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Varicocèle, un mal qui tenaille des hommes en Haïti

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La plupart des hommes infertiles en souffrent

Âgé de 38 ans, Dieubon Estimé ne comprenait pas pourquoi sa femme n’arrivait pas à enfanter, après trois ans de mariage. Estimé rapporte qu’il avait déjà mis une fille enceinte quand il était plus jeune.

Les interventions auprès des institutions hospitalières n’ont révélé aucune anomalie chez la dame. C’est alors que le médecin traitant a invité Dieubon Estimé.

Les résultats sont sans appel : Estimé souffre de la varicocèle. Il n’y a pas de statistiques en Haïti sur cette maladie, mais quatre hommes sur dix consultants pour stérilité ou hypofertilité en seraient touchés en France.

Une maladie répandue

La varicocèle n’a aucune méthode de prévention connue. Elle est le résultat d’une dilatation des veines spermatiques qui, entourant les testicules, assurent le flux et le reflux sanguins au niveau de la bourse. Cette dilatation est due à un fonctionnement anormal des valves qui sont appelées à faire remonter le sang vers le cœur.

« Cette maladie est très répandue en Haïti », souligne Watson Exantus, médecin urologue.

Chez la grande majorité des hommes, elle n’a aucun effet sur la fonction érectile et la sexualité et ne cause aucun inconfort ni problème. Lorsqu’elle est volumineuse, elle peut provoquer une sensation de lourdeur ou de douleur pouvant augmenter avec le temps.

La varicocèle peut également affecter le développement et la fonction du testicule avec une atrophie testiculaire et, vraisemblablement, causer des problèmes de fertilité.

Un traitement couteux

Aujourd’hui, Dieubon Estimé se bat contre la maladie en dépensant près de 15 000 gourdes mensuellement pour s’acheter des médicaments. Cependant, il sait déjà que la victoire n’est pas à portée de la main.

Vaincre la varicocèle en Haïti nécessite souvent une intervention chirurgicale pouvant coûter jusqu’à 100 000 gourdes. Là encore, le médecin Watson Exantus rappelle que le malade qui se fait opérer d’une varicocèle a entre 20 % et 50 % de chance de réussir à procréer.

Jean Thomas Blaise qui venait à peine de se marier cherchait à comprendre pourquoi sa femme n’était pas encore tombée enceinte. En aout 2017, il a découvert qu’il souffre de la varicocèle.

En octobre de la même année, Blaise a subi une opération chirurgicale et en mars 2018, sa femme est finalement tombée enceinte. Aujourd’hui, la fille de Blaise a 18 mois.

Les couples mariés n’ayant pas d’enfant subissent parfois un regard réprobateur en Haïti. Avant son intervention chirurgicale en mai 2019, Ricardo Martineau, diacre d’une église protestante, raconte avoir été « stigmatisé » parce qu’il n’avait pas d’enfants après 3 ans de mariage. Martineau est aujourd’hui le père d’une fille de 7 mois.

Samuel Celiné

Dieubon Estimé est un nom d’emprunt

Cet article a été mis à jour. 28.08.2020 10:51

Poète dans l'âme, journaliste par amour et travailleur social par besoin, Samuel Celiné s'intéresse aux enquêtes journalistiques.

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