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Ayiti élections : En avant vers nulle part !

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Un conducteur qui perd son chemin, c’est un fait tout à fait banal. Vous conviendrez que ça peut arriver à tout le monde. Par contre, celui-là qui, promettant d’arriver à bon port, s’entête à avancer vers un cul-de-sac en sachant pertinemment qu’il rentre dans une impasse mérite notre attention. (C’est même un cas d’étude 😉 )

Ne vous empressez pas de sourire d’une énième invention de mon esprit imaginatif 😉 Tournez plutôt le regard vers l’attitude de notre actuel CEP.

Depuis l’installation de ses membres, bon nombre de gens se disaient méfiants quant à la capacité de ce Conseil à conduire de bonnes élections. Après le premier tour des présidentielles, certains déclarèrent en avoir la preuve.

J’avoue n’avoir pas vraiment accordé de l’importance à ces détracteurs qui, pour la plupart, voient des complots même quand il fait chaud. Déjà que les dénonciations étaient remplies d’incohérences et de contradictions…Comment peut-on prétendre détenir des procès-verbaux attestant de sa victoire et dénoncer en même temps des substitutions d’urnes?

Et puis, il y avait surtout l’extrême assurance (certains disent même l’arrogance) qu’affichait le Conseil électoral.

Alors, pour moi, si des irrégularités (et des grosses que j’ai peu constatées) avaient bien souillé les joutes, les responsables n’avaient péché qu’en sélectionnant des membres de bureaux incapables d’exécuter leur travail. Le conducteur conduisait mal, gardait difficilement sa voie, mais on avançait tant bien que mal vers la destination finale. Il fallait certes identifier et dénoncer les impairs, mais simplement en vue d’améliorer les prochaines étapes. S’en prendre aux personnes des membres du Conseil était un brin exagéré.

Cependant, avec l’épisode des contestations au BCEN*, l’attitude du conducteur interpelle.

Après que des passagers prétendant que la voie empruntée ne mène nulle part eurent interrogé le GPS du véhicule, le conducteur reconnut qu’il se dirigeait vers un cul-de-sac. Mais, avec une troublante confiance, prétendit qu’il fallait continuer.

Comment peut-on être confiant dans la suite d’un processus quand tous les tests font état d’anomalies ? Des procès-verbaux examinés en contestation, TOUS ont montré des fraudes ou des irrégularités au point d’être écartés. Et malgré cela, Le CEP choisit de continuer le processus sans même vérifier l’étendue du mal.

Bon,  l’argument est que le décret électoral, cadre légal de référence des élections, ne prévoit pas de commission de vérification des procès-verbaux. 🙂 Ah oui ? Là, notre  conducteur a choisi d’ignorer les preuves du GPS simplement parce que ce n’était pas prévu.

« La loi est faite pour l’homme, et non l’homme pour la loi. »

Je conçois bien qu’il faut respecter la loi, mais là, franchement, c’est à mourir de rire, non ? Toutes les parties contestent les résultats. Même le candidat en première position remet les chiffres en question. Alors, légale ou pas, une vérification saurait-elle être illicite ? Ne serait-ce pas un minimum ?

Eh bien, pas selon le CEP. « ¡Adelante!** » dit-il. Le cap est mis sur un second tour de plus en plus hypothétique et qui, vraisemblablement, ne peut mener nulle part.

En y pensant l’autre jour, je m’inquiétais sur le taux de participation qui risque de baisser encore. Mais je me dis aussi que le conducteur, peut-être, sait ce qu’il fait : si les protestataires ont raison, les électeurs ne sont plus indispensables. 😉

Par contre, cela serait encore plus préoccupant.

Tilou

 *Bureau de Contestation Electoral National
** En avant!

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