Un choix qui correspond au vœu d’une grande puissance
Une unanimité qui sera toujours entachée de suspicion. Un choix qui correspond au vœu, d’aucuns diraient au diktat, d’une grande puissance. « Compétence technique », là où il s’agit de rétablir le politique dans ses droits. Et ce qui fait la preuve de la « compétence technique », c’est d’avoir travaillé à l’étranger, pour l’étranger. Suspicion… Crainte d’un pilotage automatique orchestré ailleurs, un ailleurs qui nous lance ses drones et ses robots. Mais le temps nous dira…
Sans parler d’incompétence ni de défense d’intérêts de groupes particuliers, on peut interroger le degré de compétence sociale, de sensibilité à la réalité haïtienne, du Premier ministre choisi. On peut donc espérer que les ministres compenseront, et que le Conseil présidentiel veillera. Il faudra pour cela des ministres bien imbus des problèmes de leurs secteurs et de la réalité globale.
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On a le droit d’avoir peur que la priorité soit accordée à cette obsession suspecte d’une réforme constitutionnelle, plutôt qu’à la lutte contre des souffrances humaines inacceptables. On a le droit d’avoir peur que l’État en vienne à fonctionner comme une agence avec une mission et des objectifs sans lien avec la résolution des problèmes réels.
On a le droit d’avoir peur et le devoir de lancer des appels constants à la nécessaire vigilance citoyenne afin que les affaires du pays n’échappent pas au pays. Les bordels installés dans tous les domaines, on peut penser par exemple à ceux de la santé et de l’éducation, sont tels que les corrections nécessaires réclament une intelligence politique, le choix de priorités en fonction des problèmes concrets, et non la froideur de technocrates appliquant les leçons d’un manuel ou reproduisant un modèle.
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La mission du gouvernement ne saurait être de faire patienter la population jusqu’aux élections, en se contentant d’effectuer les aménagements souhaités par « L » international ».
C’est à une continuité que les masses populaires urbaines se sont opposées. Il ne faudrait pas que le futur gouvernement fasse si mal que les protestations redeviennent massives et qu’il se trouve obligé pour se maintenir d’avoir recours à la répression.
Il faut aujourd’hui même du nouveau.
La mission du gouvernement ne saurait être de faire patienter la population jusqu’aux élections, en se contentant d’effectuer les aménagements souhaités par « L » international »
Mais soyons optimistes. Attendons les mesures et leur application. Exerçons ce faisant notre devoir de veille. Car le Premier ministre avait dans les discours de promotion qui accompagnaient sa candidature des voix qui peuvent faire peur. Et depuis qu’il a été nommé, rarement homme politique aura-t-il eu autant d’amis. On prend déjà l’odeur des mille et un rapaces qui vont se battre pour leur part.
Et « l’international » qui n’a besoin que d’apparence, toute parodie lui conviendra.
C’est contre beaucoup de monde qu’il nous faudra veiller au grain.
Par Lyonel Trouillot
Image de couverture éditée par AyiboPost montrant le premier ministre nommé: Garry Conille.
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