Il aura fallu 218 jours, soit 7 mois et 5 jours, période écoulée entre les élections du 25 octobre 2015 et le 30 mai 2016, date de la remise du rapport final de la Commission Indépendante d’Evaluation et de Vérification Electorale (CIEVE), pour que soit admis et reconnu par les plus hautes autorités de l’Etat « que le processus électoral était entaché de sérieuses irrégularités, d’incohérences graves et de fraudes massives ».
Il aura fallu reporter les élections du 27 décembre 2015, puis celles du 17 janvier 2016 et enfin celles du 24 janvier 2016 avant que soit confirmé que nous nous trouvons désormais dans un imbroglio, une impasse politique.
Il aura fallu concocter l’accord du 5-6 février 2016 et élire M. Privert, Président de la République d’Haïti au second degré, le 14 février 2016, une première depuis 1946.
Comme quoi, en Haïti, nous sommes maîtres dans l’art de perdre du temps et du retour en arrière.
Jusqu’à la veille de la publication du rapport de la CIEVE, de nombreux candidats voulaient, espéraient, désiraient, qu’on les déclare admis au second tour. Au diable le système électoral malade et moribond ! Au diable les incompétences du personnel technico-électoral présent dans les bureaux de vote !
Le rapport final de la CIEVE a douché ces ambitions mesquines et malsaines en affirmant qu’ « on ne pourra pas organiser des élections qui respectent les règles minima en matière de démocratie, des droits humains et de droit à l’auto-détermination des peuples sans, pour le moins, une reforme immédiate au niveau de la machine électorale ».
La CIEVE recommande la « reprise du processus ». Donc, retour à la case départ pour l’ensemble des 54 candidats à présidence.
Toutefois, on pourrait aller plus loin et se demander s’il ne paraitrait pas logique d’annuler, du même coup, les élections législatives et municipales, ayant eu lieu le même jour du 25 octobre 2015, puisqu’il n’existe qu’une seule et unique Liste Electorale Partielle (LEP) ? Qu’en sera-t-il du Président Privert dont le mandat arrive à terme le 14 juin prochain ? Quelle sera la position de l’ « International » ?
Qu’aurons-nous appris de ces 218 jours perdus ?
Pour revenir à l’élection présidentielle, on est tenté de se demander si tous les 54 citoyens et citoyennes ayant participé à la farce du 25 octobre 2015 rééditeront l’exploit ?
Ne passons pas par quatre chemins : il parait juste et honorable que plusieurs candidats se désistent et/ou se rallient à d’autres, afin d’éviter toute confusion au sein de la population haïtienne. Mesdames et Messieurs, les candidats, combien d’entre vous serez capable de franchir le Rubicon de votre petite personne et de vos fantasmes messianiques ?
La nation haïtienne vous attend au tournant.
Max Jean-Louis
Comments