Les commissions reversées sur les transactions par Digicel et Natcom sont insatisfaisantes, argumentent des agents à AyiboPost
Des agents des services de transfert d’argent mobile MonCash et Natcash révèlent exiger des frais additionnels irréguliers aux clients, justifiant cela par les commissions insatisfaisantes reversées sur les transactions par les compagnies Digicel et Natcom.
Pour un retrait de 7500 gourdes, 171 gourdes sont prélevés par Digicel alors qu’environ 15% de ce montant échouent à l’agent, se plaint un vendeur de MonCash basé à Roche-à-Bateau dans le département du Sud.
Pour améliorer ses revenus, l’homme oblige les clients à acheter dans sa boutique de quincaillerie pour au moins 200 gourdes s’ils veulent avoir droit à un retrait.
«Nous n’avons presque pas de retour significatif sur investissement», déplore-t-il.
Pour un retrait de 7500 gourdes, 171 gourdes sont prélevés par Digicel alors qu’environ 15% de ce motant échouent à l’agent.
Un agent du service Natcash de Marmelade dit empocher moins de 250 gourdes après une journée passée à faire des retraits pour les clients à hauteur de 100 000 gourdes parfois.
Les clients, selon Roody Legros, un agent du service Natcash, sont libres d’accepter ou non les frais arbitraires, puisqu’il rappelle devoir payer un taxi régulièrement pour se rendre au Cap-Haïtien et acheter avec ses fonds propres le Natcash qu’il doit revendre.
Différents types d’agents reçoivent des montants différents pour les transactions.
AyiboPost n’a pas pu obtenir les grilles tarifaires des deux compagnies.
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Ces frais irréguliers pèsent sur les finances des clients dont une bonne partie vivent en milieu rural, avec parfois un seul représentant du service à des kilomètres à la ronde.
Les chiffres de Natcash ne sont pas publics, mais MonCash compte plus d’un million d’utilisateurs à travers le pays.
Les deux services offrent un accès facile à des services bancaires dans un contexte où seulement 19% d’Haïtiens avaient un compte bancaire en 2014.
Chaque gourde additionnelle à payer en frais compte dans un pays où plus de la moitié des habitants vivent en dessous du seuil de la pauvreté.
Un agent du service Natcash de Marmelade dit empocher moins de 250 gourdes après une journée passée à faire des retraits pour les clients à hauteur de 100 000 gourdes parfois.
Plus d’une dizaine de témoignages récoltés par AyiboPost suggèrent que les agents de Natcash et de MonCash facturent aux clients des frais supplémentaires pour les retraits dans des villes de province et même dans la région métropolitaine, en dehors d’un véritable contrôle des deux compagnies de télécommunication.
Des clients comme Ricardo Duré sont scandalisés par la pratique.
Le 10 septembre 2023, l’homme s’est rendu au marché de Blockauss à Bainet, dans le Sud-Est du pays, pour retirer 20 000 gourdes de son compte MonCash. Il s’est vu facturer plus de 1 000 gourdes – à la place des 629 gourdes – pour le service par l’agent préposé au service des retraits de MonCash.
«Je n’en revenais pas», se souvient Duré qui dit avoir obtenu – non sans insistance – la restitution des frais additionnels.
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Une situation similaire se déroule à Marmelade, selon des témoignages.
En février dernier, Alex Exilum voulait faire le retrait de 5 000 gourdes qu’un parent venait tout juste de transférer sur son compte Natcash. L’agent de service lui a prélevé 500 gourdes comme facture de retrait, une somme qui dépasse largement les 97 gourdes exigées par la Natcom.
«Cette pratique est devenue systématique dans la zone», déclare Exilum. « Si vous n’acceptez pas ces conditions de retrait, on ne vous fera pas la transaction.»
«Nous avons la meilleure structure de commissions sur le marché», rétorque un employé au sein de MonCash.
Aux agents qui expriment leur insatisfaction par rapport à l’absence de prêts et aux faibles commissions que leur donne le service, l’employé précise : «MonCash n’est pas une banque, ni un micro-crédit. Les gens doivent comprendre que le service ne sera pas en mesure de répondre à tous leurs besoins ou d’assurer la masse salariale de leur business. Il faut que les agents aient une autre source de revenus.»
Cette pratique est devenue systématique dans la zone. Si vous n’acceptez pas ces conditions de retrait, on ne vous fera pas la transaction.
– Alex Exilum
Des mesures risquent d’être prises contre les agents fautifs.
«Les agents qui se livrent aux ‘mauvaises pratiques’ [de surfacturation] seront probablement supprimés du réseau», révèle à AyiboPost le département de communication de MonCash contacté via Harrison Mainsour, un des responsables au sein du service.
Le vendredi 26 avril 2024, un journaliste d’AyiboPost s’est rendu au siège de la Natcom à Turgeau, mais aucun responsable n’était sur place pour répondre aux questions. Le responsable de communication est contacté via téléphone. Cet article sera mis à jour si la compagnie réagit.
Il n’est pas clair si les compagnies prévoient de prendre des mesures pour augmenter les commissions accordées aux partenaires de Natcash et de MonCash.
Entre-temps, les surfacturations se généralisent.
Dans le nord, Magdalina s’est vue facturer 150 gourdes à la place des 105 gourdes habituelles qu’elle donnait en frais pour un transfert de 3 000 gourdes en ce début d’année.
La dame fait régulièrement des transferts d’argent pour le compte de ses parents à son frère cadet étudiant à Port-au-Prince.
Selon l’agent, cette déduction sert à payer l’employé qu’il a embauché pour assurer le service, puisque son salaire n’incombe pas à Digicel.
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À Lacoma, une section communale de Jean-Rabel, P. Génélus, un client du service Natcash se voit prélever 100 gourdes supplémentaires sur chaque 1 000 gourdes lors des retraits.
Tout client refusant de payer ces frais devra débourser 1 000 gourdes comme frais de taxi pour obtenir le service à Port-de-Paix.
Par Junior Legrand et Kervens Merisema
Jabin Phontus a participé à ce reportage.
Image de couverture éditée par AyiboPost illustrant le mécontentement des clients des services de transfert d’argent mobile MonCash et Natcash.
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