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[M]ichaëlle Jean a réussi le pari. Celui de sa désignation comme Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF),
Michaëlle Jean, canadienne d’origine haïtienne, accède donc à ce poste de prestige suite au consensus trouvé par les dignitaires des pays ayant le français en partage. Fille d’Haïti, ayant fui la dictature des Duvalier à l’âge de 11 ans avec sa famille, elle a su trouver en sa terre d’accueil, sa terre d’exil : le Canada, la sève dont elle avait besoin – sans même le savoir – pour atteindre les sommets et graver son nom à jamais dans l’Histoire. Après Mia Love, Dany Laferrière, René Depestre et tant d’autres, nous sommes tentés de nous demander, encore une fois, s’il faut nécessairement sortir de cette terre d’Haïti pour s’accomplir en tant qu’individu et réaliser sa mission de vie ?
Les dossiers qui attendent la nouvelle Secrétaire Générale sont nombreux. Elle a beaucoup axé sa campagne sur la francophonie économique… mais force est de constater que les pays du Commonwealth, en Afrique ou ailleurs, réussissent mieux que ceux de l’espace francophone. Dans le cercle très fermé du G20, qui réunit les pays industrialisés et émergents, seulement deux d’entre eux sont francophones, à savoir le Canada et la France. Autre ironie : en dépit de la volonté affichée de faire de la Francophonie une force économique, le budget annuel de l’OIF d’un montant de 84 millions d’euros, revu à la baisse, souffre d’un sérieux problème de financement et ne dispose nullement des moyens de sa politique.
D’autre part, Michaëlle Jean, canadienne aura beaucoup à faire pour atténuer le courroux de certains chefs d’Etats de la Francophonie à l’égard de l’attitude du Canada ces derniers mois dans plusieurs dossiers internationaux. le Canada conservateur de Stephen Harper est un des mauvais élèves en matière de lutte contre le réchauffement climatique, une des thématiques de choix de l’OIF qui a lancé depuis janvier 2011 le premier réseau d’experts francophones « genre et changement climatique ». Il faut aussi noter que la France a été officiellement nommée pays hôte de la 21e conférence climat en 2015.
Dans un autre registre, il faut souligner que le Canada a décidé de refuser l’entrée de voyageurs provenant des pays affectés par l’épidémie d’Ebola, dont beaucoup sont de l’Afrique francophone, ce qui a provoqué la colère de l’OMS et des pays concernés.
Michaëlle Jean a déclaré lors de la conférence de presse de clôture: « On ne remplace pas Adbou Diouf, on lui succède ». La tâche sera en effet ardue quand il faudra « jouer les intermédiaires » surtout dans les crises africaines. 2015 est l’année de tous les dangers. Les évènements déroulés en Burkina Faso pourraient avoir un effet domino si d’aventure certains comme le congolais, Joseph Kabila ou encore le président Denis Sassou Nguesso seraient tentés de faire sauter leurs verrous constitutionnels respectifs concernant la limitation des mandats présidentiels. Il faudra aussi beaucoup de doigté dans le dossier haïtien où le leadership et la crédibilité du président Martelly fondent comme neige au soleil. En Europe, même si l’OIF ne peut se permettre aucune ingérence dans les affaires internes, il faudra être sensible à la montée « des extrêmes » de part et d’autre en contradiction totale avec le projet de la francophonie.
Michaëlle Jean aura donc fort à faire pendant ces 4 prochaines années. Les chefs d’Etat qui ont décidé par consensus de sa nomination le savent aussi. Elle a donc toute leur confiance pour conduire la francophonie vers de nouvelles victoires.
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