été choisi par la Fédération haïtienne de football pour intégrer le staff technique des Grenadiers aux côtés du très respecté Jean Claude Josaphat.
Si l’ancienne gloire nationale souhaite s’inscrire dans la durée, dans le cadre d’un projet ambitieux, c’est dans l’urgence des éliminatoires de la Coupe du monde contre Bélize et Sainte Lucie respectivement les 25 et 28 mars prochains qu’il entamera ses nouvelles fonctions.
Il était écrit que Jean Jacques Pierre, à la fin de sa carrière, serait appelé à d’autres responsabilités dans l’organisation du football haïtien. C’est le cours normal de l’histoire. Ce n’était qu’une question de temps.
Depuis, l’annonce des désaccords entre l’ancien sélectionneur Marc Collat, certaines voix, parmi les plus crédibles du pays s’étaient accordées pour le réclamer à la tête des Grenadiers. Au milieu de toutes les incertitudes qui traversent le milieu en ce moment, le Léoganais apparaissait unanimement comme l’homme de la situation.
Cette nomination très attendue ne vient que confirmer ce qui paraissait aux yeux de tous, comme inévitable. Pierre Jacques est bel et bien de retour. Même si selon ses propres mots, il n’est jamais parti. « Je ne suis jamais parti du football haïtien. Je travaillais dans l’ombre avec un regard attentionné et averti sur l’évolution de nos équipes nationales. Ce qui a changé, c’est que désormais, je vais pouvoir officiellement apporter ma contribution, mon expérience professionnelle et mon savoir-faire au service de cette jeune et talentueuse génération », précise-t-il, dans une entrevue exclusive accordée à AyiboPost.
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Resté très proche de l’équipe nationale, l’ancien joueur du Peñarol de Montevideo a l’avantage de connaitre les joueurs. Certains d’entre eux, dont le capitaine Johny Placide, ont été ses coéquipiers en sélection. Il ne vient pas en terrain inconnu. Il connait les joueurs. Il connait leurs caractéristiques. Et il veut absolument s’appuyer sur son vécu, aux côtés de Jean Claude Josaphat, pour asseoir le projet qui, selon lui, doit dépasser le cadre de l’équipe nationale.
« Le projet de la Sélection, au-delà des échéances à venir en mars prochain contre Bélize et Sainte Lucie, vise le développement du football haïtien en général, en tenant compte des ressources humaines et financières ainsi que les infrastructures sportives du pays. Je connais la folle passion que génère le foot en Haïti. Je connais surtout les difficultés auxquelles, nous serons confrontés. Ce sont des paramètres à prendre en compte. Je veux d’abord proposer un projet et travailler à sa mise en œuvre s’il est accepté par les joueurs, les clubs, le staff, les dirigeants de la Fédération. Par toute la grande famille du football. Nous viserons l’efficacité et la simplicité », explique-t-il sereinement.
En Haïti, les qualités de Jean Jacques Pierre sont connues de tous. Comme joueur, on lui connaissait des valeurs fondamentales qui ont fait son succès partout où il est passé. Rigueur, dévouement, discipline, professionnalisme, exigence, don de soi… ces caractéristiques si rares dans le football haïtien ont fait la légende de l’ancien Nantais.
Et comme entraineur, il n’entend pas se priver de ce qui a toujours été sa force. Comme il le dit lui-même, en se prêtant au jeu de l’impersonnalisation : « Jean Jacques l’entraineur ne sera pas différent de Jean Jacques le joueur. Il sera tout aussi rigoureux sinon plus. Il doit créer un cadre exigeant dans lequel, les joueurs, professionnels pour la plupart, devront s’insérer, avec confiance. En sélection, on ne vient pas apprendre à un joueur ce qu’il doit faire, on le met juste en situation d’exprimer pleinement son potentiel comme il peut le faire en Club. Ce, pourquoi il a été appelé. Jean Jacques l’entraineur est passionné. Il est très proche de ses joueurs, il les écoute et il les aide à se surpasser et à développer d’autres capacités pour rester performants. L’exigence individuelle chez le joueur s’est transformée en une exigence collective chez l’entraineur où chaque individualité apporte sa contribution en fonction de son rôle et de ses qualités. Jean Jacques l’entraineur aime le beau football. Il aime le jeu fluide. Il adore quand ses joueurs sont solidaires en attaque comme en défense. Il sait s’adapter aux réalités en présence. (il sourit) Nous aurons l’occasion de parler de tactique, mais pour l’instant, il faudra être costauds et armés mentalement après près de quinze mois sans jouer pour aller chercher un bon résultat, lors de deux prochains matchs. Pour l’instant, c’est la priorité ».
Jean Jacques Pierre a raison d’insister sur l’importance des deux matchs à venir. Pour lui, pour le nouveau staff, pour le nouveau comité fédéral, pour le public, pour les observateurs, pour la FIFA… pour tout le monde finalement, ce sera un test grandeur nature.
Il ne faudra pas se manquer. Même diminué, même prisonnier de ce contexte si compliqué, même aux prises avec des défis probablement les plus élevés de son histoire, le football haïtien aurait beaucoup de mal à se remettre d’un échec contre Belize et Sainte Lucie sur la route du mondial au Qatar en 2022. Tout en respectant nos adversaires, nous devrons obligatoirement nous imposer pour aborder la suite plus sereinement. L’avenir du projet, l’existence même de celui-ci dépend de l’issue de ses deux rencontres.
Avec un ancien capitaine aux commandes, les Grenadiers partiront à l’assaut de nouvelles émotions fortes, de nouvelles victoires et de nouveaux objectifs. Une nouvelle mission, donc, qui débute par une opération survie, commence maintenant dans l’espoir de se prolonger le plus longtemps possible et se terminer par une grande réussite. Et pourquoi, pas, une qualification pour la prochaine Coupe du monde ?
Nathan Laguerre
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