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Photos | Urgence totale à l’hôpital général en grève

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Depuis le 21 février 2022, l’hôpital de l’université d’État d’Haïti est en grève. Ce sont les membres du syndicat de l’hôpital qui ont lancé ce mouvement, de concert avec la fédération nationale haïtienne des travailleurs de santé. Ils protestent contre les difficultés qu’ils rencontrent au jour le jour, pour faire fonctionner cet hôpital qui est en manque de tout.

Les revendications du personnel sur les murs de l’hôpital. Les grévistes annoncent une nouvelle phase dans leurs protestations, le lundi 14 mars 2022.

Mais les employés se plaignent aussi d’être traités en parents pauvres par l’État. Selon Maria Louise Alda Bien-Aimé, secrétaire générale du syndicat de l’institution, des négociations ont été initiées avec le gouvernement. Leurs nombreuses revendications sont jusque-là tombées dans des oreilles de sourds, selon elle. « Nous exigeons 60 000 gourdes comme salaire de base, dit-elle. Il y a aussi la carte de débit qui n’est pas alimentée depuis dix-neuf mois. Tant que nos exigences ne seront pas satisfaites, la grève perdurera. »

Certains membres du Syndicat de l’hôpital, à l’origine de la grève.

Le plafond du plus grand centre hospitalier haïtien.

L’hôpital général fonctionnait déjà dans une situation lamentable, indigne du plus grand hôpital public du pays. Saleté, odeurs nauséabondes, matériels inexistants, absence d’électricité. Cette grève, qui n’est pas la première, laisse des patients dans une situation encore plus compliquée.

Il n’y a plus personne aux urgences, car les médecins ont renvoyé les malades qui y étaient. Mais pour d’autres patients, se déplacer est impossible. Ils restent dans les locaux de l’hôpital, sans assistance, sinon celle de quelques missionnaires chrétiens qui passent parfois pour s’occuper d’eux.

Dans une des chambres, un enfant allongé sur un lit s’amuse avec sa tablette. Il n’y a pas souvent l’électricité à l’hôpital général.

Dans une autre chambre, plusieurs malades dont l’état est assez grave se plaignent de ne pas recevoir la visite de médecins.

Cet espace est utilisé par parents et malades pour leurs besoins personnels. Depuis le début de la grève, les membres du syndicat ont fermé à clé les toilettes de l’hôpital.

Juste en face des toilettes et des douches, fermées par le personnel gréviste, se trouve un amas de détritus.

« Nous n’avons rien à leur offrir, mais grâce à la prière ils iront mieux », disent des missionnaires qui vont chaque jour prier à l’hôpital

Dans la section pédiatrique, une femme seule réconforte son bébé malade.

Maria Louise Alda Bien-Aimé en est consciente et se dit désolée. « Nous nous excusons auprès de la population, dit-elle. Il y a beaucoup de personnes qui n’ont pas les moyens d’aller ailleurs. Nous avons aussi trois prisonniers parmi les patients, et personne ne peut s’occuper d’eux. »

Joseph Nicolas, 64 ans, est l’un de ces prisonniers. Il est au pénitencier depuis 2011. Par erreur, assure-t-il. Mais, il est constamment malade et depuis janvier 2021 il se trouve à l’hôpital. « Ma femme et mes petits-fils ne savent rien de moi, dit-il. Je suis abandonné ici. Je ne reçois aucun soin, et même pour la nourriture, c’est un autre malade qui m’apportait un peu de ce qu’il avait pu prélever de son propre repas. »

Jeanty Franer est un jeune homme arrêté par la police nationale d’Haïti le 28 avril 2020. Tombé malade, il a été emmené à l’HUEH. Tout son corps se gonfle un peu plus chaque jour. Comme les autres prisonniers, il est enchaîné à son lit d’hôpital.

Édouard Dieudonné, hospitalisé depuis plus d’un mois, il doit subir deux opérations, mais à cause de la grève, aucune des interventions n’a encore eu lieu

Les draps sont sales et remplis de punaises, à en croire des déclarations d’autres malades. Les toits sont troués et laissent passer l’eau de pluie. Pourtant, depuis 2010 un nouveau bâtiment est en train d’être construit pour héberger l’hôpital. Douze ans après, les patients de l’hôpital ne sont toujours pas traités avec dignité, par manque de moyens, de matériels et de personnels.

Bien que la fumée dégagée par ce produit soit nocive pour la santé, certains patients sont obligés d’en faire usage à cause des moustiques. Beaucoup se plaignent aussi que les lits, dont les draps sont sales, sont infestés de punaises.

Cela fait plus de dix ans que le nouveau bâtiment de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti est en construction.

Image de couverture : Une dame est abandonnée par sa famille à l’hôpital. Seule sur son lit de fortune, elle gère tout. Carvens Adelson/AyiboPost

Photos : Carvens Adelson/AyiboPost

Photographe à AyiboPost depuis septembre 2021, Carvens Adelson pratique également le montage vidéo, le graphisme et demeure un passionné des films documentaires. Il a suivi une formation en photojournalisme avec le collectif K2D en 2019.

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