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Un lycéen gagne un concours de débat et milite pour la réouverture de son établissement

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Le lauréat de la troisième édition du concours d’art oratoire ”Des mots pour convaincre”, organisé par Educ-Ha Group, est connu. Daël Othni Vincent, élève de nouveau secondaire IV au Lycée Faustin Soulouque. Il a subjugué le public et le jury par son éloquence et par la justesse de ses mots, le dimanche 25 mars dernier à Petit-Goâve. Mais le fait marquant de cette grande finale a été le discours très engagé de Daël lors de la remise des primes.

 

« Ils ont échoué…parce qu’on a pu faire ce qu’ils n’espéraient pas ! », clame Daël Othni Vincent devant la foule en s’adressant au président Jovenel Moise et au Premier ministre Jack Guy Lafontant face aux caméras des médias. Dans l’euphorie générale provoquée par son sacre, il a enfilé son costume de leader pour s’exprimer au nom de tous ses camarades du Lycée Faustin Soulouque de Petit-Goâve, dont les portes sont fermées depuis la mi-janvier de cette année. « Il faudrait peut-être fermer les portes des écoles beaucoup plus tôt pour qu’elles donnent des résultats », déclare-t-il ironiquement.

Des professeurs en grève, les élèves payent les pots cassés

Cette situation perdure à cause d’une trentaine de professeurs du lycée qui sont entrés en grève pour réclamer des lettres de nomination et des arriérés de salaire datant de 2013, fait savoir Jean Elius Pierrevilus, directeur du lycée Faustin Soulouque en revenant d’une réunion à Port-au-Prince. Alors que les élèves vont entamer un troisième mois sans pouvoir se rendre en salles de classe, M. Pierrevilus est incapable de donner une date, même approximativement, pour la reprise des cours. « Je suis le directeur, certes, mais la solution ne dépend pas de moi. Seuls le Premier ministre et le ministre de l’éducation nationale peuvent débloquer cette situation », dit-il d’un ton résigné.

Pendant ce temps, les élèves du lycée sont livrés à eux-mêmes. La volonté est là, mais faute d’enseignants, ils sont dans l’impossibilité de poursuivre leur apprentissage. « En 2017, sur les trois périodes d’évaluation exigées par le ministère de l’Education nationale et de la formation professionnelle (MENFP), seulement deux périodes ont été bouclées. Et ce, avec beaucoup de difficultés », témoigne Nickson Céné, élève de Nouveau secondaire 3 au lycée, rappelant que l’autre lycée de la ville, le Lycée Roseline Vaval arrive à fonctionner tant bien que mal. Nivarline Dorcin, de Nouveau secondaire 2, pour sa part, affirme qu’elle est loin de pouvoir combler ses lacunes avec ce mode de fonctionnement. Pessimistes, résignés et impuissants, ces élèves sont à l’affût de toutes activités parascolaires dans la ville de Petit-Goâve, susceptibles de les garder dans un environnement favorable à l’apprentissage. C’est d’ailleurs ce contexte qui a favorisé la participation de Daël Othni Vincent au concours de débats interscolaires d’Educ-Ha Group.

The Great Debaters à l’haïtienne

Dans une ambiance électrique et devant une foule en liesse, Eudes Biker Léandre et Daël Othni Vincent se sont affronté avec opiniâtreté lors de la grande finale de ce concours. Quatre candidats étaient en lice pour les joutes finales, mais ce sont les représentants du Collège Saint-Antoine et Saint Ignace de Loyola et du Lycée Faustin Soulouque qui ont reçu l’aval du jury pour disputer la dernière phase du tournoi.

Amenés à débattre sur l’assertion qui stipule qu’« avec l’internet, on n’a plus besoin des livres dans les bibliothèques », les candidats ont usé de tout leur savoir-faire pour défendre leurs positions. Et en prenant le contre-pied de la proposition qui lui a été soumise, Daël Othni Vincent a su se distinguer tant par sa maîtrise de la parole que par ses arguments. Tombé sous le charme, le jury ne pouvait que lui attribuer la palme du vainqueur. Notons que c’est la première fois qu’un élève de lycée remporte ce titre. L’on imagine à peine le délire qu’un tel couronnement a suscité dans les rangs des lycéens, venus en très grand nombre au Lambi Night Club pour supporter leur héros du jour.

Educ-Ha Group : tout avec et pour des écoliers

Parce qu’il est primordial de « créer un espace de parole, d’argumentation et de réflexion pour les adolescents, pour les jeunes écoliers », l’idée du concours Des mots pour convaincre a trouvé toute sa raison d’être. Organisé pour la première fois en 2016, ce concours est à sa troisième édition et a réuni cette année huit établissements scolaires de la ville de Petit-Goâve. Si les difficultés ont jalonné tout le tournoi, la satisfaction était toutefois au rendez-vous, s’est rassuré Jeff Oresna, secrétaire d’Educ-Ha Group.

Educ-Ha Group est une organisation de volontaires à but non lucratif intervenant auprès des écoliers à travers des activités parascolaires notamment dans la culture, dans le civisme, dans le sport, dans l’environnement. Et ce concours organisé dans le cadre de la quinzaine de la francophomie « poursuit essentiellement des objectifs pédagogiques, tels que le développement des compétences en argumentation, l’exercice à la communication française, la maîtrise de l’art oratoire, entre autres », ajoute Obed Lamy, coordonnateur d’Educ-Ha Group.

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