AYIBOSPORTSPORT

Non, ce n’est pas la faute au carton rouge !

0
Une réponse à l’article de Patrice Dumont « En finir avec l’infériorité numérique » publié le 8 septembre 2014.

La loi d’expulsion de joueurs reste un mal nécessaire dans le football. Et en cela, elle n’est pas plus injuste ni plus maudite que les autres lois. Si elle contraint une équipe à l’infériorité numérique, elle ne la condamne pas à la défaite pour autant. Une équipe réduite dispose certes de moins de moyens mais tout comme une personne privée d’un bras ou d’une jambe, rien ne lui empêche d’évoluer, de marquer des buts, de se défendre ni de plaire par son beau jeu.

Il est vrai que l’expulsion d’un joueur peut sévèrement paralyser une équipe mais, n’exagérons pas, elle ne doit pas être comparée à une peine de mort. Un carton rouge peut certes changer du tout au tout le cours et la balance d’un match. Mais il ne constitue en rien une fatalité pour l’équipe fautive. En effet, lors de la finale du Mondial 98, l’expulsion de Dessailly à la 67’ n’avait pas empêché à la France menant 2–0 contre le Brésil de conserver le score avant de l’aggraver dans les temps additionnels.

Oui, la loi d’expulsion de joueurs est dure, dommageable, mais étant donné quelle sanctionne des comportements et des actes extrêmes, préalablement interdits (selon le principe que tout n’est pas permis dans la vie civile comme sur un terrain de jeu), son caractère extrémiste ne le rend ni injuste, ni maudit. Le football ne perd pas son essence sportive par la sanction ou plutôt le rappel à la discipline mais bien par les fautes. À moins que l’on ne tienne uniquement compte du plaisir du spectacteur et non du jeu. Mais même là, point de fatalité: le rebondissant quart de final Argentine-Angleterre en 98 avait-il perdu ses charmes après l’expulsion de David Beckham?

L’infériorité numérique peut au meme titre qu’un climat défavorable, un terrain devenu impratiquable, la blessure d’un joueur de premier plan être une belle excuse pour une équipe perdante… car ces événements exceptionnels sont souvent déterminants dans  un match. Mais, contrairement aux cas énumérés, l’infériorité numérique, puisqu’elle découle d’actes volontaires irréguliers, ne doit pas être vue comme un biais pour l’appréciation des équipes. Bien au contraire, elle doit être vue comme un indice en soi, un fait regrettable mais non moins important au cours d’une partie… Car aussi précis soient-ils dans leur évaluation, les instruments de mesure en football (même le score) ont chacun leurs limites. Et ce n’est pas la faute au carton rouge!

D’ailleurs, tout comme aucune photographie ne peut témoigner avec précision 90 minutes d’action, aucune feuille de match rassemblant les meilleurs instruments de mesure ne peuvent garantir la nette appréciation d’un match. Il serait alors bien osé de croire les statistiques d’une seule rencontre capables d’évaluer des équipes pour une période donnée.

Il faudra plus qu’un match amical pour évaluer le niveau du Brésil et de la Colombie après le Mondial. Non pas parce qu’il eut dans leur affrontement une expulsion mais tout simplement parce que fort souvent un seul match ne suffit pas.

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *