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Phanord veut faire marcher tous les enfants handicapés d’Haïti

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Phanord Donnecks assiste son grand frère, Guy Théodore, amputé des deux jambes depuis l’âge de trois ans. Un après-midi, il est obligé de ramener son frère en taxi qui a perdu sa prothèse en pleine rue. Cet accident conduira Phanord vers la passion et l’institution qui sera désormais au centre de sa vie.

 

Dès son plus jeune âge, Phanord est témoin des difficultés qu’affrontait son grand frère handicapé. Très tôt, il a fait le choix du métier d’orthoprothésiste* pour combler les besoins de son frère et ceux de la communauté des personnes à mobilité réduite. Aujourd’hui son histoire est liée à celle de Saint Vincent, l’institution qui fabrique le matériel nécessaire aux personnes vivant avec un handicap en Haïti.

C’est à Saint Vincent qu’il a fait ses débuts dans le métier avant d’approfondir son savoir-faire à travers différentes formations en Haïti et à l’étranger. L’institution a pourvu à sa formation professionnelle et à l’épanouissement de sa carrière. Il est l’une des rares personnes à exercer le métier d’orthoprothésiste en Haïti. « Il serait intéressant que l’Etat encourage les jeunes à s’orienter dans cette filière qui manque tellement de compétences », souhaite-t-il.

Sauver Saint Vincent

Saint Vincent est actuellement dans une situation difficile. Alors que le nombre de patients augmente, elle doit fait face à une grave pénurie de matériel et de personnes de soutien. « De nombreux enfants naissent avec une déformation congénitale et chaque jour des gens sont amputés à cause des accidents et des complication liés au diabète », souligne l’orthoprothésiste. Ainsi, chaque jour, les demandes en prothèses* et en orthèses* augmentent à Saint Vincent qui peine à y répondre convenablement. Les intrants, approvisionnés en général à l’étranger, coûtent cher. Saint Vincent doit toutefois répondre à la demande continuelle d’une clientèle aux moyens économiques très limités.

Après le séisme du 12 janvier 2010, qui a causé plus de 200 000 morts, Saint Vincent recevait beaucoup de dons de partenaires étrangers. « Nous bénéficions surtout des largesses d’amis des Etats-Unis », précise Phanord Donnecks. Sept ans plus tard, la donne a changé; Saint Vincent reçoit l’aide au compte-goutte et les donateurs haïtiens se font rares. Tout en réaffirmant son amour pour son métier et son soutien aux personnes en situation d’handicap, Phanord lance un appel à la générosité de tous ceux capables d’apporter leur aide à Saint Vincent. « Nous avons toujours besoin de l’aide des étrangers. Mais je reste convaincu qu’il existe des Haïtiens généreux qui comprendront le travail que fait Saint Vincent », lance-t-il avec optimisme. « Saint Vincent ne doit pas mourir », insiste-t-il.

En plus d’un atelier spécialisé dans la fabrication de prothèses et d’orthèses, Saint Vincent dispose d’une école qui accueille les enfants en situation d’handicap. La pension de Saint Vincent héberge des enfants handicapés pour la plupart abandonnés par leurs parents.  Son local au centre ville de Port-au-Prince qui a été effondré durant le séisme de 2010 n’est pas encore reconstruit.

Le Centre Saint-Vincent connait actuellement d’énormes difficultés financières. L’équipe éditoriale d’Ayibopost encourage celles et ceux qui le peuvent à contribuer à la survie de l’institution, notamment l’atelier de fabrication de prothèse et d’orthèse en contribuant à leur campagne « Gofundme.com »

 

*L’orthoprothésiste est le spécialiste des prothèses (appareils remplaçant un membre amputé ou absent) et des orthèses (appareils suppléant une déficience osseuse, musculaire ou neurologique).

La rédaction de Ayibopost

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