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Photos | Les gangs ont défiguré le bas de la ville de Port-au-Prince

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Les dégâts sont considérables, selon quelques riverains interviewés sur place par AyiboPost

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Dans l’après-midi du dimanche 24 mars 2024, des bandits lourdement armés ont répandu des colonnes de feu, saccageant des infrastructures au bas de la ville de Port-au-Prince.

Plus d’une dizaine de dépôts, stockant entre autres des matelas, ainsi que des pharmacies et des maisons de riverains dispersées dans plusieurs rues voisines du palais et du Pénitencier national, ont subi les ravages destructeurs des flammes.

Plus de cinq artères ont été frappées par le déchaînement du feu, dont les rue Monseigneur Guilloux, de la Réunion, du Centre et de l’Enterrement, entre autres.

Rue de la réunion

Non loin du Palais national, des garages en bordure de la Rue de la Réunion sont réduits en cendres par les bandits armés. 25 mars 2024. | © Jean Feguens Regala/AyiboPost

Les dégâts sont considérables, selon quelques riverains rencontrés et interviewés par AyiboPost.

Port-au-Prince en feu

Le 25 mars 2024, un homme alertait les mécaniciens afin de sauver le seul véhicule restant dans un garage.

Michel tenait ses activités de mécanique à la Rue de la Réunion. Après les assauts des flammes, l’homme, visiblement dans la trentaine, explique à AyiboPost avoir enregistré d’énormes pertes.

«J’ai perdu mes outils de travail, des voitures que je réparais pour des clients et mes marchandises», se désole-t-il.

mécanicien

Le 25 mars 2024, un mécanicien tente de récupérer certains éléments des véhicules qui ont été incendiés par des bandits la veille.

Voiture en feu à P-au-P

Le 25 mars 2024, un mécanicien essaie de sauver quelques organes des véhicules incendiés par des bandits la veille.

Voiture incendiée P-au-P

Le 25 mars 2024, un mécanicien s’efforce de préserver certains composants des véhicules qui ont été détruits la veille par des incendies provoqués par des bandits armés.

À cause de l’insécurité, Michel avait déjà quitté en catastrophe La plaine où il élisait domicile pour établir ses quartiers dans la commune de Port-au-Prince.

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«Les bandits ont encerclé la zone. Ils ont pillé et emporté des matelas qu’il y avait dans les dépôts avant d’y mettre le feu», dit-il.

Le lendemain du drame, une odeur de brûlé stagne dans l’air et une morne désolation trône dans les artères du centre-ville.

Les rues complètement désertées laissent en spectacle des voitures réduites en amas de ferrailles carbonisées. La Rue de la Réunion déroule aussi le tableau d’un trop-plein de maisons que les volutes de fumée ont ravalé en vestiges.

Rue de l'enterrement

25 mars 2024 : vue de la Rue de la Réunion où les bandits ont mis le feu, entre autres, aux alentours de la Première Église Baptiste de Port-au-Prince.

«L’attaque a commencé vers les quatre ou cinq heures du soir», informe un riverain rencontré par AyiboPost et qui, sous le feu des détonations, n’a pas eu le temps de décliner son identité au journal.

Travaillant dans un carwash à la rue de la Réunion, l’homme déplore la situation intenable à laquelle il fait actuellement face.

«Le feu a emporté tout ce que j’avais. Je ne sais pas comment j’arriverai à continuer mes activités», tonne-t-il, la gorge nouée par une rage à peine contenue.

Les rues qui jouxtent le Palais national sont aussi vides. Quelques habitants de la zone, isolément, trimballent quelques pièces de voitures qui ont défié les flammes. À quelques encablures, d’autres personnes, valises bondées sur la tête, hâtent le pas pour tenter de mettre des kilomètres entre leurs familles et le théâtre d’un nouveau sinistre, devenu fait divers à Port-au-Prince.

Le 25 mars 2024, des citoyens ont fui le bas de la ville de Port-au-Prince en raison de l’assaut des bandits armés la veille.

Le Collège mixte les Frères Nau, plusieurs cliniques et pharmacies proches de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), ont subi la rage des flammes. Et l’École Nationale des Arts (ENARTS), l’un des plus grands centres d’enseignement artistique du pays, semble avoir été partiellement vandalisée. AyiboPost a tenté sans succès de rentrer en contact avec les responsables de l’institution.

Vehicules incendié au Champs d e Mars

Plusieurs véhicules ont été incendiés aux environs du Champ de Mars lors de la première attaque contre le commissariat de Port-au-Prince, dans la soirée du 8 mars 2024.

Ce drame au centre-ville survient dans un contexte d’attaques récurrentes perpétrées contre des quartiers et infrastructures à Port-au-Prince par la coalition de gangs dénommée «Viv ansanm», sous le leadership de l’ancien policier Jimmy «Barbecue» Chérizier.

Ministère intérieur Haiti

Le 8 mars 2024, des bandits ont tenté d’incendier le bâtiment du ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT), et le lendemain, des flammes étaient visibles sur une partie de l’édifice.

Ministère finance haiti

Les forces de l’ordre ont obstrué les rues aux environs du Palais national, constate AyiboPost le 9 mars 2024.

Habitants fuyant le champs de Mars

Le 25 mars 2024, des citoyens fuient le bas de la ville de Port-au-Prince en raison de l’assaut incendiaire des bandits armés.

Plus de 33 000 personnes ont fui leur foyer dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, selon l’Organisation internationale de la Migration (OIM).

Par Jean Feguens Regala et Junior Legrand

Image de couverture : Un mécanicien tente de récupérer certains éléments des véhicules qui ont été incendiés par des bandits le dimanche 24 mars/ Port-au-Prince. | © Jean Feguens Regala/AyiboPost


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Photojournaliste freelance à AyiboPost de mars 2023 à septembre 2024.

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