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Opinion | Haïti : Espérons le meilleur, préparons-nous au pire !

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En dépit des déclarations récentes soulignant les progrès accomplis sur le plan politique, Haïti reste au bord d’un précipice avec un risque d’effets de contagion désastreux sur la région

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La situation en Haïti reste sombre malgré la formation d’un Conseil présidentiel de transition (TPC), la nomination d’un nouveau Premier ministre par intérim, Garry Conille, ancien haut responsable des Nations Unies, et le déploiement attendu de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) dirigée par le Kenya.

L’aéroport international de la capitale a rouvert au trafic commercial le 20 mai après avoir été fermé pendant près de trois mois ; les compagnies aériennes américaines viennent de reprendre leurs vols. L’activité des gangs est endémique à Port-au-Prince, qui reste confinée.

Soldat protège Aéroport international Toussaint Louverture Haiti

Un soldat des Forces Armés d’Haïti (FADH) surveillant l’entrée de l’aéroport en prélude à la rumeur concernant le retour potentiel du Premier ministre de facto d’alors, Ariel Henry. | © Jean Feguens Regala/AyiboPost

Les régions du sud du pays touchées par le tremblement de terre de 2021 sont inaccessibles depuis la capitale en raison des risques d’extorsion, d’enlèvements et de violence des gangs. Ces derniers menacent également les routes maritimes, ce qui entrave les activités économiques.

Avec près de 3 300 officiers perdus au cours des trois dernières années en raison d’assassinats ou de démissions, les forces de police sont considérablement affaiblies.

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En raison de l’environnement difficile, de nombreux Haïtiens quittent la capitale et s’installent dans d’autres villes, notamment dans le nord du pays, dont le Cap-Haïtien ou à la campagne. Si des milliers de réfugiés ne sont pas partis vers les côtes de la Floride, beaucoup sont déjà arrivés dans les pays voisins comme la République Dominicaine (par voie terrestre) et le Mexique.

Les inquiétudes grandissent quant au fait que ni le Conseil de transition ni la Force multinationale ne parviendront à stabiliser la situation et à créer un environnement propice à la tenue d’élections crédibles, sans qu’il soit certain qu’un plan d’urgence approprié ait été mis au point. Avec des gangs lourdement armés opérant dans le pays, la situation pourrait en effet se détériorer rapidement alors que les chefs de gangs continuent de résister à l’État et s’engagent publiquement à combattre la Force multinationale.

Si Port-au-Prince a connu récemment un calme relatif en termes de sécurité, permettant aux écoles de reprendre leurs activités, des attaques ciblées ont eu lieu contre des commissariats de la capitale, notamment à Croix-des-Bouquets et Gressier, tout comme contre des prisons civiles telles que celle de Titanyen. Ces incidents suggèrent que les gangs sont prêts à affronter la Force multinationale.

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Dynamique politique

Grâce à la médiation politique menée par la Communauté des Caraïbes (CARICOM), un Conseil présidentiel transitoire a été mis en place, bien qu’avec des retards importants. Le Conseil est un organe collégial exerçant des pouvoirs présidentiels spécifiés jusqu’à ce qu’un nouveau président soit élu d’ici 2026. Il comprend neuf membres, dont sept ont le droit de vote, […].

Des membres du Conseil présidentiel participent à une séance photo lors de la cérémonie de leur installation le 25 avril 2024 à la Villa d’Accueil, à Musseau. | © Pedro Anza pour AyiboPost

Comme le propose la CARICOM, ils représentent les principaux secteurs politiques, notamment l’ancien gouvernement en place et son opposition, les organisations de la société civile, ainsi que le secteur privé. Les acteurs locaux ont déjà critiqué son manque d’inclusivité, car il il ne comprend pas notamment des représentants des principales églises religieuses proprement dites, comme les catholiques et les protestantes, malgré la présence d’un représentant interconfessionnel.

Bien que les principaux groupes politiques et de la société civile en fassent partie, certains experts haïtiens ont fait remarquer qu’Haïti a déjà tenté sept conseils présidentiels, qui ont tous échoué. Le Conseil est composé de différentes forces politiques aux intérêts divergents, ce qui a déjà donné lieu à des conflits internes après la nomination, le 30 avril, de l’ancien candidat à la présidentielle et président du Sénat, Edgard Leblanc Fils, comme président/coordinateur.

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Par ailleurs, un accord sur une présidence tournante est en cours, ainsi qu’un processus de prise de décision nécessitant  cinq voix sur sept, ce qui pourrait s’avérer difficile.

