La République Bolivarienne du Venezuela est assise sur un baril de poudre et les 2 parties en conflit font semblant de ne rien comprendre. Le Président Nicolas Maduro joue la carte de la provocation avec cette histoire d’assemblée constituante, et l’opposition construit son argumentaire sur le pourrissement de la situation socio-économique pour gagner des points dans l’opinion publique.
Entre temps, le Vénézuela avec les premières réserves mondiales de pétrole est à l’agonie et son économie est sous respiration artificielle. Le régime chaviste a perdu une grande partie de son soutien populaire et le pays est plus que jamais divisé. Entre Maduro qui serre les boulons et son pouvoir qui prend des allures autoritaires et l’opposition « jusqu’au-boutiste », une solution consensuelle devient de plus en plus douteuse.
A y regarder de plus près, les leviers, pour une résolution pacifique de la crise, commencent à manquer:
1- L’Organisation des États Américains (OEA), avec Luis Almagro comme Secrétaire Général, est persona non grata au Palais de Miraflores (Siège de la Présidence) à Caracas. Donc une médiation de l’OEA dans les discussions est quasi-impossible.
2- La CELAC (Communauté des États de l’Amérique Latine et des Caraïbes) ne dispose pas de structure adéquate et de toute manière l’opposition n’en voudra pas.
3- Le Brésil de Michel Témer doit balayer devant sa porte avant de faire la leçon à Caracas et donc de fait le Mercosur est hors jeu tandis que l’UNASUR s’est mis en retrait.
4- Le Président Donald Trump et les américains en général sont beaucoup trop proches de l’opposition pour être crédible comme intermédiaires.
5- L’église catholique (tout au moins sa branche locale) a déjà un « parti pris » et donc ne peut pas jouer le rôle de médiateur.
6- Les médiateurs Leonel Fernández, Martin Erasto Torrijos & co n’ont pratiquement plus rien à proposer vu l’état de pourrissement de la situation.
Au final, en faisant bien le compte, il ne reste plus grand monde. A moins que les deux parties se trouvent subitement une raison de mettre le Venezuela au dessus de tout et signent un Accord politique de sortie de crise, l’armée reste la seule en mesure d’imposer une solution.
Néanmoins, les militaires (jusqu’ici fidèles au régime chaviste) ne sont pas très bons avec les palabres et ne feront certainement pas bon ménages avec la démocratie. Il faut aussi rappeler qu’en cas de Coup d’état, le Vénézuela risque gros conformément à l’article 21 de la Charte démocratique interaméricaine qui précise et je cite: « Lorsque l’Assemblée générale, réunie en Session extraordinaire, vérifie qu’il y a eu une interruption inconstitutionnelle de l’ordre démocratique dans un État membre et que les démarches diplomatiques se sont révélées infructueuses, à la lumière de la Charte de l’OEA, elle décidera de la suspension de l’exercice par cet État membre de son droit de participation à l’OEA, par le vote affirmatif des deux tiers des États membres. La suspension prend effet immédiatement ».
Le Vénézuela est dans l’impasse.
Fernando ESTIME
Directeur de recherche à la L’Ouverture Institute for Diplomacy and Global Affairs,
Professeur de Relations Internationales et d’Organisations Internationales,
E-mail: fernandy19@hotmail.com
Image: Jean-Marc Hervé Abelard
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