Skal Labissière a eu son match de référence, le meilleur de sa jeune carrière, hier soir face aux Suns de Phoenix : 32 points, 11 rebonds, 11/15 aux tirs, 9/11 aux lancers francs, 2 ballons volés et 1/1 à 3 points, le tout en seulement 30 minutes de jeu. La meilleure performance pour un joueur de la classe du draft 2016 cette saison. Il est devenu le premier Rookie des Kings de Sacramento à aligner de telles lignes de statistiques depuis Lionel Simmons en 1991. Dans toute l’histoire de la NBA, seulement 40 joueurs avant lui avaient réalisé l’exploit d’inscrire 32 points à 20 ans. Skal Labissière était phénoménale, intraitable, monstrueux face à la défense des Suns qui n’avait pas de solution pour ralentir l’Haïtien (21 points dans le seul 4e quart temps). L’euphorie a même emporté un fan qui n’a pas hésité d’avouer sur Twitter qu’il était en train de discuter et de convaincre sa femme enceinte de nommer leur bébé « Skal », peu importe son sexe !
L’histoire de Skal Labissière est connu de tous : le 12 janvier 2010, Skal était l’un des miraculés du tremblement de terre qui a dévasté Haïti. Étant coincé sous les décombres de sa maison en compagnie de sa famille, il a dit à sa mère qu’il était encore trop jeune pour mourir. Il n’a pas voulu partir aussitôt ! Plusieurs semaines après il ne pouvait marcher correctement, les séquelles des lourds bétons étaient encore visibles dans sa démarche. Il n’a pas abandonné son rêve pour autant ! Sa taille et son habileté ne laissent pas les recruteurs indifférents, 6 mois après la catastrophe, Skal laisse le pays en direction des Etats-Unis pour peaufiner son talent. Athlétique et polyvalent, il est repéré par John Calipari qui lui a rapidement offert la possibilité de jouer pour l’Université de Kentucky. Yahoo Sports avait présenté Skal comme le futur numéro 1 du draft 2016 de la NBA. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévues, mais il entre quand même dans la NBA, au premier tour du draft.
Après avoir été choisi par Phoenix Suns à la 28e place, puis transféré à Sacramento Kings, Skal atterri dans une équipe où la raquette est remplie surtout avec la présence de Demarcus Cousins. Il passe la majeure partie de son temps sur le banc des Kings, et en D-League pour développer davantage son talent. Résultat : sur les 57 matches joués par Sacramento au cours de la saison, il ne sera présent que 8 fois sur les parquets de la NBA, avec une moyenne de 2 points par match. Le 19 février, une nouvelle choquante annonce le départ de Demarcus Cousins des Kings en direction des Pelicans. Les dirigeants se séparent de leur meilleur joueur, pour lancer un processus de reconstruction avec de jeunes talents non encore confirmés. Ce départ a ouvert la voie à Skal pour montrer tout son talent et prouver qu’il est digne d’un joueur de premier tour de draft et confirmer toutes les bonnes choses qu’on disait de lui avant son entrée en NBA.
La vie après Demarcus a commencé de la meilleure des manières pour Skal, pour la première fois de sa carrière, il a atteint la barre des 12 points, avec 5/7 aux tirs et 3 rebonds. Un message envoyé à son coach Dave Joeger. Il pourra compter sur S lors de la reconstruction. Au fil des matches, le natif d’Haïti a eu beaucoup plus de temps de jeu, il a joué plus matches en moins d’un mois (11), que durant ses 4 premiers mois (8) dans la ligue. Il fut titulaire à deux reprises, ce qui n’a jamais été le cas auparavant. Ses minutes ont presque triplé : 6 minutes par match avant, contre 16 minutes par match depuis le départ de Demarcus Cousins. Son coach ne lui en a pas fait cadeau ! Skal progresse de match en match, il profite de ses minutes pour améliorer ses performances : il gobe des rebonds, il attaque le cercle, il contre des tirs. Il se rapproche finalement du joueur dont on prédisait pouvoir terminer #1 du draft.
Ce match d’hier, face aux Suns, vient de montrer une autre dimension du talent de Skal: tirs à longue distance, tirs à mi-distance, dunks, flotteurs, rien ne pouvait l’arrêter. Chacune de ses actions suscitaient de plus vives réactions, le public qui n’est pas le sien réagissait pourtant positivement à chacun de ses paniers, ses coéquipiers du banc se mettaient debout pour le féliciter et l’encourager. Grant Napear, commentateur régulier des matches de Sacramento Kings sur Comcast Sportsnet California, ne pouvait plus se retenir face aux prouesses de l’Haïtien. Voyant tout le potentiel du gamin de 20 ans, son avenir prometteur et brillant, mais surtout la chance qu’a les Kings de Sacramento d’avoir Skal dans leur effectif, les journalistes de Sacramento notamment Jerry Reynolds lui a donné un surnom parfait Skalleluia !
L’histoire de Skal est un véritable conte de fées, digne d’un scénario hollywoodien. Rescapé du tremblement de terre de 2010, il a eu la chance d’être reperé par le groupe Power Foward, il a pu jouer pour les Wildcats de Kentucky, et finalement, il a tiré le gros lot : une entrée par la grande porte en NBA. Après des débuts compliqués et barré par Demarcus Cousins, le départ de ce dernier aux Pelicans lui a totalement ouvert la voie. Lui qui ne rate jamais l’occasion de mettre Dieu en avant dans toutes ses déclarations, il devra encore une fois dire Alléluia pour avoir eu l’occasion de montrer au monde entier ses qualités de futur star. Fans, dirigeants et coéquipiers des Kings devraient aussi dire Alléluia le fait d’avoir une telle perle. Nous, Haïtiens, devrions aussi dire Alléluia, le fait d’avoir quelqu’un qui nous représente dignement à l’étanger. Répétons tous ensemble: SKALLELUIA !
Paul Junior Prudent
Twitter : @pjprudent
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