Conseil présidentiel

L’actuel président du Conseil présidentiel de Transition (CPT), Edgard Leblanc Fils, le 30 avril 2024, à la Villa d’Accueil, à Musseau. | © Clarens Siffroy/AFP

Dans le cadre des négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement, des critiques ont déjà été formulées par le groupe Montana et les anciens partis d’opposition à Henry (appelés «coalition du 30 janvier») sur le fait que les affiliations politiques ont préséance sur les qualifications dans la nomination du Conseil. Les tensions devraient encore s’intensifier en ce qui concerne la sélection des nouveaux chefs des administrations clés. Cette situation est similaire aux efforts passés, notamment aux accords négociés par l’ancien Premier ministre Ariel Henry le 11 septembre 2021 et le 21 décembre 2022, qui n’ont pas débouché sur des actions concrètes telles qu’une réforme constitutionnelle et des élections crédibles.

Enfin, le Conseil pourrait se heurter à une opposition renouvelée de la part du chef de gang Jimmy Cherizier, également connu sous le nom de « Barbecue ». Il doit également faire face à une résistance potentielle de la part de Guy Philippe, un policier et homme politique à la retraite, ansi que l’auteur d’un coup d’État en 2004 contre le président de l’époque, Jean-Bertrand Aristide. Condamné par la suite à une peine de prison fédérale aux États-Unis pour blanchiment d’argent, il a tenté de renverser Ariel Henry en février dernier. Ces derniers affirment tous deux que le Conseil est anticonstitutionnel et imposé de l’extérieur.

Quelle force multinationale à l’horizon ?

Le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) il y a neuf mois, le 3 octobre 2023, pour une durée d’un an. Le déploiement a été temporairement bloqué en raison de la décision de la Cour suprême de Nairobi du 26 janvier 2024, qui a déclaré que les forces de police kenyanes ne pouvaient pas être déployées sans un accord de réciprocité, conformément à la Constitution kenyane et à la loi sur les forces de défense kenyanes. La Cour a rappelé que le Kenya ne pouvait déployer que des forces de défense, et non des services de sécurité. En réponse, le gouvernement kenyan a signé un accord de réciprocité avec l’ancien Premier ministre Henry le 1er mars 2024.

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L’opposition kenyane continue de s’opposer au déploiement, car il a été précédemment jugé inconstitutionnel. Ils ont à nouveau déposé une affaire qui sera jugée fin juin et ont averti qu’ils sont prêts à porter l’affaire devant la Cour suprême du Kenya. Si le gouvernement kenyan est disposé à respecter la procédure judiciaire, le déploiement de ses troupes pourrait être encore retardé jusqu’à ce que le Conseil de sécurité de l’ONU décide finalement de sélectionner un nouveau pays pour diriger la mission. Conformément à sa résolution 2699, le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait réexaminer la mission dans les neuf mois suivant son autorisation. Ainsi, le réexamen devrait normalement avoir lieu en juin.

Si le gouvernement kenyan est disposé à respecter la procédure judiciaire, le déploiement de ses troupes pourrait être encore retardé jusqu’à ce que le Conseil de sécurité de l’ONU décide finalement de sélectionner un nouveau pays pour diriger la mission.

En raison de l’engagement des États-Unis à fournir le soutien, le financement et les efforts diplomatiques nécessaires pour obtenir l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU, l’une des conditions préalables posées par la CARICOM pour rejoindre le Conseil de transition était d’accepter le déploiement de la Force multinationale.

Pourtant, tous les arrangements passés entre Haïti et le Kenya conclus par Ariel Henry doivent être revus, y compris ceux liés au protocole d’accord signé, au concept des opérations, au recours à la force (qui fait référence aux opérations de police) et/ou aux règles d’engagement (lié à d’éventuelles opérations militaires en raison de la présence probable de personnel militaire au sein de la Force multinationale). Ces documents n’ont pas été rendus publics ; elles ne sont pas finalisées et insuffisamment détaillées, la Russie – qui s’est abstenue lors du vote en faveur du déploiement de la force – s’étant plainte de leur manque de clarté lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur Haïti le 22 avril 2024. Des plaintes similaires ont également été formulées par les Républicains du Congrès américain.

En réponse à l’assassinat brutal de deux missionnaires américains par un gang en Haïti, les États-Unis et le Kenya ont réaffirmé leur intention de déployer rapidement une mission. Le Kenya prendra les devants, le Pentagone fournissant les orientations générales. Cependant, la mission devrait rencontrer des difficultés pour étendre rapidement ses opérations.

Au moins 4 000 soldats (peut-être plus en raison de la rotation du personnel) seront nécessaires pour soutenir efficacement les forces de police nationales à travers le pays. Actuellement, Haïti compte officiellement 9 000 officiers (environ 6 500 selon les défenseurs locaux des droits de l’homme) servant chaque jour pour une population de 11 millions d’habitants, ce qui ne représente qu’un tiers de la taille recommandée par l’ONU pour un pays de cette taille. En outre, certains de ces agents seraient impliqués dans des bandes criminelles, ce qui souligne la nécessité d’un contrôle continu des forces de police nationales et les risques potentiels auxquels la police internationale sera confrontée lors de son travail sur place.

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De plus, la mission est sous-financée, avec un budget estimé à 600 millions de dollars sur deux ans. Les contributions annoncées, notamment par les États-Unis (300 millions de dollars), couvrent principalement la logistique, la communication et la formation, mais sont insuffisantes pour rémunérer correctement les forces de police qui seront déployées. Or, les médias confirment que la motivation première de ces forces consiste à gagner de l’argent.

Selon la BBC, de nombreux policiers kenyans hésitent à opérer en Haïti en raison de l’armement avancé des gangs, plus sophistiqué que le leur. Les Bahamas, le Bangladesh, le Bénin, le Tchad et la Jamaïque envisagent de se joindre à la mission, le Bénin promettant d’envoyer 1 500 soldats « chevronnés », pouvant potentiellement atteindre 2 000. Cette dernière force pourrait être composée uniquement de recrues nouvelles et insuffisamment formées, car le Bénin a besoin de troupes expérimentées pour faire face aux menaces sécuritaires des jihadistes à sa frontière. Les États-Unis hésiteraient à contribuer aux salaires de ces soldats en raison de préoccupations quant à leur efficacité.

Certains pays d’Amérique latine ont la capacité de fournir des troupes expérimentées pour la mission. Cependant, ils ne sont pas disposés à le faire car la mission ne sera pas une opération de l’ONU, même si elle a été autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU. L’environnement sécuritaire est jugé trop risqué en raison du concept peu clair des opérations. De plus, la présence d’enfants et d’adolescents au sein des gangs, l’incapacité à faire respecter l’embargo sur les armes et les sanctions imposées aux dirigeants politiques et économiques liés aux gangs, contribuent à ce risque.

Certains pays d’Amérique latine ont la capacité de fournir des troupes expérimentées pour la mission. Cependant, ils ne sont pas disposés à le faire car la mission ne sera pas une opération de l’ONU, même si elle a été autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU.

En raison du nombre limité de forces de police nationales disponibles et des difficultés liées au déploiement de troupes internationales supplémentaires, les États-Unis ont envisagé d’équiper l’armée haïtienne (Fad’H), qui a été dissoute en 1995 mais réintégrée en 2017. L’armée a en fait assisté les forces de police dans la lutte contre les gangs et la sécurisation des installations portuaires.

Cependant, il est nécessaire d’obtenir davantage d’informations sur l’effectif exact de l’armée (environ 1 500 hommes), le recrutement, les processus de sélection et les règles d’engagement pour garantir la coordination et éviter les chevauchements avec les forces de police. Il convient de rappeler que la Force multinationale autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU ne prévoit aucun soutien à l’armée, mais uniquement à la police et que dans un passé récent, certains anciens militaires ont rejoint une brigade de service appelée BSAP (« Brigade de Sécurité des Aires Protégées »), qui a ensuite soutenu Guy Philippe lors de sa tentative de coup d’État contre l’ancien Premier ministre Henry.

Dans le contexte actuel, le Conseil de transition est confronté à un énorme défi face à plus de 250 gangs, parmi lesquels le groupe G9 dirigé par Jimmy Cherizier, ainsi que les groupes dirigés par Johnson André (également connu sous le nom d’Izo) et Vitel’Homme Innocent. Même si le nombre de membres de gangs ne dépasse pas 6 000, ils connaissent bien le terrain et peuvent rapidement recruter parmi une population dont plus de 1,4 million d’habitants sont en proie à la famine.

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Certaines personnalités, comme Sir Ronald Sanders, l’ambassadeur d’Antigua-et-Barbuda auprès de l’Organisation des États américains (OEA) et des États-Unis, ont proposé d’engager un dialogue avec les gangs et de proposer une amnistie, tandis que d’autres, comme Jacky Lumarque, le recteur de l’Université Quisqueya, déconseillent cette pratique, car elle pourrait être considérée comme une récompense pour un comportement criminel. Il est toutefois essentiel d’enquêter sur les liens présumés entre les gangs et certains dirigeants économiques et politiques, et de punir de manière appropriée les personnes impliquées. Cela signifie que le Conseil de transition doit être en mesure de restaurer un système de justice pénale fonctionnel et de garantir que le système judiciaire haïtien applique les sanctions imposées par l’ONU contre les chefs de gangs.

