Messi et Di Maria ont envoyé l’Argentine aux quarts. Le but de Di Maria en toute fin de rencontre, sur passe de Messi, synthétise le football dans ce qu’il a d’intelligence (comprendre) et d’esthétique (habileté digne de contemplation).
Essayons de décortiquer par la prise en compte de trois éléments : l’espace, les joueurs directement concernés et le temps.
L’espace
L’action se passe exactement sur la ligne médiane, côté gauche de l’attaque argentine à environ huit mètres de la ligne de touche ; Palacio est en train de gagner un duel avec Lichsteiner. La zone « démilitarisée » belge, c’est-à-dire l’espace entre la ligne classique de défense et la ligne classique du milieu de terrain, est très haute. Et entre ces deux lignes, une bonne vingtaine de mètres laisse comprendre que les Suisses prennent le risque d’une attaque de la dernière chance, faisant confiance à Lichsteiner possesseur du ballon, mais qui sera contrarié par Palacio. Ainsi, entre Djourou, Shaer et Rodriguez, les trois autres défenseurs suisses, d’une part, et les deux médians défensifs Inler et Behrami, d’autre part, un large espace inhabituel où on voit presque alignés de gauche à droite, Palacio, Messi, Higuain, Di Maria. La zone démilitarisée belge est donc infestée d’ennemis.
Les joueurs et le temps
Quand Palacio chipe le ballon des pieds de Lichsteiner, il transmet illico à Messi positionné à cinq mètres du rond central. Les trois défenseurs suisses sont désemparés; Messi a le temps d’effectuer deux contrôles, se dirigeant à toute bouline vers le but suisse. Higuain s’envole se créer un trou entre Djourou et Rodriguez; Di Maria étend et bat ses ailes ; Palacio poursuit l’action. Djourou et Rodriguez sont obligés de reculer, tactique classique, tandis que Schaer sort défier Messi qui contrôle le ballon une troisième fois pour l’éviter. Deux autres contrôles suivront avant la passe décisive exactement à l’entrée du
Patrice Dumont
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