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Des médicaments essentiels manquent en Haïti

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En raison de cette pénurie, de nombreux patients atteints de cancer rencontrent d’importantes difficultés

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Des médicaments essentiels manquent en Haïti.

Cette pénurie résulte de la fermeture de la frontière avec la République Dominicaine, une des principales sources de médicaments pour le pays, explique à AyiboPost Pierre Hugues Saint-Jean, président de l’Association des Pharmaciens d’Haïti.

Il souligne également l’arrêt des importations par les ports et aéroports de la région métropolitaine ces derniers mois, ainsi que le pillage de nombreuses agences de distribution pharmaceutiques au bas de la ville.

Port-au-Prince

Vue de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), plus grand centre hospitalier du pays, aujourd’hui hors service, selon les déclarations de son directeur Jude Milcé à AyiboPost. | © Jean Feguens Regala/AyiboPost

«Plus d’une vingtaine de pharmacies ont été attaquées lors des récentes émeutes sur la rue Monseigneur Guilloux», ajoute Saint-Jean.

En conséquence, les approvisionnements réguliers sont perturbés, entraînant une pénurie particulièrement pour les médicaments traitant des pathologies chroniques comme le diabète et l’hypertension.

Plus d’une vingtaine de pharmacies ont été attaquées lors des récentes émeutes sur la rue Monseigneur Guilloux.

Pierre Hugues Saint-Jean

De nombreux patients atteints de cancer rencontrent d’importantes difficultés en raison de cette pénurie, selon Dieuseul Cantave, président de la Société Haïtienne d’Oncologie.

«Le bromazépam, souvent prescrit comme médicament d’accompagnement aux patients en chimiothérapie, est devenu difficile à obtenir depuis un mois. Nous le remplaçons par le lorazépam, lui aussi de plus en plus rare», révèle le Dr. Cantave.

Les médicaments accompagnant un traitement principal pour diminuer les effets secondaires sont aussi plus difficiles à trouver.

«Sur dix patients atteints de cancer, seulement trois ou quatre parviennent à suivre un traitement, et ce, avec difficulté à cause de la rareté des médicaments», précise Cantave.

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En février 2024, un rapport de l’Agence Internationale pour la recherche sur le Cancer a signalé une augmentation des nouveaux cas de cancer en Haïti, passant de 12 404 en 2020 à 13 860 en 2022.

En février 2024, un rapport de l’Agence Internationale pour la recherche sur le Cancer a signalé une augmentation des nouveaux cas de cancer en Haïti, passant de 12 404 en 2020 à 13 860 en 2022.

La pénurie touche également les zones hors de la capitale.

Milliana Exumé, sexagénaire de Bainet, peine à trouver ses médicaments dans le Sud-Est. Habituellement, elle se rend à Port-au-Prince, mais l’insécurité complique ses déplacements.

Les médicaments pour traiter l’hypertension et le diabète se raréfient.

«Le prix de l’insuline a considérablement augmenté», explique Hugues Saint-Jean, coordonnateur médical de l’Hôpital Saint-Damien pour nos petits frères et sœurs.

Kelly Pauyo Lohier, souffrant d’arthrose et de diabète, doit parcourir plus de cinq kilomètres pour trouver la Metformine et le Glyburide nécessaires à son traitement. «Des médicaments pour l’arthrose, comme le B-Tres Dolo, sont introuvables depuis des mois», ajoute-t-elle.

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Edrige Oris, responsable d’Aloe Biosanté, a déménagé son entreprise de la rue Monseigneur Guilloux à Delmas 33 après avoir été saccagée par des bandits.

Selon lui, plusieurs fournisseurs de médicaments ont cessé leurs activités. «L’Omeprazole, couramment prescrit pour des affections gastriques, est de plus en plus rare, même chez les grossistes. Le paquet qui coûtait 200 gourdes est passé à 475 gourdes», se plaint Oris.

Sur dix patients atteints de cancer, seulement trois ou quatre parviennent à suivre un traitement, et ce, avec difficulté à cause de la rareté des médicaments.

– Dr. Dieuseul Cantave

D’autres médicaments comme l’Omeprazole en injection, le B-Complex en injection, la kétamine, la morphine et le Gastrogel deviennent également plus difficiles à se procurer.

De nombreux laboratoires pharmaceutiques et grossistes de Port-au-Prince ont fermé, dont le laboratoire Farmatrix, spécialisé dans la production locale de produits pharmaceutiques, selon une source.

Découvrez ce reportage d’AyiboPost publié en novembre 2023 sur le laboratoire Farmatrix et ses projets ambitueux dont l’exportation de médicaments :

Cette situation favorise la fabrication de faux médicaments.

«Dans un contexte de rareté, les produits acquièrent une plus grande valeur, permettant aux individus malveillants de tirer parti de la situation», avertit Oris.

Le marché des médicaments en Haïti manque de contrôle et de surveillance.

Un rapport de 2014 de la direction de la pharmacie, du médicament et de la médecine traditionnelle du ministère de la Santé publique et de la population alertait déjà sur les carences du secteur.

Haïti ne dispose pas de laboratoire national de contrôle de qualité des médicaments.

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Les ressources matérielles et les équipements affectent la production et la qualité des produits en circulation. La disponibilité de médicaments et d’intrants reste loin d’être optimale, la majorité des pharmacies enregistrées étant situées dans la capitale.

«Dans une telle situation, jour après jour, le risque sur la santé de la population augmente», conclut Pierre Hugues Saint-Jean, président de l’APH.

Par Lucnise Duquereste

Image de couverture : des laborantins en train de vérifier des médicaments. | © freepik


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Journaliste à AyiboPost depuis mars 2023, Duquereste est étudiante finissante en communication sociale à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH).

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