Visionnez cette vidéo explicative d’AyiboPost abordent le concept Amnistie dans le contexte haïtien :

Déjà au plan de secours ?

D’anciens diplomates américains, dont James Foley, qui a été ambassadeur des États-Unis en Haïti de 2003 à 2004, ont publiquement exprimé des doutes quant à l’efficacité du Conseil de transition et au soutien de la Force multinationale à la police nationale en Haïti. Ils sont convaincus que l’administration américaine ne pourra plus faire fi de l’instabilité persistante à ses frontières. Ils prévoient que les États-Unis devront éventuellement intervenir avec force pour ramener la stabilité en Haïti. Le général Laura Richardson, commandant du Commandement Sud des États-Unis (SOUTHCOM), a même révélé en mars que les États-Unis envisageaient d’envoyer des forces militaires en Haïti dans le cadre d’une «solution internationale tenant compte de la perspective d’Haïti».

Entre-temps, diverses parties prenantes haïtiennes, notamment des dirigeants politiques de tous bords, tels que des groupes de la société civile et des organisations religieuses, ont plaidé en faveur d’un plan de transition alternatif. S’appuyant sur les dispositions de la version non amendée de la Constitution de 1987, ils suggèrent qu’un haut juge de la Cour de cassation assume la fonction de président, comme cela s’est produit en 2004.

Les États-Unis envisageaient d’envoyer des forces militaires en Haïti dans le cadre d’une «solution internationale tenant compte de la perspective d’Haïti».

Laura Richardson

Le lieutenant-général à la retraite de l’armée américaine Russel Honoré, qui a commandé les efforts de secours à la suite de l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans en 2005, a mentionné cette idée comme plan d’urgence dans une lettre du 28 mars adressée à la Maison Blanche au nom de plusieurs organisations de la diaspora haïtienne aux États-Unis.

A l’inverse, d’autres organisations de la diaspora, comme «Defend Haiti’s Democracy», soulignent que la Constitution non révisée de 1987 prévoit une investiture par le Parlement, aujourd’hui absent. Ils soulignent que les juges de la Cour ont prêté serment sur la version révisée de la Constitution. Dans un tel environnement, ils recommandent de privilégier toujours une solution politique par consensus, une approche soutenue par certains signataires de l’accord des anciens pro-Ariel Henry du 21 décembre 2022.

D’autres observateurs locaux rappellent que les juges actuels de la Cour de cassation ont été nommés par les anciens présidents Michel Martelly et Jovenel Moise ou par Henry ; ils spéculent que tout juge sélectionné pourrait finir par représenter les anciens dirigeants plutôt que la voix indépendante dont ces groupes estiment être nécessaire. Néanmoins, cette proposition reste sur la table et constitue une autre menace politique perçue pour le Conseil de transition, qui est voué à réussir s’il veut survivre politiquement.

Les conséquences possibles de la crise actuelle et du vide du pouvoir en Haïti semblent limitées. Il s’agit notamment d’une prise de pouvoir par Guy Philippe avec le soutien de gangs, d’une transition politique dirigée par un haut juge de la Cour de cassation en tant que président, similaire au scénario de 2004, ou d’une direction de transition par le Conseil actuel ou un Conseil remanié. Certains de ces résultats peuvent sembler être le « moindre mal », car ils pourraient s’aligner de manière plus appropriée sur une solution axée sur le rétablissement de l’État de droit et du maintien de l’ordre.

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En dépit des déclarations récentes soulignant les progrès accomplis sur le plan politique, Haïti reste au bord d’un précipice avec un risque d’effets de contagion désastreux sur la région. Espérons que cette falaise ne soit pas trop abrupte, et qu’il existe une prise de conscience et un engagement général pour surmonter ces obstacles.

► Par Philippe de Bard, analyste indépendant et expert sur Haïti. Il a travaillé avec les Nations Unies et l’Union européenne en tant que conseiller technique en chef et analyste politique et électoral principal pendant plus de deux décennies.

Image de couverture: Collage réalisé avec des photos de Jean Feguens Regala/AyiboPost prises dans les rues de Port-au-Prince. Le collage contraste un homme et une fillette qui tentent de fuir une zone (bas-Delmas) en quête de jours meilleurs, et un photojournaliste bravant les flammes ardentes des pneus en caoutchouc pour faire son travail.


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