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Pourquoi exactement Raquel Pélissier ne représenterait-elle pas la femme haïtienne?

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« Raquel Pélissier représente-t-elle la femme Haitienne ? » Voilà la question qui a incendié le réseau twitter quelques heures après la cérémonie de couronnement de la Miss Univers 2016. Face à cette question, faudrait-il que l’on procède à une définition figée de la femme haïtienne ? Qui est cette femme ? A quoi ressemble-t-elle ?

Si celle-là se résume à des commères, des rôdeuses, des pouffiasses, des lorettes, des hétaïres, des gigolettes, des receleuses, des folles furieuses, et des lâcheuses: il est alors clair que Raquel n’a guère représenté la femme haïtienne. Mais s’il s’agit plutôt de de la représentation du charme, du courage, de la débrouillardise, du talent, du dévouement, de l’altruisme, de la créativité, d’une femme qui avance vers l’avenir,  elle a été dans ce cas une parfaite représentante de la descendance de Catherine Flon, de Claire-Heureuse, de Marie-Jeanne, de Henriette St-Marc, de Dédé Bazile et de Sanite Bel-Air.

Raquel Pélissier représenterait-t-elle la femme haïtienne ? À bien juger, cela constitue la moins pertinente mais la plus polémique de toutes les questions!… Belle, exquise, raffinée et éloquente, Raquel n’a rien d’une « Madan Sara » qui se bat pour l’éducation et la mangeaille de ses enfants, elle n’a rien d’une mère qui porte toute une famille sur son épaule. Non! Raquel ne reflète aucunement l’image de ces casseuses de pierres, de ces petites marchandes dans la misère, ou encore de ces servantes à la fois bafouées et humiliées.

Toutefois sur son écharpe on pouvait lire Haïti et non Colombie. Dans son discours elle parlait d’Haïti et non des États-Unis… Elle ne portait certainement pas de vêtements traditionnels haïtiens, elle n’avait pas sa tête embobinée et serrée par un mouchoir, ses cheveux dépourvus « d’allonges » n’étaient pas crépus. Elle portait le nom de famille « Pélissier », et non  « Pérez »,  « Petraus » ou  « Perault »,  représentait-elle la femme d’un autre pays?

Si la représentation qu’elle a su projeter suscite autant de questionnements, c’est parce qu’étant si gracieuse et si performante,  arrivée si loin et classée première dauphine,  elle a été (et restera) l’ambassadrice de toutes les femmes de la planète, et non uniquement de la femme haïtienne. Puisqu’enfin elle méritait d’être « Miss Universe », n’en déplaise à sa concurrente française, « Univers » est donc la seule expression pouvant la décrire.

Et à tous ceux et celles qui se sentent fiers grâce à elle, ne serait-il pas trop simpliste de crier tout court: Vive la femme haïtienne? Alors, pour la gloire d’Haïti, fille aînée de la race noire, mère de la liberté, laissons la, à travers Raquel, une autre occasions d’impressionner le monde. Vive les femmes peu éduquées qui ont pensé qu’elles devraient veiller à ce que leurs enfants aillent à l’école ! Vive les femmes qui sous un soleil de plomb et dans la saleté font mouvoir toute l’économie nationale! Vive les femmes qui, quand à la maison il n’y a rien à manger, au lieu d’injurier le père, vont elles-memes chercher le pain quotidien. Vive les femmes qui comme des guerrières ont leur peau couverte de cicatrices. Perdre  leur magnifique beauté par la rudesse de la vie était le prix à payer pour faire vivre leur foyer.

Mais vive aussi les femmes qui ont fait des études! Les femmes qui par leur savoir-faire contribuent à l’avancement de la société! Surtout, vive les femmes qui sont comme Gerty, Sarodji, Anédie et Raquel. Car à leur façon, elles se battent toutes pour représenter la femme haïtienne internationalement. Et tant que cette dernière se montrera battante et vertueuse, il restera une certitude: Raquel Pélissier dans l’âme a bel et bien personnifiée la femme haïtienne. Pour arriver à ce stade, elle s’est battue en depit des difficultés et du  manque d’accompagnement, malgré les faiblesses et les mauvaises images qui caractérisent Haïti, elle a pu aussi véhiculé des vertus auxquelles des spectateurs du monde entier ne s’attendaient pas. Des vertus telles que la foi, l’espérance, la patience, la modestie, la solidarité dans les moments cruciaux ou face à l’adversité. Des vertus qui rappellent le bon côté de l’haïtianité.

Ricardo Germain

Ricardo Germain, connu également sous le pseudonyme L’Homme A la Plume Rouge, est né un 4 décembre à Port-au-Prince et a effectué des études en Sciences Politiques et Relations Internationales. Après avoir travaillé sous contrat à terme à Anselme’s Acounting Services, au MTPTC, puis à Solutions S.A, il offre actuellement son service à une institution regalienne de l'Etat. Pour qui veut rentrer en contact avec lui, ces adresses sont donc disponibles: ge.ricardo@live.com / ge.ricardo3@gmail.com - ou sur Twitter au compte de @Ricardo_Germain.

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