SOCIÉTÉ

Thanksgiving en Haïti, où est le problème?

0

.

J’attendais un article pareil  [Happy « Mèsi-bay » day] mais, je ne pensais nullement qu’il viendrait de mon ami, camarade, Jétry Dumont. D’habitude, à chacun de ses posts, je lui mets un +1. Mais cette fois, non seulement je garde mon point supplémentaire mais en plus je prends son contre pied. Du choc des idées, dit-on, jaillit la lumière. Alors espérons que nos deux façons de penser apporteront un peu de clarté dans cette situation d’ombre (si situation d’ombre il y a) qu’est notre acculturation qui tend vers une assimilation culturelle. Les idées de Jétry, vous les connaissez, alors à moi de partager les miennes.

À mon avis, si l’on veut protéger la culture haïtienne, la solution n’est pas de demander à ceux qui se sentent plus américains que les américains eux-mêmes de ne pas manifester leur sentiment d’appartenance à ce groupe, mais plutôt de les encourager à accorder beaucoup plus d’importance à nos fêtes nationales. Si tu veux vendre le riz national, mon ami frère, le mieux c’est d’augmenter la production locale, en rehausser la qualité, réduire le prix et encourager sa consommation par le biais de campagnes publicitaires. Ce n’est nullement en interdisant le riz américain sur le sol haïtien, une stratégie qui s’apparenterait plutôt une forme de dictature, qu’il faut pousser la population à encourager la production nationale. D’ailleurs, avec une telle approche, tu aurais sur ton dos, j’en suis sûr, l’OMC.

Le peuple américain est un peuple d’immigrés. Pour reprendre les récents propos de Barack Obama:  «Nous avons tous été étrangers un jour.» Alors comment demander à cette grande famille haïtiano-américaine de ne pas fêter Thanksgiving en Haïti? Autrefois, on disait souvent que chaque Port-au-Princien avait au moins un membre de sa famille en province. Aujourd’hui, je dirais plutôt que chaque famille haïtienne a au moins un parent à l’étranger. Et, comme la diaspora haïtienne se trouve majoritairement en Amérique du Nord, disons tout simplement que nous avons tous au moins un membre de notre famille ou sinon un ami proche aux États-Unis. Donc, aujourd’hui, si Thanksgiving est fêtée dans beaucoup de familles haïtiennes, françaises, canadiennes, anglaises, etc., c’est tout simplement parce que celles-ci ont tissé, au fil des années, des liens étroits avec Oncle Sam.

Tant qu’elle ne devient assimilation culturelle, causant ainsi la disparition de la culture autochtone sous l’influence de l’allochtone, l’acculturation est une chose positive, selon moi. Et, tant qu’aucune loi ne nous impose la célébration de ces fêtes d’origine étrangère, laissons donc à ces familles, à tous ces gens qui vivent en Haïti mais qui ont leur esprit aux États-Unis, le loisir de dîner copieusement et de festoyer allègrement, le temps d’une soiréeSe gaver de dinde un jour ne détruit pas une culture. Tout comme ne pas en manger ne préservera pas la culture haïtienne.

Le mieux, comme je mentionnais plus haut, c’est d’accorder plus de valeur à nos fêtes nationales, de vendre plus efficacement les images d’un 18 mai, d’un 18 novembre ou d’un 1er janvier. Car, demander aux haïtiens résidant en Haïti de ne pas fêter Thanksgiving, c’est aussi demander aux autres pays de ne pas fêter la bataille de Vertières qui, selon moi, est la plus grande révolution et le plus grand progrès de l’histoire de l’humanité .

Alors, aujourd’hui apprécions les images de tables bien garnies des haïtiens qui ont célébré Thanksgiving et espérons que, le 1er janvier, ceux qui nous ont lu penseront également à partager des photos de leur assiette de soupe et que ces dernières feront saliver leurs confrères américains. Travaillons à faire connaître notre culture au reste du monde afin que tous les haïtiens qui vivent à l’étranger soient fiers de s’habiller en bleu et rouge les 18 mai.

Dans un autre ordre d’idées, « mwen vreman regrèt pa gen moun ki te envite m’ manje kòdenn lan! »

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *